Partie 3 : Argo Navis! Les Armures du
Destin
Chapitre 9 : Ténèbres, encore et toujours... - Yami, mata, soshite eien
ni...
Un bastion constitué de minerai rouge. Une matière à
mi-chemin entre la pierre et le métal, luisante comme le rubis, mais semblant
suinter d'un liquide qui évoque au premier coup d'oeil le sang.
Telle est la forteresse d'Arès, le bastion où celui qui a
juré de déclencher l'Apocalypse se tient.
Face à l'une des portes béantes, se tiennent Athéna et
Poséïdon, parés de leurs armures. Et à leur suite, quatre hommes, vêtus
d'armures dorées, appelées Ecailles d'Or. Ils portent également chacun une arme
dorée brillant d'un éclat divin, les Armes de la Balance. En tout, deux lances
et deux tongfa.
Kraken. Sirène Maléfique. Dragon des Mers. Chrysaor.
Trois d'entre eux viennent de recevoir leurs Ecailles, et de jurer fidélité à
Poséïdon.
Alors que les quatre hommes, semblables à des demi dieux
parés d'or, échangent un regard déterminé, acquiesçant à la même interrogation
muette, les portes de métal, les immenses battants rouge sang s'ouvrent
enfin...
"Je ne sens plus le cosmos de Shaka... Il a du
être..."
Sergueï ne parvient pas à achever sa phrase. Le plus
puissant des Chevaliers d'Or a été mis hors course, et avec cela, c'est déja
une partie de la tactique d'Athéna qui s'effondre.
"Je prie pour que nous arrivions aux Généraux Démoniaques... Dohko,
Camus, Aiolos, Saga, Kanon... Nous avons besoin de vous plus que
jamais..."
-"Ne t'en fais donc pas pour eux... Ils accompliront
leur devoir, quoi qu'il arrive..."
C'est en ces mots que le clairvoyant Poséïdon, lisant
clair en son général en chef, calme ses inquiétudes. Son regard ne s'est pas
détourné des portes de métal, qu'il fixe d'un regard sévère. Même s'il ne le
montre pas, lui, le Dieu des Océans, il craint ce qu'Arès a préparé. Et c'est
avec un léger sursaut qu'il voit une cohorte de Berserkers apparaître derrière
les pans de métal.
"Des Berserkers... Pft..."
L'Empereur des Mers chuchotte presque ces mots, y
ajoutant un soupir de dédain, alors que ses yeux se ferment, et que se traits
se crispent, signe de fureur contenue.
"Nous avons vaincu tes Maîtres d'Armes, et tu nous
envoies encore de la piétaille..."
Alexer lui-même semble effrayé de voir le poing de
l'Empereur trembler... de rage.
"ARES!
JUSQU'A QUAND TE MOQUERAS-TU AINSI DE NOUS ?!"
Relevant la tête, comme pour faire face à la tour plantée
au centre de cet édifice guerrier, c'est la voix d'un Dieu omnipotent qui
s'adresse directement à un autre. Une voix qui résonne dans l'espace entier...
Pour seule réponse, un ricanement sinistre retentit du
rempart... Accompagné d'un son macabre... Une lyre... Le plus effrayant n'était
pas le ton sombre de cette musique, mais le fait qu'elle était mélodieuse...
Tel un requiem sombre qui emporte l'âme vers les abysses...
"Qui est là ?!"
Sergueï lacha cette interrogation, à la fois surpris et
méfiant. Accompagnant la mélodie, une dizaine d'hommes en armure sanglante
légère, équipés d'instruments faits dans le même métal, apparurent. Un regard
rapide permit de voir que ces soldats étaient équipés de trompettes de guerre.
Et que devant eux se tenait un être en armure noire, paré d'une cape. L'armure
aurait été une Armure d'Argent, si elle n'avait pas cette couleur sombre. Ce
dernier se contentait de fixer les arrivants du haut du rempart, un sourire
mauvais sur les lèvres. Et d'un même geste, ils portèrent leurs instruments à
la bouche, et libérèrent la macabre tonalité de leurs instruments guerriers.
-"Non..." souffla Sorento. Ce dernier venait de
comprendre.
-"Les trompettes de guerre d'Arès...!" fit
Shiva.
Et comme portés par ce son, d'un même éclat, la lueur de
furie s'alluma dans les yeux des Berserkers...
L'assaut des combattants du Dieu de la Guerre fut
instantané, en un rugissement de fauve monstrueux.
Le bruit rapide d'un combat, où les techniques ne sont
même pas déployées. Un assaut physique simple, coups de pied, de poing
s'échangent.
Et soudain, une simple note suffit à briser l'assaut. Une
note, puis une mélodie. Le son d'une flute. C'est bien le taciturne Sorento qui
par sa seule cosmoénergie vient d'étouffer le son macabre. Les Berserkers
sentent la volonté de combattre quitter leurs corps, à mesure que la douleur
les submerge, privés de la folie furieuse.
Un sourire qui s'élargit, signe de satisfaction. C'est
bien le mystérieux combattant en Armure Noire qui vient de constater la valeur
de ses adversaires. Et une fraction de seconde, la cohorte a été repoussée...
Chaque Berserker git au sol, mort.
Les quatre guerriers arborent un regard fier, mais
visiblement, ces demi dieux se sentent insultés. Insultés qu'on leur envoie de
simples Berserkers.
"Je vois... Sorento, c'est cela ?"
Enfin le mystérieux Chevalier Noir vient de parler. D'un bond, il vient de
quitter le rempart, et d'atterrir au sol, tenant sa lyre dans ses mains.
Sorento semble surpris. Non pas parce que son adversaire connaît son nom, mais
par ce qu'il ressent autour de son adversaire... Les ténèbres à l'état pur.
Même son visage semble masqué par les ténèbres et par le diadème de l'armure
noire qu'il porte.
-"Et qui es-tu donc, ténébreux Chevalier à la Lyre
?"
Ces mots sont calmes, n'indiquant à aucun instant les
émotions habitant le Mariner de la Sirène.
-"Je suis Erebe... Chevalier Noir de la Lyre...
Seigneur d'Azura et depuis peu Commandant de l'Armée des Ombres..."
-"Je vois... C'est donc cela cette sensation que
j'ai ressentie en te voyant... Tu es comme Keith de l'Aulos..."
-"Mes informateurs ne se sont donc pas trompés... Tu
l'as donc vaincu..."
Sorento se tourne un instant vers ses compagnons.
"Cet homme sera mon adversaire. Avancez jusqu'aux
tours des Généraux Démoniaques!"
Alexer s'interpose alors, voyant un nouvel obstacle au
plan de bataille échafaudé.
-"C'est trop dangereux! Et si tu étais vaincu ?!
Rappelle-toi ce que nous avions décidé! Nous ne serons pas trop de quatre pour
aider leurs Majestés Athéna et Poséïdon!"
Il est des évènements rares, et tellement pleins de sens,
qu'ils restent gravés longtemps dans les mémoires. Le regard de Sorento venait
de se durcir, et c'est un regard noir qu'il lança à Alexer. Voir ce regard dans
les yeux de Sorento, le voir tenir à combattre personnellement un adversaire
étaient de ces évènements. Cela décontenança un instant Alexer, mais il n'en
démordit point pour autant.
"Sorento...!"
-"ALEXER !"
C'est l'ordre de Sergueï qui vient de couper court à
toute discussion. Pour Alexer, cet ordre n'est pas celui d'un supérieur, mais
de quelqu'un qui a gardé la tête froide. Et même s'il a du mal à l'admettre,
Sergueï a raison. C'est à contre coeur qu'il se tourne vers les portes grandes
ouvertes.
(Sergueï) -"Même si nous ne sommes que trois
face aux Généraux Démoniaques... Cela reste suffisant. Et de plus, ne doute pas
de Sorento... Si nous doutons maintenant, tout ce que nous avons fait n'aura
servi à rien!"
(Alexer) -"... Bien..."
Alexer vient de comprendre la stratégie de Sergueï... En
ultime recours, il leur reste la fusion de leurs trois cosmos en une attaque...
"Oui... En ultime recours... Nous pourrions..."
Nénamoins il ne préféra pas finir cette pensée. Se
concentrant comme le reste du groupe vers le but à atteindre, il reprit sa
route.
"Sorento... Tache de survivre."
Ces mots furent bien prononcés par l'Empereur des Mers,
mais Sorento reconnut en eux l'amitié que Julian Solo lui portait. Surpris une
fraction de seconde, comme si une bouffée de chaleur montait en lui, il
acquiesça silencieusement.
Bien vite, comme si le bastion avalait ceux qui entraient
en son sein, les portes de métal se refermèrent... Laissant les deux
combattants face à face, devant la muraille de l'imprenable forteresse d'Arès.
Seule la poussière projetée par le vent faisait que la scène n'était pas figée.
Chacun des deux hommes s'observait.
"C'est étrange... Tu as été entraîné sur l'Ile de la
Mort, mais je ressens quelque chose de totalement différent... Par rapport aux
autres Chevaliers Noirs... Tout ton être dégage cette sensation... Les
ténèbres..."
D'une voix mélodieuse, et calme, bien que dissimulant une
once de curiosité, Sorento vient de prononcer ces mots. Malgré l'apparence
anodine du dialogue, le combat a déja commencé.
-"C'est cela, Général de la Sirène... Plus encore
que les Chevaliers Noirs, mon être est constitué de ténèbres... Contrairement à
tout ce que vous pensez, les ténèbres ne sont pas réellement un élément à part
entière... Ils peuvent exister en tant que tel, mais il s'agit plutot d'un
concept qui s'associe à divers éléments de la réalité..."
A aucun instant le dénommé Erebe de la Lyre ne s'était
départi de son sourire moqueur, et de son air supérieur. Sorento fronça les
sourcils, comprenant la vérité dans ses mots...
"Jared de Pégase... Alors il associe cette horreur... Ce pouvoir... à
ses coups pour créer la Mort Noire ? Il se sert des ténèbres pour corrompre la
réalité ?! C'est cela son secret ?"
-"Hin hin hin... Tout à fait. La Mort Noire obéit
exactement à ce principe." répondit le Chevalier Noir.
Sorento tiqua, restant un instant bouche bée, comprenant
le terrible pouvoir mental de son adversaire. Ses pensées avaient été lues tel
un livre ouvert. Erebe semblait toujours confiant, certain de connaître à
l'avance les pensées de son adversaire.
"Et lui-même... Il semble totalement constitué de... de cette chose...
Comme s'il n'était plus humain... Oui... C'est exactement ça que j'ai ressenti
en Jared et en Garn... Leur vie... brûle d'une flamme... noire..."
Dans son esprit s'imposait l'image d'un immense brasier
noir, où il jurait voir la silhouette des trois guerriers d'Arès, disposés en
un triangle démoniaque. Et au centre de ces flammes de ténèbres, brûlait
quelque chose d'à la fois apeurant, écoeurant et pourtant paradoxalement
hypnotisant... Se sentant comme absorbé par cette obscurité, Sorento eut un
haut le coeur, revenant à la réalité, haletant.
"Qu'il est doux de voir ton âme s'ébattre ainsi, à
chercher une réponse qu'elle ne peut même pas envisager et qu'elle fait tout
pour fuir... Avant de te tuer, je vais te révéler la vérité... Mais cela ne
t'apportera aucunement le repos... Au
contraire, ton âme continuera encore de souffrir après la mort..."
Une étincelle de folie s'était allumée dans le regard du
Chevalier Noir, disparaissant aussi tôt.
"Les Chevaliers Noirs, les Berserkers, ont tous été
crées dans le but de mener le monde à l'ultime chaos... Et pour cela, quelques
rares élus ont reçu une force qui dépasse l'entendement... Très peu sont
capables de s'y éveiller... Jared, Garn et moi en faisions partie. Cette force,
tu l'as deviné, il s'agit de ces 'ténèbres' qui sont une part de notre
être..."
"Il existe une anomalie dans cet univers, quelque
chose qui est supposé ne pas exister... Et dont la seule présence suffit à
violer la trame de la réalité, de l'espace et du temps, provoquant un
dégagement d'énergie inimaginable... La force du chaos à l'état pur!"
Sorento sentit son sang se glacer, comprenant enfin.
-"...! Non... L'anti-matière ?! Mais alors, tu veux
dire que..."
-"Oui. La forme de cosmoénergie à laquelle nous
sommes éveillés... Au delà du simple cosmos, existe un pouvoir qui n'est autre
que l'anti-cosmos... Dévorant la réalité, corrompant la matière, cette force et
ce savoir nous ont été donnés par un être dont l'existence est sur le même plan
que le Seigneur Arès..."
-"Un être qui est sur le même plan d'existence
qu'Arès ?! Mais de quoi parles-tu ?"
-"Hin... Inutile de te le dire, tu ne comprendrais
probablement pas... Ton esprit se noierait et disparaîtrait dans la mer des
ténèbres avant que tu commences à entrevoir la vérité... Mais sache seulement
qu'il peut rivaliser avec Arès..."
'Plus profond que les ténèbres de l'Hadès... Plus froid que la mort
elle-même... Il est celui qui règne sur la Nuit Eternelle...'
Sorento tiqua. Ces mots semblaient prononcés avec une
intonation particulière, comme si... comme si plus encore que de décrire une
force, ils tentaient de l'appeler, de l'invoquer... Ces mots étaient presque
ceux d'un fanatique, d'un prêtre invoquant un Dieu.
-"Et l'usage de sa force, l'usage de ce pouvoir des
ténèbres dans cet univers fait de cosmos et de matière... provoque l'explosion
de la force du chaos..."
Dire que Sorento était abasourdi était un euphémisme. Sa
conception de la réalité venait de s'effondrer en un instant. Et le fait qu'il
n'ait pas réalisé avant la vérité que venait de lui énoncer Erebe amplifiait
son désespoir.
-"... Si ce que tu dis est vrai, ta défaite sera une
bénédiction pour l'humanité... Il m'est totalement impensable qu'un humain aie
pu renier à ce point sa propre nature..."
La colère perçait dans la voix fluide et douce du Mariner.
-"A vrai dire... Du temps où j'étais encore un être
humain ordinaire, je n'avais pas souhaité cette transformation... Mais j'ai
fini par accepter que c'était mon destin... Et je ne le regrette pour rien au
monde..."
Sorento peinait à garder son calme et sa froideur face à
son adversaire. Dissimuler ses émotions était sa spécialité, et pourtant il
luttait. Il se sentait sur le point de céder à chaque instant.
-"Mais alors... Qui donc sers-tu ? Arès... ou
bien..."
Le Mariner ne trouvait pas ses mots, trahissant son
hésitation et son doute. Cela amusait grandement Erebe, le mystérieux Chevalier
Noir, celui qui n'était désormais plus un être humain ordinaire.
-"'Plus
sombre que le crépuscule, plus écarlate que le sang... Il règne sur la Guerre
et la Destruction.'
"Ces mots sont ceux qui appelent le Seigneur de la
Guerre, Arès... Oui, je lui ai juré fidélité... Car il poursuit lui aussi le
but que nous nous sommes fixés... Atteindre l'ultime chaos..."
-"C'est effectivement ce que chaque Berserker que
nous avons vaincu prétendait..."
L'ultime chaos. Sorento connaissait le sens de ces mots.
Mais il n'arrivait pas encore à l'accepter...
-"Comme tu le sais, le monde et l'univers sont nés
du chaos... Je ne connais pas exactement les intentions d'Arès, mais il est
question de purifier l'humanité de sa faiblesse... Pour la voir renaître plus
forte, enfin capable de combattre par elle-même ceux qui l'oppressent!"
Ces mêmes mots avaient été prononcés devant Athéna il y a
quelques heures par un autre homme. Mot pour mot cela avait été le discours
tenu par le Général Arzan, ou par Arès, à Athéna... Cette fois Sorento se
contenta d'accepter les faits, fermant les yeux, comme pour acquiescer. Le
doute sur les intentions d'Arès n'était plus permis...
-"L'humanité a probablement besoin d'évoluer... Mais
j'ai fini par comprendre. Grâce à Shun d'Andromède... que cela n'était pas la
solution... D'un simple massacre, d'une annihilation totale ne naîtra rien de
bon... La destruction aveugle appelle plus encore de destruction, quel que soit
le nom qu'on lui donne."
A ces mots, Sorento laissa tomber au sol le tongfa doré
qu'il tenait dans son autre main. Le Chevalier Noir fixa l'arme d'un regard
neutre un instant. C'était une arme puissante, qui aurait pu faire pencher la
balance dans le combat. L'ironie de la situation ne lui échappa pas.
-"Hin! Tu insinues donc que tu renonces au combat
?" moqua le Chevalier Noir à ce geste.
Cette fois Sorento plongea son regard dans celui de son
adversaire, affichant toute sa détermination. Le doute s'était évanoui de son
esprit.
-"C'est toi qui ne comprends pas, Erebe... Ne
confonds pas pacifisme et non violence... L'annihilation totale n'est pas une
solution, c'est bien ce que j'ai dit... Mais face au véritable démon, face au
mal absolu, l'annihilation est hélas la seule solution. Et tu viens de m'en
convaincre... Bien que j'abhorre la violence, je souhaite que ton agonie ainsi
que celle d'Arès soit longue et douloureuse..."
Enfin le Mariner révélait son cosmos, tel une mer dont le
calme vient d'être troublé. Prenant une posture de combat, il avait porté sa
flute à ses lèvres, s'apprêtant à jouer la mélodie mortelle.
"Dead End
Symphony..."
Un lieu onirique, une métaphore spirituelle. Si d'aventure
un spectateur pouvait voir de ses cinq sens cette scène, il ne verrait qu'un
pentacle rouge sang flotter dans le vide absolu, cinq hommes parés d'armures
diaboliquement magnifiques, chacun situé à une pointe...
Ce lieu n'est pas réel. Il n'est qu'une représentation de la
communion des esprits, réaliserait rapidement le spectateur. Même si les cinq
hommes - hommes ? - semblent proches, ils sont chacun dans leur tour de la
forteresse d'Azura, séparés par plusieurs kilomètres...
-"Hahaha...
Les Chevaliers d'Or sont pris au piège dans les couloirs... C'est beaucoup trop
facile..."
-"Il en
est de même pour les Généraux... Hahaha... Quelle pitié..."
-"N'oubliez
pas l'ordre d'Arès... Nous avons assez joué, il est désormais temps! Eris, tu
sais ce que tu dois faire... Concernant les Gémeaux..."
-"Oui...
Mais j'ai bien envie de m'amuser un peu avec quelques uns d'entre eux..."
-"Tu as raison...
Distrayons-nous un peu pendant que nous le pouvons..."
-"Laissons
les Chevaliers d'Or aux Seigneurs d'Azura... Nous nous occuperons des
Généraux!"
La première silhouette lève son épée. Et de la lame part un
rayon d'énergie semblant se prolonger à l'infini pour disparaître dans le vide.
"LABYRINTHE
DE DISCORDE!"
Une nouvelle fois, une silhouette féminine lève son épée, et
le même rayon d'énergie en émane...
"LABYRINTHE
DE VENGEANCE!"
Une troisième fois, cette fois c'est un homme qui lance le
mystérieux rayon rouge sang de la lame de son épée.
"LABYRINTHE
DE TERREUR!"
Une nouvelle fois.
"LABYRINTHE
DE PEUR!"
Et enfin une dernière... Celui qui vient de lever son épée
vers le ciel de ténèbres est différent, il porte une Armure bien plus sombre
que celles de ses comparses.
"LABYRINTHE
D'OMBRES!"
Alors que les cinq rayons fusionnent, le pentacle démoniaque
s'achève de luire, disparaissant dans les ténèbres...
La forteresse d'Azura venait de prendre vie en cet instant,
devenant une entité autonome, qui tel un être vivant détruirait les intrus en
son sein...
"Arrêtez."
"Cela ne sert à rien d'avancer davantage."
Ces mots, c'est bien l'Empereur des Mers Poséïdon qui vient
de les prononcer. Et y obéissant, tous s'arrêtent. Autour de lui, Athéna et les
trois valeureux guerriers vêtus d'Ecailles d'Or, dans un sombre couloir de ce
minerai rouge sang. Le couloir est étroit et peu illuminé, et par dessus tout,
le liquide sanguin suintant des murs, donnant l'impression d'être les
entrailles d'un monstre gigantesque.
"La cosmoénergie d'Arès nous empêche de nous
orienter... C'est comme..."
-"Oui. Très certainement, Arès cherche à jouer avec
nous... Mais il ne laisse jamais rien au hasard... Quelque chose... le
gêne..."
C'est la divine Athéna qui vient de parler. Et ces mots sont
froids, recelant cette haine contenue... La haine légitime, celle qui nait du
désir de protéger, celle qui est dominée et qui ne devient pas une force de
chaos. Et ces mots sont pleins de sens. Elle connaît le Dieu de destruction, et
sait que ses mots sont proches de la vérité. Cela, Poséïdon et ses suivants le
savent.
Poséïdon, Dieu vivant, pose sa main gantée de métal sur la
paroi de minérai à l'aspect métallique, comme s'il sondait la forteresse
entière, comme si sa présence se diffusait pour en comprendre chaque molécule.
Ses yeux se ferment, un instant qui semble durer une éternité... Quand enfin il
les rouvre, alors que sa main se retire, un grondement sinistre retentit...
"Je comprends... Nous nous sommes véritablement jetés
dans la gueule du lion..."
Comme pour confirmer ces sinistres paroles, les murs
semblent prendre vie, et... se déplacer pour former un nouveau chemin, et par
là même en bloquer d'autres.
(Sergueï) -"Cette
forteresse elle-même... Telle le palais de Mu de Jamir... Elle est...
vivante."
D'un simple signe de tête, le Dieu vivant approuve.
"Arès ne cherche qu'à gagner du temps... Mais pour
quelle raison ?!"
(Poséïdon) -"Oui,
Arès sait très bien qu'un obstacle de cet ordre n'est rien pour nous... Mais
écoute... C'est toute la forteresse qui semble se transformer... Les Chevaliers
d'Or doivent s'être introduits à leur tour dans ce donjon maudit..."
-"Oui... Cela signifie qu'ils vont bientôt livrer
bataille... Mais nous ne pourrons pas atteindre Arès tant que les Généraux
Démoniaques vivront..."
Sergueï peste, se rappelant le défi lancé par Arès.
"Vous
venez donc de le comprendre... Hin hin hin! Pitoyables Dieux de la
Terre..."
Une voix sombre, méprisante et lointaine vient de prononcer
ces mots, surprenant un instant les intrus au sein de la forteresse.
"En ces
lieux nous sommes les Maîtres... Vous ne nous affronterez que si vos pitoyables
Chevaliers d'Or parviennent à vaincre les Seigneurs d'Azura... Car ils
détiennent les clés protégeant les cinq tours de l'Etoile Demoniaque..."
"Le
labyrinthe du démon sera votre prison aussi longtemps que nous vivrons...
Hahahaha..."
Sur un rire démoniaque la voix s'estompa... Et à ces mots,
de nouveau les murs se transformèrent, isolant cette fois les trois Généraux de
Poséïdon et Athéna...
"NON!"
Futilement, Sergueï cria sa surprise et son désespoir,
voyant le mur de rubis s'élever entre lui et son Seigneur.
Son poing s'abattit sur la cloison, résonnant comme un son
de cloche...
"Arès... Il a compris notre stratégie..."
Sergueï crispe son poing, réalisant une nouvelle fois son
impuissance.
-"Rien n'est perdu. Nous pouvons encore avancer...
Comme ils nous l'ont dit, ce labyrinthe durera tant que les Seigneurs d'Azura
vivront. Dans ces conditions... Il ne nous reste plus qu'à prêter main forte
aux Chevaliers d'Or. De plus... Athéna et Poséïdon vêtus de leurs armures ne
risquent rien, ensemble..."
Shiva, l'homme de guerre à la Lance d'Or, fin stratège,
arrive à accepter les évènements avec une certaine froideur.
-"Tu as raison. C'est ce qu'il y a de mieux à
faire..."
Sergueï approuve, fixant le couloir qui se dessine désormais
devant lui, s'étendant dans les ténèbres.
"Comment ?!"
Ce mot, c'est le Général de la Sirène Maléfique qui vient de
le prononcer, mettant fin à sa musique.
-"Futilité, Sorento... Tu devrais l'avoir
compris."
Le Chevalier Noir garde une posture neutre, laissant sa
sombre cape recouvrir ses bras. Il ne semble pas avoir bougé, mais l'aura
sombre qui se dégage de son corps trahit clairement ce fait. Il a paré
l'attaque du Mariner.
-"Une contre-vibration... Ainsi tu produis une
vibration dans l'air qui annule celles de ma musique..."
-"Je te l'ai dit : les ténèbres sont partout... Dans le
son, dans l'air, tout autour de nous..."
-"Hm... Et pourtant tu as commis une erreur...
majeure."
-"Quoi ?"
-"La nature réelle de Dead End Symphony... Tu aurais
déja du la comprendre..."
Comme pour confirmer ses dires, plusieurs fissures
apparurent sur la surface lisse du métal noir de la sombre Armure de la Lyre.
Un hoquet de surprise fut le seul son sortant de la bouche
d'Erebe, alors que l'aura sombre autour de lui se faisait de plus en plus
dense... Pour la première fois, Sorento vit le sourire sur son visage
disparaître...
Un bref instant, avant de réapparaître, plus carnassier que
jamais. Et c'est clairement la satisfaction qui se lit sur le visage du sombre
combattant... La satisfaction de se repaître d'une proie facile a cédé place à
celle de faire face à un véritable adversaire.
"Une attaque mentale et psychokynétique...!
Félicitations. Je n'avais jamais pensé à une telle façon d'utiliser la
musique... Il est vrai que les notes touchent le coeur infiniment mieux qu'un
long discours... Néanmoins tu as aussi oublié une chose..."
"Shrouded
in the Dark..."
La sombre mais élégante cape noire parant l'Armure Noire se
déploya, recouvrant totalement le corps de son porteur... Et l'obscurité sembla
l'avaler...
"Ceci...
est mon pouvoir..."
A ces mots, le décor changea autour de Sorento, toute
couleur disparaissant... pour céder place à une noirceur infinie.
"Une... Mer de ténèbres ?!"
Trois guerriers qui courent dans les couloirs sombres,
semblant sans fin, tant leur motif est régulier. Toujours la simple et sobre
architecture de briques rouge sang entassées les unes sur les autres avec une
précision quasi divine.
"C'est pas vrai... On dirait que ça fait des siècles
qu'on court et pourtant on avance pas!"
C'est l'impulsif Alexer qui vient de parler, trahissant son
agacement.
-"Comme l'a dit Poséïdon... Arès cherche de toute
évidence à nous isoler pour nous affaiblir... Cette forteresse est devenue un
véritable labyrinthe."
Sergueï vient de lui répondre, sa voix est autoritaire,
montrant une force de caractère certaine, mais dissimulant son propre malaise.
Il sait pertinemment que leur situation n'est pas enviable, mais sa position
l'oblige à rester maître de lui.
Soudain, enfin les ténèbres au bout du couloir
s'estompent... Une lueur d'espoir illumine un bref instant les regards des
Généraux...
-"Là! Nous y..."
...mais meurt aussitôt...
-"Encore un cul de sac... Mais à quoi est-ce que tout
cela rime ?!"
Shiva lui-même semble décontenancé de voir son ancien maître
agir de la sorte.
-"Eh bien, je ne vois plus qu'un seul moyen
d'avancer..."
L'un des trois guerriers en écaille dorée, à l'imposante
stature, s'avance, attirant l'attention de ses compagnons. C'est Alexer du
Kraken qui vient de parler en ces mots...
"Puisque ces couloirs ne nous mèneront nulle part... Je
propose de se frayer un chemin directement au travers de ces murs."
-"Oui... Il est vrai que nous n'avons plus grand chose
à perdre..."
Sergueï, vite imité par les deux Mariners intensifie son
énergie, illuminant bien vite totalement les couloirs rouge sang. Les coups
fusent, martelant la paroi, mais sans plus d'effet qu'un marteau sur une
cloche. Leurs efforts sont poursuivis pendant plusieurs minutes, Shiva
déchainant sa lance, Alexer son froid et Sergueï les griffes du dragon contre
la paroi...
Comme si cette démoniaque matière était animée d'une force
supérieure, les coups n'ont aucun effet sur elle... Mais plus encore que cela,
cette matière est si solide, que comparer l'armure ou l'arme d'un Mariner à ce
minerai revient à comparer du verre à du diamant.
La conséquence logique ne se fait pas attendre... Un
craquement sinistre, plusieurs fissures apparaissent sur les armures de Sergueï
et d'Alexer au niveau des poings... Et même l'invincible Lance d'Or semble
s'être émoussée contre cette barrière.
"Incroyable... Nos Ecailles... elles ont..."
Alexer semble ne pas croire ce qu'il voit. De larges
fissures se sont formées sur les poings de son armure, et une simple
chiquenaude suffirait à les achever...
-"Oui... C'est la force divine d'Arès lui-même qui
renforce ces murs... Nous ne pourrons pas les briser ainsi..."
Shiva durcit son regard, réalisant enfin, jugeant de la
réisstance du mur à l'état du tranchant de sa lance...
-"Cela me rappelle ce que le Chevalier de la Balance
avait dit un jour... Ces murs semblent aussi solides que les Piliers de
l'Empire de Poséïdon... Or, le seul moyen de détruire les piliers, n'est-il
pas..."
Le guerrier d'origine hindoue, le frère de Krishna de
Chrysaor continue à parler en ces mots.
-"Les Armes de la Balance..." complètent Sergueï
et Alexer apparemment perplexes.
Un seul instant d'hésitation, mais qui devient vite
certitude.
-"Utiliser les armes de la Balance..."
L'interrogation à voix haute de Sergueï voit pour réponse
une aura lumineuse émaner de la Lance qu'il tient dans la main, rassurante et
douce, telle une bénédiction...
"Athéna..."
Les deux lances d'or, le tongfa... Les trois Armes de la
Balance tenues en main par les Généraux, comme si elles entendaient ces mots,
se mettent à émettre leur aura propre, une lueur intense, presque solaire...
-"Mais que...! Les armes..."
Sergueï est presque contraint de lacher le trident qui se
trouve dans sa main, l'arme désormais mue par sa propre conscience.
-"Elles... entrent en résonnance..."
Alexer sent également l'arme tenter de quitter ses mains,
alors que la lumière qui en émane devient aveuglante...
-"Non... Pas seulement les armes de la Balance! La...
La Lance d'Or aussi!"
-"... Je comprends. Poséïdon et Athéna veulent nous
aider!"
Sergueï émet ces mots, machinalement, comme si l'évidence
venait de le frapper, comme si l'illumination divine dissipait maintenant les
Ténèbres.
-"Oui, après tout... Toute matière est forcément
constituée d'atomes... Et tout ce qui a été crée peut être détruit! Ces murs ne
font pas exception..."
Chacun des guerriers brandit les armes, reprenant espoir,
oubliant l'échec de l'instant précédent.
-"Les armes nous guideront d'elles-mêmes désormais...
Vers les failles dans la structure du mur... A nous de leur prêter notre
puissance!"
Les trois approuvent d'un signe de tête, intensifiant une
nouvelle fois leurs auras.
Un cri de guerre retentissant dans le donjon maudit, un
flash de lumière accompagnant le contact du métal et du minerai, un mur qui se
brise. Le minerai rouge sang ne résiste pas à l'arme divine, laissant une
brèche béante dans la paroi du labyrinthe.
-"Ca a marché! Le labyrinthe d'Arès ne nous retiendra
pas plus longtemps!"
Alexer explose littéralement de joie et de soulagement à la
vue de la brèche, dans laquelle il s'engage...
"Eh
bien... Vous êtes plus stupides que nous ne l'aurions cru, Généraux de
Poséïdon..."
Une nouvelle fois, cette voix presque fantomatique, pleine
de haine et de mépris. Une voix de démon. Et soudain, une violente secousse...
Comme si la paroi du labyrinthe maintenait la pression d'air interne, à présent
qu'elle n'est plus, s'ensuit l'effet d'aspiration d'air, entraînant dans un
espace de ténèbres les trois infortunés guerriers.
-"Hahaha...
La forteresse d'Azura est en réalité un labyrinthe dimensionnel..."
-"Et vous
venez de rompre la barrière vous séparant de la réalité..."
-"Vous
venez véritablement de vous jeter dans la gueule du Lion..."
C'est une autre voix qui vient de parler, une voix de femme,
celle là.
-"Qui êtes-vous ?!" hurle Sergueï dans le vide,
bien qu'au fond de lui-même la réponse soit déja inscrite.
"Les
Généraux Démoniaques d'Arès." répondirent simultanément cinq
voix fantomatiques.
Une nouvelle fois, ce lieu onirique, le pentacle démoniaque,
semblant flotter dans l'univers tout entier. A chaque pointe, une silhouette
parée d'une armure sombre. Au coeur de la figure satanique, trois hommes vêtus
d'armures dorées semblent pris au piège.
"Eh bien
Sergueï... Nous nous faisons de nouveau face... J'espère que tu es prêt cette
fois..."
Cette voix, le dénommé Sergueï ne peut pas l'ignorer. Jared
de Pégase vient de parler, sa voix emplissant l'espace.
Deux des guerriers sous la bannière de Poséïdon se mettent
en garde, concentrant leurs énergies. Pourtant, seul Sergueï reste impassible,
fixant de ses yeux noirs la silhouette sombre d'un des Généraux.
-"Jared... Avant de combattre, je veux savoir une
chose... Tu as toujours dit que tu voulais prendre ta revanche sur le
Sanctuaire..."
Les mots sont pleins de sens, et le silence se fait autour
des deux anciens Chevaliers Noirs... Mais l'ombre silencieuse parée de l'armure
maléfique de Pégase ne réagit pas.
"Et maintenant... Maintenant, tu l'as obtenue! Alors
pour quelle raison te bats-tu encore pour Arès ?!"
A ces mots, le visage du Chevalier Démoniaque parut se
durcir, et l'hésitation se fit sentir... L'absence de réponse trahit clairement
ce fait... Et dans son esprit résonna cette inaudible voix... Cette voix que
seul Jared pouvait entendre... Cette voix qui martelait sa conscience.
"Tu ne
dois pas douter..."
"Ta vie
est à Arès...
"Il est
celui qui te rendra ta véritable identité..."
"BATS-TOI!!!!!!!!"
Sergueï jura voir un sourire carnassier se dessiner sur ses
lèvres, malgré les ténèbres omniprésentes.
-"Hin hin
hin... Mais tu n'as pas compris... Comme Arès, ce que je veux, c'est l'humanité
entière!" répliqua la voix désincarnée du Chevalier Démoniaque de
Pégase.
(Sergueï) -"Mensonges...
Jared..."
Son poing se crispe, signe de colère intense.
"QUI ES-TU POUR PENSER ME BERNER AVEC CES MOTS ?!"
"Hahahahaha...
Nous allons faire découvrir l'abime de la souffrance éternelle à l'humanité
entière..."
La voix fantomatique du Chevalier Démoniaque résonne, comme
ci ce dernier n'avait pas entendu les mots de son interlocuteur. A cette
réponse, digne d'un fanatique possédé, Sergueï comprend que le dialogue est
désormais inutile... D'un geste vif, Jared pointa son épée vers les trois
Généraux, imité par ses démoniaques comparses, ignorant totalement les mots de
celui qui avait été jadis son allié.
"Et nous
allons commencer par vous!" répondirent les cinq ultimes
guerriers d'Arès en choeur.
L'horreur s'afficha sur les visages des trois Généraux
Mariners. L'horreur de celui qui sait qu'il est face à un ennemi mille fois plus
fort que lui. Mais cette sensation ne dure pas. Le guerrier expérimenté a
appris à dominer sa peur, et à la mépriser pour ne pas perdre la maîtrise du
combat. Usant de ce précepte, chacun parvient à surmonter la terreur d'un
instant... Un instant, un temps mort qui peut être fatal.
"DEMON
SWORD'S DEATH RIPPLE!!!!!!!"
Et des cinq épées forgées par Arès surgirent les meurtrières
ondes de choc capables de prendre la vie en une fraction de seconde. En même
temps jaillirent les puissantes cosmoénergies des Mariners, entrant en contact
avec l'onde meurtrière...
Afin de briser une vague d'énergie, il faut projeter une
quantité égale d'énergie dans la direction inverse. C'est un principe physique
extrêmement simple, mais le mettre en oeuvre n'est pas forcément possible.
L'autre option consiste à dévier une partie de cette énergie en la canalisant.
Et ce qu'on fait ici les Mariners de Poséïdon a eu pour
conséquence d'absorber une part de l'onde de choc, et de dévier le reste dans
l'espace...
"Comment ?!"
Alors que l'énergie se dissipe, le spectacle qui s'offre aux
Généraux est pour le moins surprenant. Les trois Généraux de Poséïdon, les
trois guerriers en écaille dorée se sont disposés en triangle, les mains liées,
leurs trois cosmos en un pour former une barrière, celles qui sont vulgairement
appelées "Kekkaï". Si les trois guerriers n'ont pas été balayés, ils
le doivent à leur barrière et à leurs armures, dont l'état s'est à présent bien
dégradé... Criblées de fissures, mais toujours vaillantes et fières...
-"Hin hin
hin... J'aurais du me douter que le Death Ripple ne marcherait pas... Sorento
de la Sirène était déja parvenu à le parer..."
Jared parle en ces mots, de sa voix méprisante, mais
semblant distante et effacée.
-"Généraux
de Poséïdon, vous ne résisterez pas plus longtemps... Vous êtes dévorés par vos
propres émotions..."
C'est la perfide Eris qui vient de parler, semant la
perplexité dans les coeurs des guerriers.
-"Et par dessus
tout, vous empruntez vos pouvoirs où bon vous semble pour atteindre vos
objectifs... Hin hin..."
L'éclat de rire sinistre de Deimos le démoniaque général
retentit dans l'espace...
-"Pour
vous, ce qui recouvre vos corps en cet instant n'est qu'une vulgaire
protection... Mais êtes-vous seulement conscients du pacte que vous avez conclu
?"
-"En fait
de guerriers sacrés vous n'êtes que des opportunistes..."
-"Pour
vous le camp à suivre est donc le camp qui vous offre sa protection ?"
-"Shiva,
Alexer, Sergueï... Vous trois n'avez aucune foi en Poséïdon... Vous n'avez
choisi de le servir que pour expier vos propres crimes passés..."
Phobos, Général de la Peur, semble fixer celui qui était le
plus fort soldat de son régiment d'un regard lourd.
-"Toi,
Shiva, as revêtu l'Ecaille de Chrysaor pour expier tes crimes de Berserker et
les erreurs de ton frère..."
A ces mots, surgissant de nulle part, une chaîne de métal
rouge sang s'abat sur Shiva, puis une seconde, une troisième et enfin une
quatrième, l'enchaînant totalement par les quatre membres.
Nemesis désigne à son tour le Général du Kraken. Alors
qu'une étincelle d'énergie part de l'index du Général d'Arès, une nouvelle fois
les chaînes maléfiques apparaissent, emprisonnant le Mariner.
-"Toi,
Alexer, a pris la vie de nombreux innocents... Et maintenant tu cherches la
rédemption avec cette Ecaille du Kraken... Bien pitoyable en réalité... Ces
émotions sont un délice pour nous..."
Comme par magie le visage de son père fendu en deux apparaît
dans sa mémoire, ainsi que tous les Blue Warriors vaincus et blessés à mort par
Hyoga.
C'est le doigt accusateur de Jared qui s'abat sur Sergueï...
Alors que de nulle part surgissent les mêmes chaînes emprisonnant le Mariner.
-"Et toi
Sergueï... Réponds-moi... C'est toi même qui a dit au Chevalier du Renard que la
force, d'où qu'elle provienne, méritait d'être utilisée pour une autre cause...
Les êtres de votre espèce, ont moins encore d'honneur que les Berserkers... QUE
LE JUGEMENT DEMONIAQUE SOIT RENDU!"
A ces accusations, aucun ne parvient à trouver de réponse.
Car face à la vérité atroce, la vérité qu'on a tenté de dissimuler au plus
profond de soi, la réponse est parfois infiniment plus douloureuse qu'un
millier de coups.
Une autre partie du labyrinthe. Et au coeur du couloir, une
silhouette en armure dorée étincellante, parée d'ailes majestueuses...
Le porteur de l'habit divin est un jeune homme aux cheveux
chatain, courant à travers le labyrinthe depuis un temps qui semble pour lui
une éternité. C'est Aiolos du Sagittaire, à l'armure reconnaissable entre
mille.
"Etrange...
On dirait que quelque chose me guide..."
Soudain, une issue. Le couloir s'élargit, donnant dans une
pièce semblant immense en comparaison avec le couloir. Mais le Chevalier d'Or
du Sagittaire n'a pas le temps d'observer la salle où il vient d'arriver, que
déja une flèche rouge sang se fiche dans le sol à ses pieds.
"Je t'attendais, Aiolos..."
-"Et à qui ai-je l'honneur ?"
-"Lilith de Lamie... Seigneur d'Azura aux ordres de
Nemesis..."
Celui qui est né en Grèce et qui connaît la mythologie ne
peut s'empêcher de tiquer au nom de l'entité représentée par cette armure.
Protection sommaire, mettant en valeur les formes de la guerrière, dissimulant
son regard, et parées d'ailes évoquant un vampire. Et maintenant qu'il a
l'occasion de se concentrer sur son environnement, il remarque que la
silhouette de celle qui est son adversaire se superpose à la fresque macabre
gravée sur les murs.
"La
Lamie... Un monstre assoifé de sang qui dévorait ses enfants... Et qui avait
enfanté de Scylla et Charybde... Et Lilith, la première femme d'Adam avant même
Eve selon la Caballe..."
Tels sont les faits représentés sur la fresque, accompagnés
de gravures sanglantes représentant d'innombrables cadavres, dominés par une
silhouette féminine aux ailes de vampire éclipsant jusqu'au soleil.
-"Tu disais m'attendre... Alors c'est toi qui m'a amené
ici..."
-"Le labyrinthe de Vengeance s'en est fort bien
chargé..."
Pointant du doigt le Chevalier d'Or, la jeune femme dont
l'armure ne recouvre que partie de son corps continue à parler.
"Oui, toi, Aiolos, ton coeur est empli de désir de
vengeance envers tous les Dieux des ténèbres... Et ce sont ces désirs qui vont
causer votre perte!"
-"C'est vrai. J'ai l'intention de détruire tous les
Dieux des Ténèbres, jusqu'au dernier. Mais tu n'as raison qu'à un détail
près..."
-"Lequel ?"
-"Ma haine ne me consume pas."
Une simple phrase, prononcée avec calme. Pourtant la femme
Berserker en a déja réalisé la portée.
"Par conséquent tu ne pourras pas t'en servir contre
moi."
Lilith grince des dents, réalisant qu'avant même le début du
combat une part de son plan a déja échoué. Mais bien vite la surprise laisse
place à un rictus confiant. Une guerrière impitoyable qui sait sa propre force,
et l'avantage qu'elle a encore. Sa main se resserre sur le corps rouge sang de
son arc.
-"Très bien... Dans ce cas, c'est dans les flammes de
la souffrance que tu vas brûler, Chevalier du Sagittaire! "BLOODSHED ARROWS!!!""
Comme surgies de nulles part, au mouvement de l'arc bandé de
Lilith, les flèches fusaient, passant de l'état d'énergie pure à celui de
métal. Plus exactement, c'était une grêle de projectiles qui s'abattait
implacablement sur Aiolos, avant qu'il puisse esquisser un seul geste.
Voyant foncer sur lui une nuée de projectiles encore
constitués d'énergie plutot que de matière, il eut tout juste le reflexe de se
dégager sur le coté, pour voir avec surprise le mur derrière lui instantanément
transpercé par une centaine de flèches se matérialisant enfin.
"Quelle
force destructrice... Ses flèches sont rapides comme l'éclair!"
"BLOODSHED
ARROWS!!!!"
Pas un instant de répit ne s'offrit à Aiolos, subissant
cette fois de plein fouet la seconde volée de flèches sanglantes. Son armure
divine est martelée par les projectiles, impitoyables pour le métal doré
constituant encore sa seule protection. Et bien que la formidable Armure du
Sagittaire protège presque tout son corps, sa protection n'est pas intégrale...
Restent à découverts quelques parcelles de chair, qui recoivent l'assaut sans
être épargnées par la bienveillante Armure. Et enfin le sang jaillit, chaud,
touchant vite le sol. Comme si le minerai constituant le sol éprouvait du
plaisir, il s'illumina d'une lueur malsaine au contact du fluide vital
d'Aiolos.
L'armure est criblée de stigmates, témoignant de la violence
de l'assaut... Et bien que la protection aie en grande partie rempli sa
fonction, les parties du corps touchées par les flèches voient le sang couler à
flots, comme s'il était aspiré hors de l'enveloppe du Chevalier du Sagittaire.
"Argh... "
Tiraillé par la sensation de douleur imprimée dans chacun de
ses nerfs, Aiolos plie un genou, alors que le sang s'écoule de ses plaies sur
le sol... Un sourire marque le visage de la sinistre combattante portant le nom
du mythique monstre grec dévoreur de vie. Un simple geste s'ensuit, la main de
la femme Berserker se lève, alors que son aura rouge sang l'enveloppe...
(Lilith) -"Bien...
C'est cela, viens à moi, fluide de vie! VIENS!"
Comme guidé par l'appel, le fluide vital du Sagittaire
semble ramper sur le sol en direction du Berserker, glissant sur le métal rouge
sang, puis sur la protection de la guerrière d'Arès, atteignant enfin sa bouche
grande ouverte, comme pour boire d'une coupe invisible.
Un tourment sans nom... Une douleur au delà de ce que Aiolos
a connu au cours de sa vie de combattant. Comme si plus que son propre fluide
vital c'était sa propre âme qui était emportée de son corps...
"Ungh... Non... Je dois ... Réagir..."
Face à un danger inconnu, l'homme déterminé a pour premier
réflexe de se raidir, de se débattre, conséquence immédiate de la peur.
Réaction bien futile en l'occurence...
(Lilith) -"Hahahaha...
Tu auras beau te débattre, tu es sous mon emprise... Les blessures ouvertes par
ma flèche ne se cicatrisent pas... Et le sang continuera de couler de ton
corps... Lentement, lentement..."
Ces paroles emplies de supériorité et de sadisme atteignent
les oreilles du Chevalier d'Or... Mais la réaction escomptée ne se produit pas.
Car bien au contraire, Aiolos, combattant expérimenté, élite de la Chevalerie,
sait ne pas céder au désespoir et analyser froidement une situation.
(Aiolos) -"Très
bien... Puisque je ne peux pas me défendre, il ne me reste plus qu'une
option..."
D'un geste faible mais certain, Aiolos tire une flèche
dissimulée dans son épaulière, et détache l'arc accroché à la protection de la
taille.
(Lilith) -"La
flèche d'Or du Sagittaire ? Hin! Tu n'en possèdes qu'une seule... Alors que
peux-tu faire face à mes milliers de flèches sanglantes ?" répondit la
démoniaque archère, bandant son arme.
(Aiolos) -"C'est
vrai, cette flèche n'est qu'une mince lueur dans les ténèbres..."
-"Aussi vacillante que la flamme de ta vie,
Chevalier... Vois comme elle s'écoule sur le sol, ta vie... Et tu sais comme
moi qu'un homme, Chevalier ou Berserker meurt inévitablement s'il perd plus
d'un tiers de son sang... Ta précieuse vie... Elle est déja mienne!"
A ces mots le sang continuait de couler du corps d'Aiolos,
pour rejoindre l'armure de Lilith... Ce dernier tentait de bander son arc, en
un effort semblant surhumain pour l'archer divin d'Athéna.
"Ne bouge pas davantage. Tu as déja versé une bonne
partie de ton sang... Encore quelques minutes, et ton supplice sera fini,
Aiolos..."
-"C'est vrai... La flamme de ma vie vacille, mais
n'oublie pas une chose..."
Ces mots sont ceux d'une personne blessée mais dont la force
ne fait qu'augmenter. Ressentant cette terrible puissance, Lilith ne peut que
reculer d'un pas, alors que l'aura dorée du Sagittaire se déploie, ardente
comme le feu, se concentrant sur le projectile doré retenu par l'arc bandé.
"Lilith, as-tu déja vu un météore dans le ciel ? C'est
au moment de sa fin qu'il brille le plus ardemment! "HOLY ARROW!!!!""
"Que... ?!"
Une flèche dorée qui vole à la vitesse de la lumière, une
Berserker trop surprise pour pouvoir esquiver. Explosion de lumière, un instant
où le temps se fige.
Aiolos pose une main au sol, épuisé par l'effort. Ses plaies
ne se sont pas refermées, loin de là... L'effort intense pour projeter la
flèche avec une puissance pourtant imparfaite a aggravé ses blessures.
"Laisse-moi
agir."
Cette voix résonne dans l'esprit du Sagittaire, alors que la
douleur intense se ravive, plongeant son esprit dans un abîme de souffrance
insondable. Ses sens parviennent tout juste à enregistrer une sensation
désagréable, plus exactement la gêne d'être enveloppé d'une énergie froide comme
la mort et la nuit.
"Ce
combat n'est plus le tien désormais."
La voix puissante achève d'embrumer l'esprit du Chevalier.
Malgré toute sa volonté, le vaillant Aiolos sombre dans l'inconscience.
"Alors c'est donc cela la brillance de ta vie,
Chevalier ? Tu vas devoir faire bien mieux que cela, je le crains..."
La voix de la femme Berserker résonne dans la salle, preuve
incontestable qu'elle a survécu. Mais on sent l'angoisse dans cette voix.
"A présent Aiolos du Sagittaire, ce combat est
fini..."
L'angoisse de celle qui parle afin de combler le vide et
dominer sa propre peur. Enfin la fumée commence à disparaître, révélant la
silhouette de Lilith. L'explosion semble avoir sérieusement endommagé son
armure, même si son corps semble indemne... A un détail près. La flèche est
fichée dans son bras droit inerte, le transperçant de part en part. Néanmoins,
d'un geste, malgré la douleur visible sur son visage, elle arracha le
projectile doré de son membre.
"Tu as bien joué ton coup... La blessure infligée par
ta flèche ne cicatrisera pas facilement... Et je ne peux plus utiliser mon bras
droit. Mais toi par contre, tu ne peux plus rien faire!"
-"Je
crois que tu fais grandement erreur, 'Mère'..."
Une voix qui résonne, alors que la fumée n'est pas encore
dissipée totalement... Ce n'est pas celle du Sagittaire, Lilith l'aurait
reconnue instantanément. Et ce constat l'effraie encore plus qu'un retour
miraculeux de son adversaire. C'est une voix creuse, fantomatique... Comme
dépourvue d'existence.
"Qui es-tu ?!"
-"Ainsi, tu ne
reconnais donc pas ta progéniture... Je suis Scylla."
Scylla.
La nymphe envoutée par Circé dans la Mythologie, fille de
Lamie.
-"Un
Général de...!"
Lilith a tout juste le temps de formuler cette pensée que
déja l'énergie de son adversaire explose, se jetant sur elle sous la forme d'un
fauve assoifé de sang.
-"WOLF'S FANG!!!"
L'assaut est implacable, et le fauve de Scylla s'abat sur
celle dont l'armure représente la mère du monstre marin. La femme Berserker est
projetée au sol, incapable de réagir tant la surprise est grande.
-"C'est impossible! Tu... Tu devrais être mort!"
Ces mots, elle les prononce alors que c'est avec difficulté
qu'elle se relève. Se tournant face à celui qui dit s'appeler Scylla, elle ne
voit qu'un visage semblable à une ombre, aux traits indéfinissables. La seule
chose distincte, c'est le sourire que l'être paré de l'Ecaille de Scylla
arbore.
-"Ainsi c'est ce
que tu t'évertues à croire... Pourtant je me tiens devant toi."
N'arrivant toujours pas à croire ses sens, d'instinct,
Lilith se mord la lèvre, dans une tentative d'apaiser sa propre angoisse.
-"Je ne comprends pas... Poséïdon n'avait que quatre
Généraux avec lui! A quel moment... ?!"
-"Il n'y a rien à
comprendre. A part une chose, je suis ta mort... Et tu ne peux plus rien contre
moi."
-"Comment ?!"
-"Aiolos a
utilisé sa flèche d'or contre toi... Et même s'il ne t'a pas tuée, tu ne peux
plus utiliser ton arc... Par conséquent la prétendue Lamie, Archère démoniaque
n'est plus!"
Lilith a parfaitement entendu les paroles de son ennemi. Et
l'assurance démesurée qu'ils portent ravivent en elle la flamme du combattant.
Elle vient de prendre conscience d'un fait. Son adversaire, aussi puissant
soit-il ignore qu'il lui reste un atout caché. A cet instant, les dents de
Lilith lachent sa lèvre, alors que le sang coule dans sa bouche. Un goût
qu'elle a toujours adoré... Un goût qui met son coeur et son âme en feu.
-"Je ne comprends pas les raisons de ta présence en ces
lieux... Tout me laisse penser que tu n'es pas ici pour aider Poséidon..."
Silence. L'ombre se désinteresse des réflexions de son
interlocuteur, semblant ne pas avoir entendu un seul mot. Quelques instants
mortels s'écoulent, un duel invisible entre la femme Berserker et l'être paré
de l'écaille d'or. Soudain, le silence est rompu par Scylla. L'aura couleur
d'océan l'enveloppe, telle une mer de tempête.
-"Pense plutôt à
protéger ta propre vie, Berserker... "QUEEN
BEE'S STINGER!!!!""
Un doigt tendu vers la femme Berserker, un éclair qui part
dans sa direction avec une vitesse infiniment supérieure à celle d'un coup de
feu. Pourtant, la femme Berserker au nom de Lilith parvient à l'ultime instant
à se dégager, réalisant avec frayeur les conséquences potentielles de l'attaque
sur son corps.
-"Et pour
être sûre que tu ne puisses plus bouger... "SERPENT
STRANGLER!!!"
Nouveau choc pour Lilith. Jamais elle n'aurait pensé que son
adversaire attaquerait avec une technique semblable. Car ce qu'elle voit, c'est
un immense serpent foncer sur elle, l'enserrer en une fraction de seconde, et
enfin commencer l'étreinte meurtrière.
"Tu... Tu oublies une chose..."
Dans ces mots transparait la fureur. Une flamme qui vient de
se libérer et de se répandre dans le corps de la femme au nom de démon. D'un
coup son regard vient de s'injecter, la lueur rouge sang vient d'apparaître
tant dans ses yeux que autour d'elle. Comme si malgré la peur qu'elle ressent,
une voix au fond d'elle-même lui chuchottait de continuer le combat.
-"Et
laquelle ?"
La voix semblant venir d'outre tombe garde néanmoins toute
son assurance. Et si les traits de son visage avaient été visibles à cet
instant, il est clair qu'un sourire y aurait été inscrit.
-"Pauvre fou... Goûte donc la fureur du Berserker!!! "LET
THE RED SEA FLOW!!!""
Comme si son Armure reprenait vie, son éclat rouge revient,
presque aussi pur et sombre que celui du sang... Et soudain l'étreinte du
serpent n'étreint plus que... le vide. En place de Lilith, un flot de sang
coule et semble envahir la pièce.
-"Tu finiras comme tous les enfants de la Lamie,
mystérieux Scylla! Même si je ne peux utiliser mon arc, j'ai encore le pouvoir
de te noyer dans la Mer Rouge!"
L'être arborant l'écaille de Scylla semble pour la première
fois montrer sa surprise, comme si son assurance était désormais brisée,
maintenant que la salle est remplie d'une mer de sang dont le niveau n'a de
cesse de monter.
-"La Mer Rouge...
Celle où la véritable Lilith se noya pour épargner ses enfants du courroux de
Dieu...!"
-"C'est celà même! Par conséquent c'est mon droit le
plus absolu que de reprendre la vie que j'ai donnée et sauvée, cher 'enfant
prodigue'..."
-"Ma
vie... Hin!" pense un instant l'etre paré de
l'écaille d'or, sentant au plus profond de lui l'ironie naître.
Comme si les vagues de sang étaient mues par une vie propre,
elles s'abattent sur Scylla, tentant de l'engloutir. Pourtant le mystérieux
guerrier n'esquive aucun mouvement, et reste totalement passif face à ce
danger, chaque fraction de seconde plus proche. La femme Berserker exulte, son
adversaire enfin à sa merci.
Une vague qui s'abat sur Scylla, semblant l'avaler.
Et soudain, une énergie qui explose.
"BIG
TORNADO!!!!"
Le courant de la mer de sang est instantanément brisé par
celui provoqué par la tornade. Au milieu des flots rouges se tient fièrement
Scylla, sa tornade continuant de percer les flots. Lilith est littérallement
repoussée, et c'est avec violence que son corps entre en contact avec le mur
rouge sang. Un hoquet accompagne le choc, ainsi que le bruit d'os qui se
brisent...
Lilith glisse au sol, crachant de son sang.
"Scylla...
Mais qui... Qui es-tu ?!"
Telles sont les pensées de Lilith alors qu'elle se sent
sombrer dans l'inconscience. Pourtant une voix plus profondément enfouie en
elle s'adresse à elle...
-"Le
temps n'est pas à de telles questions. Il est ton ennemi, ABATS-LE!"
-"..."
-"Si tu
n'es plus en état de combattre au nom d'Arès, je le ferai!"
-"Nous
allons nous faire massacrer pour rien... Est-ce cela que tu veux ?!"
-"Cela
n'a aucune importance. N'oublie pas qui tu es. La Lamie. Celle qui dévora toute
sa progéniture. Scylla est un de tes enfants, il ne peut rien contre toi!"
-"..."
-"QUE LE
DEMON S'EVEILLE!!!!!!!"
Retour à la réalité. Lilith bouge enfin de nouveau, se
relevant avec difficulté. Et son regard luit d'une lueur rouge sang, indiquant
par là même que son mental n'a plus rien d'humain.
"Tu n'as
pas encore compris, on dirait... Une nouvelle fois, subis "BIG TORNADO!!!""
Encore une fois l'énergie explose dans la direction du
Berserker. Pourtant cette fois Lilith semble ne pas éprouver de surprise, et
comme entrée en transe, se lance sur l'être en écaille d'or!
"C'est ton ultime défi, Scylla! Tu finiras comme toute
la progéniture de la Lamie!"
De son bras valide, Lilith projette son énergie en direction
de Scylla, énergie qui se matérialise bien vite sous la forme des projectiles
meurtriers qu'elle a déja utilisés. La rafale de métal a bien vite fait de
créer un passage dans la barrière d'air érigée par la tornade de Scylla. Malgré
tout, Scylla reste parfaitement calme, comme s'il attendait le coup de Lilith.
"Alors c'est toi qui devais me porter le coup fatal ?!
Quelle plaisanterie!"
Ces mots résonnent avec la voix d'un être humain qui a
totalement perdu la raison, alors qu'une main transperce le métal doré de
l'écaille... et ne rencontre aucune résistance derrière la paroi de métal.
La main de Lilith transperce le plastron de part en part,
mais jamais une goutte de sang ne jaillit.
"Ne crois
pas... avoir gagné... Je suis ta mort, ne l'oublie pas..."
A l'instant où la voix fantomatique disparaît, l'écaille
tombe en morceaux au sol, se dissolvant dans la mer de sang.
"Hin! Quelle plaisanterie, Scylla... Tu auras fini
comme tous les autres enfants de la Lamie... Dévoré par ta propre mère...
Hahahaha! Toute ta puissance est désormais mienne, Scylla! Mais...!!"
Un constat évident vient de s'imposer à ses yeux, alors
qu'un semblant de raison revient dans son esprit.
"Il n'y a que l'armure... Comment est-ce possible
?!"
Enfin, le fleuve de sang est rappelé à elle, ne formant à
nouveau plus qu'un avec sa protection de Berserker, brillant désormais d'un
nouvel éclat.
"Après
tout... Cela n'a aucune importance... Il a été vaincu... Tous mes adversaires
jusqu'à présent ont été vaincus..."
Cette pensée est presque un réconfort pour elle tant les
précédents combats ont été difficiles pour elle. Et pourtant, une nouvelle
fois, quelque chose d'imprévu se produit, augmentant la tension et la peur du
Berserker. Derrière elle, un mouvement. Un cosmos qui vient de se réveiller, un
cosmos familier. Son premier adversaire. Le Sagittaire.
(Aiolos) -"Lilith...
Je n'en ai pas terminé avec toi...!"
-"Aiolos ?! C'est impossible... Tu aurais du te vider
de ton sang! Tes plaies..."
-"Je dois probablement ma vie à celui qui s'est
interposé... Et malheureusement pour toi les blessures ouvertes par tes flèches
maudites peuvent cicatriser... Et la flamme du cosmos d'un Chevalier d'Or est
amplement suffisante pour cautériser ces plaies maudites!"
Lilith semble de nouveau décontenancée un instant, avant de
se ressaisir. Elle a vaincu Scylla, et a dévoré son armure et donc ses
pouvoirs. Ce simple fait devrait suffire à lui assurer la victoire sur un
adversaire déja à moitié mort, et pourtant elle continue à douter. Pour un
humain normal, le doute pousse à agir de façon déraisonnable, et cela à plus
forte raison pour un Berserker... A cet instant, la rage contenue en elle
semble se libérer.
-"... Tu n'aurais pas dû te relever, Aiolos! Car tu ne
pourras rien faire de plus!"
-"Le combat que tu viens de livrer t'a fortement
éprouvée... Cela nous ramène au même niveau."
-"J'en doute... Tu as à peine pu récupérer... Alors que
mes pouvoirs ont été décuplés! "BIG TORNADO!!!""
Cet arcane qu'elle a vu deux fois et que son précédent adversaire
a pratiqué, il lui semble que les gestes lui ont toujours été familiers, et
c'est une tornade d'une intensité comparable qui s'échappe des mains de Lilith.
Aiolos n'a même pas le temps d'être surpris que déja il est propulsé contre un
mur avec violence. Le choc lui coupe le souffle dans un râle, alors qu'il
glisse au sol, manquant de s'effondrer une nouvelle fois.
Enchainant immédiatement attaque sur attaque, Lilith décide
de charger sur le guerrier d'Athéna sans défense. Et alors qu'elle n'est qu'à
un mètre de lui, arrive à son cerveau une sensation de douleur écrasant toutes
ses perceptions, telle une décharge éléctrique enflammant tout son corps.
"Mais...!! que..." agonise la femme Berserker,
alors qu'elle tombe au sol, incapable de bouger.
-"As-tu
oublié ? Je t'ai dit que je serai ta mort..."
Cette voix, Lilith la reconnaît immédiatement.
"SCYLLA!"
La voix a résonné directement dans son esprit, en même temps
qu'une sensation de peur incontrôlable. Réflexe incontrôlable, réaction face à
cette peur, elle serre les dents, tentant deséspérément de rester maîtresse
d'elle-même, de se relever et de reprendre le combat. Face à cela, Aiolos ne
peut s'empêcher de rester perplexe, ne comprenant pas quel phénomène retient
son adversaire. Mais il réalise une chose essentielle. Grâce à ce répit
inespéré, il peut se relever et se remettre en garde. Fait dont son adversaire
pris au piège n'a pas conscience, trop occupée à redevenir maîtresse
d'elle-même.
Et cette fois la situation est inversée, par un deus ex
machina incompréhensible pour les deux protagonistes. L'ironie de la situation,
aussi simple qu'un écrivain qui rectifierait une ligne de scénario sur un coup
de tête, ne parvient pas à leurs esprits en cet instant où la mort et la vie
sont si proches pour l'un comme pour l'autre.
D'un geste qu'on qualifie de réflexe, ceux qui font qu'au
lieu de réfléchir, le subconscient agit directement, Aiolos abat son poing sur
son adversaire qui vient à peine de se relever. Le poing entre en contact avec
le métal, projetant le porteur de l'Armure de la Lamie contre la fresque, comme
si elle rejoignait les innocentes victimes représentées sur les murs.
Aiolos continue son assaut, déployant son énergie, dévorant
petit à petit les ténèbres dans la salle où se livre le combat. Et alors qu'il
charge, son énergie commence à se concentrer sur son poing.
"ATOMIC
THUNDERBLAST!!!"
L'aveuglante sphère de lumière qui lui était destinée fut la
dernière chose que Lilith put voir avant de sentir la terreur l'envahir et de
perdre conscience... à tout jamais.
"Une... Mer de ténèbres ?!"
Sorento vient de voir tout disparaître autour de lui, toute
notion de positionnement dans l'espace, toute lueur, tout son... Excepté la
voix macabre de son adversaire, une voix sans visage semblant venir de partout.
Et à chaque seconde qui s'écoule, Sorento sent un froid fait de l'absence de
vie, un froid de mort s'emparer de son être davantage. Un constat rapide lui
permet de réaliser que le temps qui lui reste s'il ne réagit pas est dérisoire.
-"Te
voila pris au piège, Sorento. De cette mer de ténèbres nul ne peut
s'échapper... C'est là le labyrinthe dimensionnel des Ombres... Au coeur de la
Forteresse d'Azura, où nul ne pourra venir à ton secours."
Sorento serre les dents à cette remarque, réalisant la
vérité dans ces mots. Pourtant malgré la peur, il ne peut se départir de son
habituelle ironie.
-"Dans Azura même... Je devrais presque te remercier de
m'avoir fait avancer, si je n'étais pas pris dans un piège mortel..."
-"Brise donc ce
labyrinthe si tu souhaites tant avancer et rejoindre ton Dieu."
Le guerrier à l'armure d'écailles saisit sa flûte, et entame
une mélodie mélancolique dans les ténèbres, faisant fi de sa condition et du
danger qui le menace...
-"Je n'ai
qu'une seule chance... Si ma tentative échoue, c'en est fini de moi..."
Ces pensées sont les seules qui traversent l'esprit du
Mariner, mais elles ne sont pas accompagnées de désespoir. Et pourtant, il sent
le son disparaître au loin, sans même revenir...
"Inutile,
Sorento... Ce labyrinthe n'est pas si simple... Tu ne pourras pas te repérer au
moyen des ondes sonores... Car elles ne toucheront rien."
Ignorant les mots de son adversaire, Sorento continue sa
mélodie, intensifiant son énergie, émettant une pâle lueur bleue dans cet
espace ténébreux.
Encore et encore, le son et l'énergie se dispersent dans
l'espace vide, et inlassablement Sorento déploie son énergie.
"Tu
continues à déverser ton énergie dans ce tonneau percé tel une Danaïde ? Libre
à toi... Mais ton agonie sera douloureuse."
"DEAD
END SYMPHONY!!!"
Enfin Sorento passe à l'attaque. Mais le coup n'est destiné
à personne, et se répand dans la totalité de l'espace, comme une onde déchirant
la surface de l'eau. Et même s'il ne le montre pas, sa souffrance commence à
atteindre une ampleur telle qu'il est difficile pour lui de se concentrer.
"Tu ne
m'atteindras pas, Sorento... Je te l'ai déja dit. Maintenant à mon tour
d'attaquer. "STRINGER
SLASH!!!""
De nulle part surgissent cinq cordes de lumière pure,
frappant le Mariner de la Sirène. Le métal de l'armure voit les marques de
l'attaque apparaître, mais Sorento semble ne pas avoir senti le coup,
continuant sa musique, comme s'il était entré en transe, oubliant totalement
toutes ses perceptions physiques.
Pourtant son esprit est bien vif, et perçoit qu'il est
impossible de résister longtemps à un tel traitement.
"Je vais
t'apprendre une chose, Erebe... Même dans un univers sombre comme celui là, à
celui dont le coeur est pur, il est possible de créer une étincelle
d'espoir!"
Alors que continue la Dead End Symphony, mélodie mortelle,
se produit ce qui semblait être impensable. Dans l'espace noir d'encre, une
fissure apparaît, laissant passer un mince et faible filet de lumière rouge.
-"Et la
lumière fut...". Ces mots résonnent dans l'esprit de
Sorento alors qu'il sent un poids s'ôter de son esprit et de son corps
affaiblis.
Pour la première fois la surprise se fait ressentir chez le
Chevalier Noir de la Lyre, qui voit ses ténèbres brisées par son adversaire
alors que la brèche s'élargit. Même si son visage est invisible, son mutisme
trahit son angoisse. Et pour la première fois il semble perdre son sang froid,
se rematérialisant devant son adversaire, auréolé d'une lueur mauve, prêt à
frapper.
"Je tente
le tout pour le tout...!" pense Sorento alors qu'il
réalise l'urgence de l'instant. Son corps est à sa limite, et même si cela est
invisible à son ennemi, cela n'en est pas moins vrai.
Et tel un fauve en proie à la furie, Erèbe déclenche à
nouveau son attaque, projetant une myriade de cordes de lumière pure contre son
adversaire.
"STRINGER
SLASH!!!!!!!"
"DEAD
END CLIMAX!!!!!!!!!!!!!!!"
Les deux coups se croisent, restant à égalité un bref
instant, l'énergie d'Erebe contenant celle de Sorento. Et pourtant l'onde
sonore de Sorento finit, d'un coup, par littéralement dévorer l'attaque de son adversaire, déchirant l'espace comme une
simple feuille de papier, réduisant à l'état de lambeaux la barrière
dimensionnelle qui l'emprisonnait.
Epuisé par l'effort et la résistance physique dont il a du
faire preuve, Sorento plie un genou, alors qu'il sent enfin une chaleur
réconfortante après le vide des dimensions. Et il remarque qu'Erebe a disparu.
"Que... Erebe ?!"
"Non... Il n'a pas pu être vaincu par ce seul coup...
Mais alors..."
Tournant le regard de tous les côtés, il réalise qu'il est
dans une pièce en forme d'hémisphère, faite de minerai rouge, ce même métal qui
constituait les murailles externes du bastion maudit. Une pièce ornée par une
fresque familière aux astrologues, car sur les murs et le plafond sont gravées
les 88 Constellations, comme un reflet sombre, représentées autour d'un soleil
noir gravé dans le plafond de la salle.
"Sorento...
Accomplis ton destin et continue la bataille..."
Soudain, alors qu'il pose les yeux sur la représentation de
l'astre, ce dernier se met à luire d'une lueur mauve, aveuglant un instant le
Mariner, tandis qu'une voix résonne dans son esprit, y imprimant ces mots.
"Arès
doit perdre cette bataille... Pour qu'enfin sa vraie nature et les siens
s'éveillent au grand jour!"
Alors qu'il peut de nouveau ouvrir les yeux, Sorento
aperçoit au sol une clé d'ébène, auréolée d'une lueur violette.
"Car ce
jour là, alors l'ultime chaos enfin sera!"
Et la voix s'en fut avec un rire sinistre. Hésitant un
instant, Sorento se saisit de l'objet, sentant qu'il lui était destiné.
"Aiolos! Tiens bon!"
Une main rattrappe un corps paré d'une armure dorée bien
endommagée et l'empêche de s'étaler au sol de tout son long. C'est le Chevalier
du Lion qui vient de retenir son propre frère, épuisé par le combat de
l'instant d'avant.
-"Ai.. Aiolia ? Où en sont les combats ?"
-"J'ai senti les cosmos des Généraux de Poséïdon
exploser un instant puis disparaître... Je ne comprends pas ce qui s'est
passé..."
-"Et... Et les autres ?"
A cette interrogation, le visage d'Aiolia s'assombrit.
-"Les cosmos de Mu et Shaka ont disparu... Et le vieux
maître est entré dans la forteresse peu avant moi. Il est parti voler au
secours des Généraux de Poséïdon, je crois qu'il a compris à quel jeu joue
Arès..."
-"Oui... Le labyrinthe d'Azura est un piège qui se
referme sur tous ceux dont le coeur est possédé par des sentiments négatifs...
C'est... horrible. Je n'avais jamais vu une telle défense. La traverser sera
infiniment plus dur que ce que nous pensions..."
Soudain, un tintement métallique sur le sol.
Les deux frères se retournent, et voient gisant au sol non
loin du cadavre démembré de Lilith une clé rouge sang.
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Encore une fois ce lieu onirique, issu de l'imagination de
cinq êtres supérieurs, qui ont atteint le stade de conscience capable de créer
et tisser la réalité à partir de volonté pure. Les cinq Généraux Démoniaques
d'Arès, les cinq êtres au delà du plan des simples mortels, l'élite de l'armée
de Berserkers d'Arès, tel est leur terrible pouvoir.
"Généraux
de Poséïdon, il est temps pour vous de rendre les armes..."
Ces mots leur étaient addressés, mais chacun des cinq êtres
présents en ce lieu onirique savait qu'ils ne pouvaient pas les entendre.
Enchaînés dans le vide, chacun est en proie à ses démons.
"Leur
désespoir est un vrai délice... Quel dommage de devoir en finir si
vite..."
-"Les
ordres sont pourtant formels... Nous ne devons pas laisser la moindre lueur
d'espoir subsister. Et même si ces trois là ont leurs coeurs rongés par le
désespoir, ils n'en sont pas moins dangereux."
-"Eh bien
profitons de leurs derniers instants en tant qu'humains... Pour eux l'heure est
à la douleur!"
--
Un jeune garçon torse nu aux cheveux et aux yeux d'ébène,
chargeant sur une masse d'ombres, à priori de forme humaine. Un sourire
carnassier, celui d'un fauve qui va tuer et prendre du plaisir. Enfin le
contact, une main qui tranche d'un coup les hommes - hommes ? - tel un dragon
volant. Le jet de sang sur son visage. Ce même geste, ce même mouvement répété
pendant plusieurs minutes.
Quand enfin il ne reste plus rien d'autre que des lambeaux
sanglants, le jeune homme s'arrête, tombant à genoux dans la mare de sang qu'il
a lui-même créee. Et enfin les larmes coulent, mêlées à un rictus nerveux,
propre à ceux qui ont perdu leur santé mentale.
"Tu as aimé ça, hein ? Prendre tant de vies, faire
couler tout ce sang..."
Une voix résonne autour de lui, sans identité, assénant
cette simple vérité. Ces mots semblent lui faire reprendre conscience. Un
battement de paupières, et son regard semble redevenu celui d'un homme normal.
Un sursaut agite son corps.
"Oui, c'est à toi que je m'adresse, Sergueï! Toi qui
noies ta tristesse dans le sang, qui fuis toute émotion à travers le combat!
Toi, le CHEVALIER NOIR DU DRAGON!"
Ces derniers mots sont hurlés, comme pour lui asséner en
pleine face cette identité.
(Sergueï) -"Non!
Je ne... suis plus le Chevalier Noir du Dragon! Je suis devenu le Général du
Dragon des Mers, au service de Poséïdon!"
-"Servitude... C'est bien là le mot. Tu le sers car
pour toi il représente la force. Mais tu te fiches bien de savoir qui a raison
ou a tort!"
-"Non! C'est faux! Je ne suis plus cet assassin
sanguinaire!"
A ces mots, du sol, comme des vers de terres rampants,
s'élèvent les cadavres mutilés de ses victimes.
"Ose nous regarder et prétendre le contraire. Tu es un
assassin, Sergueï. Parce que tu es trop faible pour accepter la réalité autour
de toi, tu te noies dans les combats, devenant une bête sauvage!" réplique
un des cadavres décharnés.
-"NON! Tout ça c'est du passé! Je n'ai plus rien à voir
avec..."
-"Avec toi-même ? Tu t'es donc renié, refoulant toute
cette violence en toi ?"
Une nouvelle fois la voix, presque joueuse, ironique,
s'amuse avec Sergueï, prenant plaisir dans son désespoir.
"Tu avais perdu ton identité, Sergueï. Tu étais un être
qui ne savait pas où trouver sa place en ce monde. Et tu as cru voir la lueur
de l'amitié, celle qui t'a poussé à te rallier aux côtés de Poséïdon et
Athéna."
"Tu as cru être devenu un véritable guerrier de
Poséïdon. Mais cette violence et cette peur que tu as refoulés en toi, au
moment où tu as cru voir ta place en ce monde, elle existe toujours."
"Tu possèdes toujours cette peur, au plus profond de
toi. Et cela est indigne d'un guerrier se disant serviteur des Dieux. Car tu ne
peux pas avoir véritablement foi en lui!"
Ces vérités assénées en pleine face, Sergueï tombe à genoux
dans la mare de sang, le sang de ses victimes, incapable de répondre, prostré.
"Et malgré ton passé, tu t'estimes digne de la
protection de l'Ecaille du Dragon des Mers ? Tu crois que Poséïdon a besoin
d'un guerrier au coeur et à l'esprit souillés comme les tiens ?"
De longues secondes s'écoulent, durant lesquels Sergueï
n'entend que les battements de son propre coeur.
Enfin son poing se serre, il vient de prendre sa décision.
"OUI!"
Relevant la tête, il assène ce cri.
"Oui! Poséïdon a besoin de moi! Même si j'ai un passé
d'assassin, de Chevalier Noir, Poséïdon l'a accepté! Il m'a fait Général en
sachant qui j'étais réellement! Et pour cela, je le suivrai jusqu'au
bout!"
La voix hésite un bref instant, avant de reprendre la
confrontation.
-"Intéressant. Alors montre-moi ce que ton âme qui
refuse d'assumer son côté assassin peut faire pour un Dieu. Une âme aussi
tourmentée que la tienne est trop limitée... Tu es pris au piège dans le carcan
de tes émotions. Et à cause de cela tu ne peux pas faire naître la
lumière."
A ces mots, Sergueï vit l'espace autour de lui devenir
ténèbres. Des ténèbres faites non pas de vide, mais d'une substance qui
semblait aspirer sa chaleur, son esprit, jusqu'à sa propre vie.
"Non... Je ne dois pas... Je ne dois pas céder! Il
faut... Il faut que je..."
La souffrance devient insupportable, semblant à chaque
instant lui ôter sa conscience, mais lui faire sentir au plus profond de
lui-même, appelant cette part de son coeur qu'il avait enfouie il y a bien
longtemps... Un appel presque déchirant.
-"Sergueï..."
Cette fois, une voix apaisante et pleine de sagesse, bien
que puissante. Le simple fait de l'entendre, d'oublier un instant cette
sollitude dans les ténèbres, suffit à dissiper la souffrance.
"Sergueï..."
"Aie
confiance en toi. Quel qu'ait été ton passé, celui que tu es maintenant est
différent. Il est à même de maîtriser la force bestiale, la rage et la peur que
tu as refoulées au plus profond de toi."
Une nouvelle perspective. Cette voix vénérable vient de
faire naitre à nouveau le doute dans l'esprit de Sergueï, mais à l'inverse de
l'autre voix qui le tourmentait, ce doute semble l'apaiser.
-"Est-ce vrai ? ... En suis-je vraiment capable ?"
-"Cela, c'est à
toi et à toi seul de le décider."
Sergueï ne comprend pas le sens de ces mots sur l'instant.
"Tu dois
comprendre que les Généraux Démoniaques et Arès craignaient plus que tout Seiya
et ses frères pour une simple raison... Ils possèdent la véritable force
d'âme."
-"La force de l'âme ?!"
"De part
leur jeunesse et leur innocence, ils possèdent cette volonté, de se surpasser
quoi qu'il arrive, ils possèdent cette force qui leur permet de changer,
évoluer, autant qu'il le faudra pour vaincre un nouvel obstacle... Ils ont
réussi à pleinement accepter chaque facette de leur être. Les Généraux d'Arès
vous croient incapables de ce prodige. Les laisseras-tu dire ainsi ?"
Enfin le jeune garçon comprend. Enfin il entrevoit la
réalité autour de lui, cette réalité qu'il laissait une force extérieure
guider. Et il voit clairement ce qu'il est capable de contrôler, ce qu'il ne
cèdera jamais.
-"Non. Jamais je ne les laisserai décider de ma propre
vie!"
-"Bien. A
présent, accepte l'appel du fond de ton âme, sans crainte! Général du Dragon
des Mers!"
Réalisant enfin la vérité, Sergueï laissa les ténèbres
appeler du plus profond de son être cette part qu'il avait rejetée, qu'il
craignait du plus profond de son âme... Et ne fit plus qu'un avec elle,
déchirant les ténèbres qui l'emprisonnaient.
--
Un autre guerrier, dans un autre monde. Celui là porte une
armure rouge sang, à l'apparence à la fois terrifiante et majestueuse. Devant
lui une cohorte d'au moints cent cinquante hommes, parées des mêmes armures,
l'aspect majestueux en moins. Un ordre est donné, l'armée se disperse,
encerclant une autre armée. L'ennemi. Pour celui qui a donné cet ordre, voir
les hommes se déplacer selon sa volonté, agir selon sa stratégie, prendre en
tenaille "l'ennemi" et anéantir totalement sa défense, voila le
summum de la joie. Car ce meneur d'hommes ne se réjouit que de la beauté
tactique du combat, et non pas du sang.
"Etrange... Jamais je n'ai eu à ordonner à mes troupes
d'agir ainsi... Pourtant cela me semble tellement familier."
L'homme a une réminiscence. Celle d'un temps passé. Et
maintenant alors qu'il baisse les yeux sur sa protection, il s'aperçoit enfin
que ce n'est plus une Ecaille d'Or qu'il porte mais une Armure Sanguinaire. Une
brève surprise s'ensuit, alors qu'il semble réaliser ce qui se passe.
"Apprécies-tu
de revoir ton armure ? Elle ne t'a pas trop manqué, Shiva ?"
Un froncement de sourcils. La méfiance s'éveille chez
l'homme, mais en aucun cas la peur ne se fait ressentir.
-"Qui est là ?"
Cette interrogation résonne dans le vide autour de lui, et
des Berserkers sous ses ordres.
"Nul autre que vous, Seigneur Shiva, Maître d'Arme à la
Lance." répond l'un des soldats.
-"Ce n'est plus mon nom. Je suis Shiva, Général de
Chrysaor aux ordres de Poséïdon."
D'une impulsion de son cosmos il retire son armure, qui
explose en pièces détachées. Au contact entre le métal et le sol, les morceaux
d'armure se réduisent en poussière, confirmant la volonté de leur porteur.
"As-tu
l'intention de me rejeter ainsi ? Quelle froideur..."
répond une voix éthérée, semblant venir des restes de l'armure.
-"La forme de guerre menée par Arès ne possède aucune
beauté, aucune noblesse. C'est un massacre sans aucun sens."
Confirmant ses dires, le décor autour de lui, la bataille
qu'il avait déclenchée, ne laisse plus qu'un champ de ruines où s'entretuent
guerries de camps ennemis.
"Et par dessus tout j'ai une dette à honorer. Envers
Poséïdon. Envers le Chevalier du Dragon. Ce que mon frère n'a pas pu accomplir,
c'est à moi de le faire."
"C'est moi qui purifierai ce monde!"
Par réflexe le guerrier hindou à l'impressionnante carrure,
renforcée par le fait qu'il ne porte aucune protection, tend la main droite, et
en un éclair s'y matérialise la Lance d'Or. En un geste rapide, témoignant de
sa maîtrise des armes, Shiva fait tournoyer l'arme d'or au dessus de sa tête,
avant de déclencher son assaut.
"RAKSESH'S
DOOM!!!!"
Comme si des enfers surgissaient mille démons vengeurs,
chaque guerrier est pourfendu par une lance d'énergie, et disparaît, désintégré
par l'intense lumière émanant de la lance. Une lueur divine.
"Il n'y a rien d'autre à dire. Je suis Shiva de
Chrysaor, Général de Poséïdon."
Le guerrier hindou tourne le dos au champ de bataille et
s'éloigne, majestueux.
--
Une fois encore un autre lieu. Un palais dans une ville
oubliée. Et sur le trône, un homme en armure bleutée. Dans la salle, un homme
en armure de cuir entre.
"Empereur Alexer... Voila les dernières
nouvelles."
"Les Blue Warriors viennent de s'assurer de la loyauté
des gouvernements du Japon, de la Chine et de la Russie."
"Le Sanctuaire en Grèce oppose encore une faible
résistance, mais nous en viendrons bientôt à bout."
Ces mots semblent rappeler le dénommé Alexer à la réalité.
"Que...
Que se passe-t-il ?! Empereur Alexer ?! Mais qu'est-ce que c'est que ces
foutaises ?!"
Un sursaut, comme s'il s'éveillait d'un cauchemar. Et
soudain tout disparaît. Le palais, le trône, son armure. Le laissant seul dans
les ténèbres. Seul.
Non, pas totalement seul. Un regard rapide lui permet de
voir le cadavre de son propre père, fendu en deux de sa propre main.
"Pourquoi... Pyotr... Mon père!"
Choqué un instant par la vue du cadavre, Alexer semble
hésiter. Soudain, l'impossible se produit, le cadavre fendu se relève, se
retournant vers son assassin.
-"Cela est fort simple. Ce que tu as vu, ce sont tes
ambitions démesurées qui par le passé ont failli te dévorer."
-"Non... Hyoga m'a montré le droit chemin... J'ai
renoncé à conquérir le monde. Cela n'a plus aucun sens pour moi!" répondit
un Alexer visiblement paniqué, laissant sa peur transparaître, ainsi que
l'émotion qu'il ressentait face au cadavre de son père.
-"Ces ambitions qui m'ont coûté ma propre vie. Sais-tu
quelle souffrance c'est, de mourir de la main de son propre enfant ?"
répliqua le père, comme s'il ignorait les mots de son fils.
A cela, Alexer ne peut répondre. Non, il ne sait pas quelle
souffrance Pyotr a enduré à sa mort. Ce que son ambition l'a poussé à faire,
aujourd'hui il donnerait tout pour pouvoir l'expier.
-"Je crois qu'il n'y a qu'un moyen pour toi de
comprendre. MEURS!"
Pyotr abattit sa main en un geste qu'Alexer connaissait trop
bien. Pris de remords, il ne réagit pas, fermant les yeux, accueillant presque
la lame de vide qui allait s'abattre sur lui.
"Pardonne-moi,
père..."
La lame allait trancher en deux le corps d'Alexer.
-"NON! Père, arrêtez!" hurle une voix familière,
une voix féminine.
Enfin le contact entre le vide et la chair. Le jet de
sang...
Mais pas celui d'Alexer. Au cri qui a retenti, Alexer a
rouvert les yeux.
"NOOOOOON!!!!!!!"
Et de sa gorge surgit ce hurlement alors qu'il reconnaissait
celle qui avait servi de bouclier de son corps. Natacha, sa propre soeur.
"Natacha! Pourquoi... Pourquoi as-tu ?!"
-"Al... Alexer... Quels que soient tes crimes, tu dois
vivre..."
La voix de sa soeur se fait agonisante, alors qu'il empoigne
sa main, comme pour la supplier de rester avec lui. Alors, une douce chaleur
l'enveloppe. Natacha continue à parler, comme si elle n'avait pas été
mortellement blessée l'instant d'avant.
"Tu ne l'as pas encore compris, mais tout cela est un
rêve... Une illusion qui vise à atteindre ton esprit au vif pour le détruire...
Tu dois te battre pour expier tes crimes et faire face à la mort la tête
haute... Car si tu abandonnes maintenant, alors il ne restera vraiment plus
aucun espoir."
(Alexer) -"Je...
J'ai compris... Merci... Qui que vous soyiez..."
--
"Impossible!
Les chaînes!"
C'est Eris qui lache cette exclamation, constatant que les
maillons de métal rouge sang qui retiennent les généraux sont sur le point de
céder.
"Une
telle volonté... C'est la même brillance... Oui, la même... que ces cinq
Chevaliers d'Athéna! Il n'y a aucun doute!" complète
Jared.
Trois cosmos s'embrasent. Et ceux qui étaient jusque là
inertes, les trois Généraux, laissent exploser leurs énergies, déchirant les
liens enchaînant leurs corps et leurs esprits.
Trois hurlements, trois cris de guerre qui résonnent dans
l'espace. Les trois Généraux de Poséïdon viennent de retrouver leurs esprits.
"Je me
dois de féliciter Shiva qui n'a pas succombé à l'emprise... Et je dois dire que
Sergueï et Alexer ont eu beaucoup de chance que quelqu'un vienne à leur
secours!" tonne Deimos de sa voix divine, qui terroriserait n'importe
quel mortel.
(Sergueï) -"Assez,
suppôt du Démon! Désormais vous ne nous surprendrez plus par vos tours de passe
passe!"
(Alexer) -"Même
si cela n'était qu'un rêve, vous allez payer pour avoir souillé la mémoire de
mon père..."
(Jared) -"Crois-tu donc pouvoir ainsi t'en
sortir, Sergueï ? Vous oubliez que vous êtes à notre merci en ces lieux. Et si
nous n'avons pas pu vous vaincre par l'esprit, c'est par le corps que nous vous
détruirons."
(Sergueï) -"Ne
nous crois donc pas si impuissants. Si vos manipulations mentales ont échoué,
vous n'aurez pas la tâche plus facile en nous confrontant directement!"
D'un signe de tête de Sergueï en direction de ses deux
alliés, il leur fait comprendre son intention.
"Nous
n'avons pas le choix... Il faut la déclencher... Cette technique que Poséïdon
lui-même abhorre!"
C'est la voix de Sergueï qui résonna dans les coeurs de
Shiva et Alexer.
(Alexer) -"Tu tiens donc à te déshonorer
totalement, Sergueï ?!" répliqua le Kraken par le même
biais.
(Shiva) -"Nous n'avons probablement pas le
choix. Pour contrer une énergie divine, il faut utiliser une énergie divine...
Et notre honneur de Général n'a aucune importance s'il permet de gagner la
bataille!"
Une brève hésitation se lit dans les regards d'Alexer et
Shiva, se transformant vite en certitude. Il leur faut user de cette technique,
celle là même qui est considérée comme un blasphème.
"Pardonnez-nous, Seigneur Poséïdon..."
D'une même voix, les trois hommes viennent de prononcer ces
mots, joignant leurs mains en un serment, alors que leurs énergies
s'intensifient, allant bien plus loin que le niveau qu'ils avaient pu atteindre
auparavant, comme si le fait d'avoir affronté leurs terreurs avait repoussé
leurs limites.
(Nemesis) -"Ma
soeur... Cette position, tu as vu ?!"
En effet, les trois guerriers des mers se sont postés en
triangle, joignant leurs mains.
(Eris) -"Impossible!
La position de la Trinité! Ils vont..."
Trop tard, les cinq Généraux d'Arès réalisent quelle
technique leurs adversaires vont utiliser.
"POSEIDON
TIDAL WAVE!!!!!!!"
Tout son, toute perception est étouffée par l'explosion
d'énergie qui déferle dans cet espace.
Trois corps touchent le sol du bastion d'Azura avec
violence.
"Argh!"
Essouflés, le contact avec le sol leur permet de récupérer
leurs forces. Et c'est un bref instant plus tard que les trois Généraux de
Poséïdon se relèvent, constatant qu'ils se trouvent dans une salle immense,
devant une porte immense, dans laquelle l'emblême des deux épées croisées est
gravé, emblême macabre du Dieu de la Guerre. Pour couronner le tout, la porte
est parée de cinq sceaux géants empêchant les pans de métal de bouger, chacun
émettant une lueur rouge sang irréelle et maléfique.
"Ungh... On dirait qu'on s'en est sortis..."
C'est Alexer l'impulsif qui vient de se relever et qui
constate qu'ils ont échappé aux mains des Généraux Démoniaques. Plus surprenant
encore, leurs Ecailles sont intactes, comme si l'affrontement qui les opposait
aux Généraux Démoniaques l'instant d'avant n'avait pas eu lieu.
(Shiva) -"Nos
armures sont intactes... Comme si seuls nos esprits avaient..."
(Alexer) -"Alors
les armes de la Balance nous auraient malgré tout frayé un passage... Mais ça
ne nous dit pas où nous sommes tombés."
(Sergueï) -"Difficile
à dire... On dirait la porte de la salle du trône d'Arès..."
-"C'est cela même."
Une voix calme, pleine de sagesse vient de compléter
l'affirmation de Sergueï. Encore sous le choc de ce qu'ils viennent de vivre,
leur premier réflexe, bien naturel, est de se mettre en garde, et de se
préparer à un nouveau combat.
"C'est là que tout se jouera dans cette bataille."
répond la voix, avant que Shiva ne puisse commencer à considérer l'ampleur de
la structure, et répondre.
Se retournant, les trois guerriers reconnaissent la
silhouette du Chevalier de la Balance. Blessé, son armure endommagée, certes,
mais bien vivant.
(Sergueï) -"Vieux
maître! Ainsi c'est vous qui..."
Le Chevalier de la Balance se tient fièrement, fixant les
trois guerriers de Poséïdon avec un sourire rassurant.
(Dohko) -"C'est
bien moi qui vous suis venu en aide... En réalité vous n'avez pas bougé d'un
pouce même si vous avez cru vous perdre dans les dimensions. Vous avez eu de la
chance d'échapper aux griffes des Généraux d'Arès... Mais vous ne les avez pas
réellement vaincus."
"Chaque Général se terre dans sa tour à l'extrêmité de
la branche de ce pentacle démoniaque qu'est la forteresse d'Azura. Et pour les
atteindre, il faut vaincre les cinq Seigneurs d'Azura..."
A ces mots, Sergueï sent la fureur monter en lui. Ses
adversaires se sont moqués de lui, comme d'un simple jouet. La contraction
visible sur son visage, ainsi que son poing ne sont que de bien faibles
manifestations du tourbillon de fureur qui menace d'exploser en lui.
"Calme-toi donc. Deux des Seigneurs ont déja été
défaits, et je suis persuadé que les autres Chevaliers d'Or en auront bientôt
terminé... De plus, nous avons un soutien plutôt inespéré... N'est-ce pas,
Daniel ?"
A ce nom, les trois Généraux ne peuvent retenir un sursaut
de surprise. Comme pour confirmer les dires du Chevalier de la Balance, de
l'ombre sortit le jeune Chevalier du Renard.
(Sergueï) -"Tu
es complètement fou de t'être jeté dans la gueule du loup avec nous,
petit!" lacha le Général du Dragon des Mers avec une rage non voulue,
causée par sa surprise face à un tel évènement. Il ne s'était même pas aperçu
qu'il aggrippait le jeune garçon par sa combinaison noire comme la nuit.
(Dany) -"Petit
? Laisse-moi te rappeler que je suis aussi un Chevalier d'Athéna! C'est hors de
question que je me tourne les pouces pendant que la Déesse et mes pairs
risquent leurs vies!"
Sergueï ne pouvait qu'admirer la farouche détermination du
jeune garçon, mais ne parvenait pas à croire qu'un si jeune enfant puisse faire
déja preuve d'une telle fidélité et d'une telle force de caractère. Malgré
tout, il tentait de raisonner le jeune Chevalier, tentant d'épargner une si
jeune vie au massacre inévitable qui clôturerait cette bataille. Son poing
serré indiquait à quel point il lui était difficile d'admettre sa décision.
(Sergueï) -"Ne
vas pas alourdir la liste des morts de cette bataille avec ton nom... Que
crois-tu faire alors que tu sors à peine de l'hopital ?"
(Dany) -"Ca,
ça ne regarde que moi. Hélios s'est sacrifié pour me permettre d'arriver
jusqu'ici, alors il est absolument hors de question que je recule
maintenant!"
Ces mots furent crachés au visage du Général en chef de
Poséïdon avec toute la violence que le jeune garçon possédait. Et Sergueï vit
l'étincelle, la rage de vaincre dans l'oeil visible du Chevalier du Renard. A
partir de l'instant où il avait vu cette étincelle, le doute s'éteignit dans
l'esprit de Sergueï. La place de cet enfant était sur le champ de bataille, car
il l'avait décidé de lui-même, et non pas parce qu'on lui avait imposé.
(Dohko) -"Ne
perdons pas davantage de temps. Nous devons prêter main forte aux autres!"
Le jeune Chevalier d'Argent et les Généraux approuvèrent
d'un signe de tête.
(Sergueï) -"Oui."
Alors qu'ils s'approchaient du couloir permettant de quitter
la salle où se trouvait la porte massive qui les séparait d'Arès, Shiva sentit
comme un malaise inexplicable. Comme un appel... comme s'il ne pouvait pas
faire un pas à reculons. Comme s'il ne pouvait pas se détourner d'Arès. Il
sentit les sueurs froides se former sur sa peau.
"Ta
volonté est admirable... Je ne pensais pas avoir à en arriver là. Si tu n'avais
pas déja porté par le passé une Armure de Berserker, il est évident je ne pourrais
rien contre ton esprit et ta volonté invincibles. Malheureusement... Les fils
prodigues d'Arès finissent toujours pas revenir!"
Cette voix, Shiva ne l'a pas oubliée. Car nul ne pourrait
l'oublier après l'avoir entendue ne serait-ce qu'une fois. Phobos, Général
Démoniaque de la Peur en personne vient de s'adresser au Général de Poséïdon,
de sa voix terrifiante et ténébreuse.
-"Que dis-tu ?!"
En réponse, le silence. Et une fraction de seconde plus
tard, Shiva sent du plus profond de lui-même une douleur l'étreindre, une autre
énergie se déployer en lui. Quelque chose qui vivrait en lui et dont l'énergie
se libèrerait seulement maintenant, menaçant de le déchirer de l'intérieur. La
douleur devient si intense que pour la première fois, les traits du Général se
crispent, alors qu'il tombe à genoux en proie à une souffrance qu'il n'avait
jamais connue auparavant.
"Tu as
réussi jusque là à exploiter le pouvoir donné par Arès sans succomber à la
rage... C'est quelque chose que peu de Berserkers sont capables de faire. Quel
dommage que tu aies choisi de servir le mauvais camp. Mais rassure-toi, il est
encore possible de changer..."
Il réalise avec horreur le sens de ces mots. Dans ses veines
il sent un magma ardent s'éveiller, enflammer son corps et sa conscience dans
un hurlement de douleur et de rage.
La rage. Une sensation qu'il avait ignorée grâce à son
enseignement spirituel. Une sensation qu'il comprend trop bien en cet instant,
alors qu'une autre entité au cosmos surpuissant tente de prendre le pas sur
lui.
-"Que le
sang du démon dans tes veines s'éveille!"
Et la volonté de Shiva fut engloutie dans un océan de magma
en furie...