Partie 3 : Argo Navis! Les Armures du Destin
Chapitre 7 : Réveil! L'Ange de la Mort... - Kakusei! Shi no tenshi...
"GHOSTLY BIND!!!!"
Une nouvelle fois l'attaque dévastatrice du Chevalier du Cancer retentit. Encore une fois deux Berserkers sont à la merci de celui qui est considéré comme la Mort elle même, piégés par les esprits vengeurs de leurs victimes.
"Arès... Tes pitoyables soldats en sont pas de taille !!"
D'un geste rapide comme l'éclair, d'une précision divine, sa main décrit la courbe d'une faux et prend deux têtes avant de poursuivre sa course. Le sang aux reflets de flamme jaillit encore en une fontaine macabre.
"Encore ce sang ardent comme le magma... Ainsi tous les Berserkers ont cette substance dans leur corps... Et cet homme... le Général de Chrysaor... Il disait être un ancien Berserker..."
A cette pensée, un sourire cruel se dessine sur son visage. Glissant dans l'air avec la célérité d'un démon, son aura sombre et fantomatique et sa chevelure noire aux reflets de diamant semblent être le noir linceul porté par la Faucheuse, représentation de la mort.
Continuant sa course dans les montagnes d'Asie à la vitesse de la lumière, Kiyoshi sait qu'il s'approche de son but. D'un bond alors qu'il traverse le ciel, sa silhouette se superposant à la lune un bref instant, il aperçoit au sol, éclairé par la pale lueur de l'astre d'Artémis, un cratère béant, le sol teinté de rouge, comme s'il était baigné dans une atmosphère de flammes surnaturelles.
Encore en l'air, il sourit de la satisfaction de celui qui a atteint son objectif, alors qu'il plonge de plusieurs centaines de mètre de haut vers le sol.
"Nous y voila enfin... C'est donc cela la porte vers Azura dont le Chevalier de la Vierge avait parlé!"
Plongeant vers les ténèbres, il s'y dissout pour réapparaître au sol, ce sol semblant souillé de sang et de feu. Les ombres y sont omniprésentes, lui permettant de glisser dans cette absence de lumière comme si sa présence s'y fondait, comme s'il y devenait omniprésent.
Observant le cratère, il distingue une spirale infernale d'escaliers descendant vers les entrailles de la Terre.
"Ainsi pour atteindre Arès il faut passer par une descente aux Enfers... Hin!"
Contemplant le vide sans fin au coeur de ce cratère, le Chevalier du Cancer semble attiré l'espace d'un instant, sentant une pulsion de son âme ressurgir, celle là même qui l'a conduite à tenter de prendre sa propre vie jadis. Son regard alors hypnotisé par le vide se durcit, alors que son but lui revient à l'esprit.
"Ce moment ne viendra que lorsque je serai face à la dépouille d'Arès... Pas avant!"
Descendant l'escalier de pierre rouge sang, le sombre Chevalier d'Or du Cancer frôle le mur, comme s'il tentait de percevoir ce qui était gravé dans la pierre... La haine, la souffrance et surtout... le sang furent les seules réponses. Il ne ressentait que des âmes agonisantes, prises dans la souffrance sans pouvoir rejoindre le monde des morts. D'un geste de dégout, il retire sa main, maudissant presque sa sensibilité supérieure aux émotions humaines...
"Ces tourbillons d'émotions dans lesquels l'humanité se laisse emporter... C'est cela qui les mène à leur perte... Mais..."
Il s'arrête un instant, réalisant la nature de ce qu'il a ressenti. Un sourire se dessine alors sur son visage.
"Oui... Les Berserkers se nourrissent de ces émotions... Le désespoir... La haine... La souffrance... C'est cela qui rend les démons en eux plus puissants..."
Rencontrant deux Berserkers fonçant à la charge sur lui, le Chevalier à l'ame noire comme sa chevelure ferme les yeux, lachant un soupir, et d'un geste élégant, lève la main droite, décrivant une courbe d'énergie pure évoquant une faux. Soudain, rouvrant les yeux, il fonce sur ses ennemis, sa main droite décrivant une nouvelle courbe meurtrière. Alors qu'il vient de prendre deux autres vies, il est déja plusieurs mètres derrière les cadavres de ses ennemis, qui n'ont même pas encore touché le sol.
Continuant sa descente d'un pas calme, Kiyoshi aperçoit dans les ombres les silhouettes de plusieurs dizaines de Berserkers. Contre toute attente, c'est avec un sourire en coin cruel, et irréel, qu'il accueille les soldats d'Arès.
"Enfin... Un véritable défi..."
(Au plus profond d'Azura...)
Arzan est au coeur de sa forteresse, vêtu désormais d'une toge rouge sang, assis sur son trône d'or teinté de sang. La salle où il se trouve, reflète par sa sobriété et sa simplicité qu'elle n'est nullement conçue pour être une oeuvre d'art mais bien une construction de guerre. Néanmoins elle est captivante, envoutante... La couleur, l'aura sanglante qui émane de chaque pierre, de chaque colonne, se perçoit... La violence est pratiquement palpable en ce lieu où sont rassemblés les Berserkers.
"Les derniers préparatifs pour la défense de la forteresse d'Azura sont faits... Il reste des dizaines de cohortes de Berserkers prêts à t'accueillir, Athéna... Toi et Poséïdon, vous allez enfin faire face à la terreur, la vraie... Vos Chevaliers d'Or et Généraux plieront instantanément face à mes plus puissants Berserkers!"
Dans l'obscurité brillaient comme des étoiles de sang les yeux des Berserkers rassemblés.
Alors que résonne le bruit d'une explosion, il sourit.
"Le Chevalier d'Or du Cancer... Le faucheur... Bientôt il sera là lui aussi... Mais avant, le Maître d'Armes de la Masse d'Armes sera son adversaire... Ce combat sera intéressant... Un prélude au massacre..."
Soudain, un homme vêtu d'une armure rouge resplendissante se relève, sentant le regard du Dieu de la Guerre le juger. Finement gravée, elle est ample et recouvre son corps intégralement, tandis que dans son dos se trouvent les deux armes de mort jadis portées par Thrall, tué par le Chevalier du Scorpion.
A cet instant, un des Généraux qui se tenait à ses cotés s'approche discrètement, lui glissant ces mots. C'est Eris, Déesse de la Discorde, maîtresse des machinations qui s'adresse à lui.
-"Seigneur Arès... Pourquoi n'avez-vous pas choisi de lui donner l'Armure Sanguinaire de la Lance ?"
-"Car son ancien porteur est toujours de ce monde... Une Armure Sanguinaire... Une Armure de Berserker est liée à son propriétaire jusqu'à sa mort... Et le fils prodigue reviendra, je n'en doute pas un instant..."
"Shiva... Un combattant exceptionnel, mais malheureusement pour toi, Poséidon... La marque des Berserkers restera sur lui..."
Cette pensée lui fait émettre un ricanement sinistre, résonnant dans sa salle du trône.
"Argon de la Masse, va! Ecrase l'envahisseur sous tes coups!"
La voix d'Arzan retentit, alors que cet ordre est donné. Le guerrier quitte la salle, arborant un sourire carnassier sur son visage encore masqué par les ombres.
(Résidence Kido...)
Onze armures d'or sont réunies. Seule manque à ce tableau l'Armure du Cancer, revêtue par Kiyoshi, nouveau Chevalier d'Or depuis peu. Posées chacune sur un piédéstal, elles semblent entrer en résonnance.
Posées en dessous des Armures d'Or se trouvent les sept Ecailles des Généraux des Mers, des vêtements non moins légendaires. Seule l'écaille des Lymnades arbore de larges fissures. Les autres armures, celle du Kraken, du Dragon des Mers, de Chrysaor et de la Sirène, n'ont que de légeres entailles. Malgré leur état elles semblent elles aussi prêtes à combattre jusqu'au bout, entrant elles aussi en résonnance.
La scène est féérique, les armures des combattants les plus puissants de la planète émettent une lueur dorée, douce, chaleureuse...
Le rayonnement s'estompe alors que la divine Athéna s'approche des protections divines que son sang a jadis ramenés à la vie.
"Nous sommes prêts au combat... Il est temps de mettre un terme aux agissements des guerriers d'Arès... C'est le seul moyen d'empêcher l'éveil des démons..."
Derrière elle se tiennent ses Chevaliers d'Or et les Généraux de Poséidon, accompagnés par Julian Solo, qui bien que blessés sont encore vaillants et capables de combattre une fois encore la mort.
Ils semblent se recueillir avant de partir pour le combat...
Le dernier...
-"Cette bataille sera certainement la dernière que nous livrerons dans cette ère..." dit calmement le Chevalier du Bélier, de sa voix douce et apaisante.
-"Cela ne fait aucun doute... Mais si nous devons mourir, ce ne sera pas avant d'avoir vaincu définitivement Arès..." répond Saga, plein de détermination.
-"Au nom des plus grands Chevaliers que la Terre ait porté... Seiya... Je te jure que nous vaincrons..." jure Aiolia, serrant le poing, regardant le ciel, où il aurait pu jurer voir se superposer les visages des cinq jeunes Japonais qui ont tout sacrifié pour la paix et la justice sur Terre.
-"Que les vies qui nous ont été rendues aient un sens..." lâche un Aiolos qui semblait perdu dans ses pensées, et en proie à la mélancolie qui précède un nouveau combat à mort...
-"Nous ne pouvons pas abandonner tant que nous ne serons pas parvenus à Arès..."
Ces mots, cette fois, c'est Dohko, le plus sage de tous, qui vient de les prononcer. Sagesse en vérité peu utile dans ces instants, où de toute façon le combat est l'unique solution, et il le sait.
A leurs cotés, ceux qui sont maintenant des Généraux de Poséïdon semblent adopter une attitude similaire, se recueillant, perdus dans leurs pensées alors que la bataille approche.
-"Jared... Nous allons encore nous affronter..." pense le nouveau Dragon des Mers.
Le calme et taciturne Sorento ne prononce pas un mot, portant sa flute à sa bouche, entamant une mélodie triste, évoquant un adieu...
-"Cette mélodie..." s'étonne Alexer, émerveillé devant la beauté de la musique.
-"... Pleine de tristesse... Mais de détermination aussi... Sorento... Celui qui sait mieux exprimer ses sentiments en une note qu'en un millier de discours..." commente Kanon, car il sait ce qui est dans le coeur du Mariner.
-"C'est un chant qui prépare à la guerre... Oui, lui aussi, est triste de combattre... Mais tout comme nous il est prêt à aller jusqu'au bout." rajoute le fier Shiva.
Le regard confiant et assuré des Chevaliers d'Or semblent en cet instant porter Athéna. Alors qu'elle ferme les yeux un instant, se concentrant, elle lève son sceptre. Julian Solo, à ses cotés imite son geste, brandissant son trident. Simultanément le sceptre d'Athéna et la pointe du trident de Poséïdon s'illuminent, alors qu'une onde d'énergie atteint les armures.
Répondant au cosmos d'Athéna, huit Armures d'Or s'illuminent, se séparant en pièces détachées accourant vers leurs porteurs. En un éclair les huit Chevaliers d'Or portent déja leurs divines protections, et sont prêts au combat.
Les Ecailles de Poséidon, répondant à l'appel, se séparent également, recouvrant le corps des Généraux.
Posée sur un piédéstal à part, se tient une petite statuette dorée dont l'éclat semble avoir terni avec le temps. Elle représente la déesse de la guerre, tenant Nike dans sa main droite et son bouclier dans la main gauche.
Saori se saisit alors d'une lame dorée, s'entaillant un doigt, et laissant une goutte de son divin sang couler sur la statuette. Au simple contact avec le sang divin, la statuette semble retrouver tout son éclat d'antan. D'une impulsion de son cosmos, Saori entre en contact avec la statuette, lui faisant prendre la forme de l'Armure Divine d'Athéna, se séparant pour recouvrir le corps de la Déesse de la Guerre.
Suivant le même rituel, Julian s'approche de son écaille divine, et pose sa main sur la surface métallique et froide de l'armure. Intensifiant son cosmos, l'aura couleur océan pénètre dans l'armure, semblant lui rendre vie, alors qu'elle explose pour recouvrir le corps du Dieu des Océans.
-"Nous y arriverons... Quoi qu'il advienne... Arès sera vaincu..." pense la déesse, serrant son sceptre.
En un éclair, les deux Dieux et les douze combattants se téléportent, vers leur ultime combat...
Pour empêcher l'Avènement du Démon...
(Portes d'Azura...)
Un cadavre qui tombe au sol, une main gantée d'or couverte de sang qui vient de prendre une vie. Une aura constituée d'ames prises dans la souffrance qui s'estompe alors qu'elle vient de s'enrichir d'une âme supplémentaire.
Maintenant le guerrier aux longs cheveux noirs aux reflets de diamant a achevé la descente des escaliers vers le monde des carnages, laissant derrière lui les cadavres des Berserkers, teintant davantage de sang le sol.
Devant lui se tiennent deux immenses portes de métal rouge sang, à l'aspect sobre.
"La porte vers Azura... Le Monde des Carnages..."
Une fois de plus il libère son cosmos froid comme la mort, délivrant du même coup les spectres sous son contrôle semblant s'échapper de son corps. Obéissant à la moindre pensée de celui qui les maintient encore dans le monde des vivants, les âmes prisonnières forcent la porte d'Azura dans un grincement atroce. Le silence de mort laisse place aux cris des batailles innombrables s'y déroulant éternellement, car ce lieu divin pour tous les guerriers est un éternel champ de bataille...
Le sang y coule à flots... La mort ne peut plus arrêter ni tarir les fleuves rouges résultant des combats.
Les armes se rencontrent dans un choc métallique, se frottant dans une gerbe d'étincelles.
Tel est ce lieu appelé Valhala par les Vikings, où se déroule le banquet des plus grands guerriers, et où ils peuvent continuer à combattre pour l'éternité...
Le lieu, teinté de rouge en tous points... Son ciel est de sang, comme l'apocalypse, le sol est abreuvé du sang des guerriers... Et de perpétuels panaches de fumées obscurcissent le ciel.
Plus qu'un lieu divin de repos pour les guerriers, il s'agit du repaire démoniaque concentrant la haine de tous les plus grands guerriers portés par la Terre. De plusieurs kilomètres se fait ressentir une violente explosion, laissant un panache évoquant un champignon dans le lointain. Le souffle laisse sa longue chevelure noire voler au vent. Néanmoins il ne semble pas impressionné.
"Ainsi c'est là que les criminels qui ont toute leur vie voulu user de l'arme atomique finissent... Là où ils peuvent libérer toutes leurs pulsions destructrices sans même être inquiétés..."
Des forteresses, des ruines sont visibles dans le paysage. La différence entre les deux est mince.
"Une simple question de temps... Ces bastions retourneront à l'état de poussière fort vite... Sitôt cette bataille finie..."
Fixant des ruines, il aperçoit des guerriers en train d'ériger à nouveau un rempart, en une tentative futile à ses yeux.
"Cela ressemble fort au supplice de Sisyphe... Devoir accomplir un travail harassant pour le voir détruit quelques instants plus tard..."
S'avançant au milieu des combats, au milieu d'un paysage mort sans végétation vivante, le regard fixé dans le lointain, le Chevalier du Cancer marche d'un pas assuré. En effet, c'est au loin qu'il aperçoit le but de son voyage dans cet enfer de combats.
Une forteresse infiniment plus majestueuse, éclatante dans les ténèbres, d'un reflet rouge qui eut été majestueux, évoquant le rubis, s'il n'évoquait pas davantage le sang, laissant croire que la construction toute entière était baignée dans ce liquide. Elle semble être la seule que les guerriers évitent, comme terrorisés, ou pris de respect.
Il sourit alors qu'il arrive devant les portes de l'immense forteresse. Elle semble avoir été reconstruite il y a peu, sa forme évoquerait vue de dessus une étoile à cinq branches, chaque pointe terminée par une tour majestueuse et effrayante. Le centre de l'étoile diabolique est constitué d'une tour plus immense et imposante encore, montant jusqu'aux nuages, son sommet disparaissant dans le panache de fumée provenant des nombreuses explosions et combats.
"Voila la forteresse d'Azura... C'est là qu'Arès se trouve... C'est ici que tout se finira..."
Alors qu'il s'approche des lourdes portes du bastion, l'air assuré, un sourire en coin barrant son visage, une violente explosion ouvre les deux battants immenses, le projetant en arrière à plusieurs mètres. Le choc est si brusque qu'il ne peut pas réagir et tombe en arrière au sol.
-"Ainsi c'est donc ça un Chevalier d'Or ? Hahahahahahaha..."
-"Dieu qu'il est pitoyable ce petit..."
-"Il croit que juste parce qu'il a une Armure d'Or sur le dos et qu'il a massacré de la piétaille il peut se permettre de venir défier Arès..."
-"Je crois que ce gamin mérite d'apprendre ce qu'est un vrai combat..."
-"Fais donc comme il te plaira, Argon... C'est à toi qu'Arès l'a demandé..." répond une voix déja entendue.
Kiyoshi serre les dents, encaissant les moqueries des quatre guerriers qui viennent de parler, se relevant. Pour la première fois il se tient devant des adversaires dangereux pour lui. Il ne voit que des ombres, leurs yeux scintillant d'une lueur maléfique, mais il distingue leurs armures amples et majestueuses comme les Armures d'Or. Il s'attarde sur celui qui vient de se faire appeler Argon, ne remarquant qu'à peine le départ des trois autre Berserkers.
Un homme à la carrure imposante, faisant aisément une tête de plus que lui. Dans son dos on voit deux masses d'armes cloutées, visiblement prêtes à être utilisées.
-"Arès m'a envoyé pour être ton adversaire... Il a senti ta présence depuis le départ... C'est admirable de voir une audace pareille... J'ignore pourquoi mais il avait envie de te donner une chance en te laissant arriver jusqu'ici..." lance le Berserker.
Le Chevalier du Cancer semble ne point s'émouvoir de cette remarque pleine de supériorité et de suffisance.
-"Etrange... Ainsi le tout puissant stratège Arès accepte de prendre un tel risque ? Cela me surprend qu'il laisse quelque chose au hasard..." répond le jeune Japonais non sans ironie.
A cette remarque, Argon éclata de rire, d'un rire sinistre qui retentit dans le ciel sanglant d'Azura comme un écho de l'apocalypse.
-"En effet... Mais sache qu'Arès ne prend aucun risque en m'envoyant contre toi... Jamais tu ne pourras nuire à mon maître... Car tu vas mourir, de mes mains! Moi, Argon de la Masse d'Armes, je vais te tuer!"
Kiyoshi ne réagit pas instantanément à cette phrase, fixant son adversaire de son regard vide et pourtant profond comme les ténèbres. La mort. Quelle ironie.
-"Oui, je vais mourir..."
La surprise se lit sur le visage du Berserker, à ces mots semblant annoncer une reddition. Pourtant le Berserker sait que son adversaire n'est pas homme à abandonner. Alors que le poing de Kiyoshi se crispe, c'est avec détermination qu'il complète sa phrase.
-"Mais pas avant d'être devant la dépouille d'Arès!"
Kiyoshi laissa exploser l'énergie qui était en lui à cet instant, pointant son adversaire du doigt. Une horde de spectres jaillit de son armure dorée, se saisissant en un éclair, dans un hurlement irréel du corps d'Argon.
-"GHOSTLY BIND!!!" lance le Chevalier du Cancer.
Le Berserker se prit de panique, voyant surgir de son armure d'autres spectres, l'enchaînant littérallement.
-"Qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu m'as fait ?!"
Kiyoshi gardait toujours son doigt tendu, semblant accuser le Berserker, tout en guidant les spectres.
-"Les âmes tourmentées de tous ceux que tu as tués attendaient l'occasion de pouvoir se venger de toi... Je n'ai fait que leur donner l'énergie qui leur manquait pour cela... Et maintenant je vais exaucer leur souhait et prendre ta vie!"
Kiyoshi tendit son bras droit, donnant l'impression d'une faux, qui se mit à luire telle la faux argentée de la Mort. Fonçant sur son ennemi, le coup fendit l'air, s'apprêtant à trancher à nouveau une tête. Alors que l'onde de choc n'est qu'à quelques centimètres, Argon pousse un hurlement de rage terrifiant en libérant son énergie.
Comme répondant au hurlement, les deux masses d'armes sortent d'elles mêmes de leurs emplacements, pour se loger dans les mains de leur maître. A cet instant, son cosmos explose, déchirant littérallement l'étreinte des spectres, tandis qu'il lance un terrible coup de la masse d'armes vers le Chevalier du Cancer.
-"C'est moi qui vais prendre ta vie !!! "BERSERKER'S CRUSH!!!!!"
Les assauts se croisent, et le choc repousse chaque adversaire. Le guerrier en armure dorée est repoussé de plusieurs mètres par le contact avec l'arme de mort. Son plastron a été sérieusement endommagé, mais a essuyé l'impact. Kiyoshi se relève, secoué, mais sain et sauf.
Le guerrier en armure rouge, le guerrier d'Arès, lui, a du mal à ne pas montrer son état. Le coup a entaillé son plastron au niveau de la poitrine, et le sang chaud coule au sol, toujours porteur de cette étrange lueur maléfique. Pourtant il se tient toujours debout, vaillant.
-"Si son coup m'avait touché de plein fouet, je serais effectivement mort... Mais malheureusement pour lui, je suis plus rapide que ses précédents adversaires..."
Le Berserker brandit fièrement ses deux masses d'armes, prêt à asséner une nouvelle charge. Le Chevalier d'Or semble fixer son adversaire attentivement, daignant enfin lui montrer de l'intérêt.
-"Tu es puissant... Mais tu ne comptes que sur tes 'esclaves' pour immobiliser ta proie et l'achever d'un coup..." annonce le Berserker.
Kiyoshi écoute attentivement, laissant parler son adversaire. Il sait qu'il est différent des autres.
"Ta technique possède cet inconvénient... Elle doit fonctionner du premier coup! Sans cela elle ne marche plus car l'effet de surprise disparaît... La même technique ne marche pas deux fois sur le même adversaire, comme tu le sais..."
Le Berserker sourit alors qu'il révèle ce fait au Chevalier d'Or. Kiyoshi réprime un léger tremblement, réalisant la vérité dans ces mots.
"Utiliser le Soul's Link ne me servira probablement à rien... Prendre son âme ne fera rien de plus qu'en faire une bête sauvage incontrôlable..."
Telles sont les pensées du Chevalier du Cancer alors qu'il regarde le sang écarlate couler au sol, la marque du démon qui vit dans le Berserker, démon encore enchaîné, mais pour combien de temps ? Sa dernière pensée vient de lui donner une lueur d'espoir. Incontrôlable ? C'est peut-être justement là l'unique chance...
-"Je crois que tu ne sais pas tout de moi comme tu le prétends..."
Une nouvelle fois le Berserker se tait, fixant son adversaire d'un regard sondant même son âme, cherchant la vérité. Il attend que son adversaire finisse de parler, car il sait que ses mots ne sont pas vains.
"Il me reste encore un atout en main..." lance Kiyoshi, en guise de provocation, intensifiant son Cosmos.
-"Vraiment ? Eh bien montre moi, Chevalier... Montre-moi donc que je me trompe..."
Kiyoshi intensifie son aura sombre comme les ténèbres, levant sa main droite au dessus de sa tête, tendant son bras. Une sphère sombre s'y forme, semblant aspirer la lumière à elle.
-"Le Nécromancien va prendre ton âme ! "SOUL'S LINK!!!!!!!!""
-"Que... ?!"
Argon s'apprête à charger, quand une sensation l'étreint. De son intérieur il semble se vider. Quelque chose part de lui, sans pouvoir le retenir. Et à la place, une sensation brûlante comme le magma remplace le vide... Tandis que la fureur s'illumine et envahit son corps, tentant de supplanter ce qui reste de sa volonté.
-"A cette puissance, je n'ai pas absorbé totalement son âme... Il doit lui rester une volonté suffisante pour ne pas devenir un monstre... Mais il ne pourra pas esquiver le dernier coup !"
Kiyoshi arme son bras, semblable à nouveau à une faux, et fonce sur le Berserker, prêt à arrêter ce combat d'un simple coup. Mais alors que sa main allait toucher et trancher la nuque du guerrier d'Arès, la douleur envahit son corps alors que le sang reflue dans sa gorge.
"ARGH!"
Il vient de recevoir la masse d'armes du Berserker de plein fouet. Et cette fois le déja bien endommagé plastron de l'Armure du Cancer vient de céder, laissant la chair à nu, éclatant en morceaux d'or qui s'éparpillent au sol. Le Chevalier du Cancer est projeté au sol avec violence.
"Mais comment... Je croyais que...!"
Son adversaire contemple sa proie, allongée au sol, couverte de sang. Sa voix est désormais complètement différente, comme possédée. Il semble haleter, comme si sa circulation sanguine s'était brusquement accélérée, par le simple effet de la poussée d'adrénaline dans son corps.
-"Ahaha... Tu croyais vraiment... gagner ce combat comme ça ?! Tu viens de commettre la pire... erreur de ta vie!"
-"Comment, mais comment se fait-il que... J'ai épargné une partie de son âme, mais... Quelle est cette sensation qui émane de lui ? L'harmonie ?! Il est en harmonie avec..." pense Kiyoshi avec horreur, réalisant quelle faute de calcul il vient de commettre.
-"Hahahaha... Maintenant je vais prendre mon plaisir avant de te tuer!!!!!"
Le Chevalier du Cancer est tétanisé, incapable de réagir face à un tel adversaire. Le Berserker se rue sur lui avec toute sa vitesse, assénant coup sur coup avec les terrifiantes masses d'armes.
"Allez, hurle! Hurle ta douleur! Hahahahahaha!"
Futilement, Kiyoshi interpose ce qui reste de la protection dorée de l'armure, qui encaisse impact sur impact, volant en éclats en quelques instants...
"SOUFFRE!! SOUFFRE ENCORE AVANT DE MOURIR!!!"
Soudain l'armure ne peut plus protéger son torse et ses bras, et c'est la chair nue qui encaisse les coups.
"OUI! PLUS DE SOUFFRANCE!! PLUS ENCORE!! OUI!!"
C'est dans un hurlement de possédé où se lit la jouissance que le Berserker continue à porter ses coups, semblable à un fauve enragé et assoifé de sang, étanchant sa soif.
Encore un coup, plus violent que les autres. Ce qui reste de son casque explose, alors que la douleur à la tête l'étreint, ainsi qu'une autre sensation étrange, qui prend vite le dessus sur la douleur, l'isolant totalement...
Froide. Obscure. Et pourtant familière. Le souvenir d'un couteau traversant ses veines il y a six ans lui revient en mémoire en même temps que cette sensation.
La mort.
Encore un autre souvenir, le jour où il a combattu Angelo du Cancer.
"Encore cette sensation... C'est la Mort elle même ?!"
Il fronce les sourcils, s'apprêtant à répondre à la présence, l'entité, ou l'esprit, qu'importe le nom de celui qui l'interrompt.
-"Eh bien... Cela faisait longtemps, Kiyoshi..."
Ce dernier est interloqué. Il s'agit effectivement de l'esprit qui lui avait autrefois prêté son pouvoir pour vaincre Angélo du Cancer. C'est alors qu'il aperçoit deux yeux dans l'espace noir... Profonds, tristes, mélancoliques...
-"Comme les miens" se surprend à penser Kiyoshi avec surprise.
"... Ainsi c'est toi... La Mort... Tu es encore revenue auprès de moi alors que je viens de reprendre les combats... Je ne sais pas ce que tu veux de moi cette fois, mais ne m'arrête pas! J'ai un compte à régler avec Arès et avec ses guerriers ! Et tu ne m'empêcheras pas d'aller me battre!"
Sur ce dernier mot, Kiyoshi se rue dans le vide ténébreux sur ce qu'il croit être son interlocuteur. Pourtant son poing ne frappe que le vide, alors que le regard mystérieux se matérialise à nouveau derrière lui, à sa grande surprise. Il n'a pas besoin de se retourner pour sentir sa présence.
"Je n'ai nullement l'intention de t'arrêter... Je souhaite juste te prévenir que tu cours au suicide à agir ainsi... Tu ne pourras pas vaincre à toi seul tous les Berserkers... A moins bien sûr que tu ne souhaites que l'auto destruction à travers ce combat..."
La dernière remarque résonne dans son esprit avec un ton d'ironie. Kiyoshi se surprend à sourire en réponse à ces mots, se retournant lentement.
"Hin! Cela n'a aucune importance... Ma vie n'a aucune autre valeur de toute façon... Elle n'est plus rien..."
-"Détrompe-toi... Elle peut encore servir de grands desseins! Ce n'est pas pour rien que je te suis revenu après tout ce temps... Mais assez parlé... Souhaites-tu accroître tes pouvoirs ? Souhaites-tu que ton contrôle déja immense sur la Mort devienne absolu ? Tu deviendrais le Nécromancien Ultime dont tu as été si proche jadis... Et compte sur moi... Tu auras ta revanche sur Arès... Je la souhaite tout autant que toi ! N'oublie pas que nous sommes pareils..."
La proposition et la révélation semblent toucher le Chevalier du Cancer dont le regard s'éclaire. Comme s'il venait de rencontrer son véritable destin. De trouver le sens qui manquait à sa vie.
"Intéressant... Je n'aurais rien à redouter des guerriers d'Arès dans ces conditions... Et même si ma souffrance doit durer plus longtemps... Je serai sûr d'y entrainer mon ennemi avec moi..."
-"Qu'il en soit ainsi, dans ce cas..."
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(Palais d'Arès...)
Dans la même salle sombre aux murs rouge sang, à peine illuminées par les quelques torches, Arès tourne son regard vers les portes de sa salle du trône, comme s'il voyait au loin le combat qui se déroulait. Le regard sévère qu'il arbore, appréhendant les évènements, se mue vite en un regard confiant auquel s'ajoute un sourire cruel.
"Ainsi il vient de se réveiller... Enfin..."
"Et maintenant, MEURS !!!!!"
Le Berserker abat son arme sur sa proie désormais incapable de bouger. Son corps est en sang, et n'est plus recouvert que de quelques restes de la protection appelée quelques instants avant Armure d'Or du Cancer, tant elle est fissurée et désormais éparse.
L'instant où l'arme de mort s'abat. Un choc violent.
Mais pourtant ce n'est pas le crâne du jeune garçon aux cheveux sombres comme
la nuit qui a été touché. L'arme est arrêtée à quelques centimètres de son
visage.
"QUOI ?!"
Alors que ce cri plein de rage et de surprise explose, en même temps une énergie nouvelle, démesurée, s'échappe du corps de celui qui était à l'instant encore aux frontières de la mort.
Une énergie pleine de tristesse, de mélancolie... Et de noirceur... Infinies...
Et c'est elle qui vient d'arrêter l'arme, sans un seul effort.
Le Berserker ébahi n'a pas le temps de formuler ces pensées, que déja son adversaire se relève, majestueusement, en lévitant. Paradoxalement il émet une majesté et une prestance hors du commun, qui ne lui étaient pas familières, et pourtant il est couvert de sang. Son regard semble à peine avoir changé. Il est désormais un puits absolument infini... vers les ténèbres.
"Mais... qu'es-tu exactement ?!"
-"Je te l'ai dit... Je suis la Mort." répond le jeune Japonais d'une voix monocorde.
Ramenant sa main droite au niveau de son torse, en un geste qui lui était familier, ce geste qu'il a décrit maintes fois pour prendre une tête, cette fois une chose diffère fondamentalement.
Dans sa main droite apparaît une épée. Noire comme la nuit. Sa lame est gravée d'inscriptions majestueuses et incompréhensibles.
"Je suis la Mort qui vient pour toi!"
-"C'est... Impossible! Arès était pourtant sûr que..." lache le Berserker, ébahi.
Le Berserker n'a pas le temps d'achever ses paroles que déja la lame de ténèbres vient de prendre sa tête, qui roule au sol.
-"Que je ne pourrai pas lui nuire... En effet, il avait raison... Je viens enfin de le comprendre..."
Celui qui se faisait appeler l'instant d'avant Chevalier du Cancer vient de compléter les paroles de son désormais défunt adversaire d'un ton calme et froid, jetant un regard du coin de l'oeil à sa dépouille... Ses yeux ont changé, de noirs ils sont devenus plus sombres encore, devenant tels un puits vers le vide...
"Mais hélas pour toi, il était également certain de ta défaite... Nul ne peut triompher contre moi, le Dieu des Enfers... Non, je suis DIEU!"
Alors qu'il achève ce mot avec une ferveur irréelle, une armure de nuit, étincellante comme le diamant se révèle à lui, splendide comme un ange, sombre comme son propre coeur. Un Ange de Mort... La majestueuse sculpture couleur d'ébène se scinde, recouvrant le corps du jeune homme.
(Portes d'Azura... Montagnes de Chine...)
En cet instant, les immortelles montagnes de Chine assistent, témoins éternels et muets des évènements à la guerre sans merci qui se déroule. Pourtant, il semble aujourd'hui qu'une accalmie ait eu lieu dans ce conflit sanglant. Mais si désormais le calme emplit les lieux, c'est un calme terrifiant, un calme de mort. Le sol est jonché de cadavres, et il est impossible de distinguer quoi que ce soit dans la brume.
Pourtant une chose vient briser le silence de mort qui règne sur le champ de bataille. Une explosion de lumière et d'énergie se produit, dispersant la brume en un instant. Au milieu de l'aura de lumière, douze combattants se tiennent debout, accompagnés par deux divinités en armure plus étincellante encore que le soleil lui même.
L'homme portant une écaille évoquant un Dragon s'avance, c'est le chef des Généraux, désigné par Poséïdon. Sa cape est ramenée en arrière par le vent, alors qu'il s'approche d'un cadavre.
"Un Berserker..."
L'armure rouge sang et le sang écarlate qui a abreuvé le sol en sont la preuve absolue.
"Incroyable... L'armure est presque intacte..."
"Impressionnant... Il a été tué d'un seul coup... En un simple coup il a été décapité... Comme si la faux de la mort avait..."
Le taciturne Sorento réagit à ce mot.
-"Il n'y a qu'une personne qui soit assez rapide et capable de tuer un adversaire de cette façon...". Tels sont ses mots.
-"Oui..." approuve Sergueï.
-"Kiyoshi du Cancer..."
-"Cet ecervelé nous a largement devancés... Mais pourtant je ne sens pas son cosmos..." ajoute Kanon.
Aiolia regarde au loin, là où la traînée de cadavres se prolonge, alors que son regard se durcit, et qu'il ajoute ces mots.
-"L'inconscient... Il a du être..."
-"Ne survivra que celui qui de tout son coeur veut survivre... Lui souhaitait de toute évidence la mort... Et dans ces conditions, en combat le résultat est certain..."
Le calme Shaka n'acheva pas sa phrase. Un lourd silence commença à s'établir, rendant l'atmosphère du champ de bataille encore plus insoutenable.
Sergueï continua à avancer, suivant la piste des cadavres, semblant ignorer les remarques des Chevaliers d'Or.
Shiva regarda le cadavre, et sentit au fond de lui un malaise inexplicable en apercevant le sang écarlate du Berserker. Comme si quelque chose lui manquait, comme si quelque chose lui avait été arraché. Revenant à la réalité, il s'aperçut que le groupe avait déja avancé.
(Hopital de la Fondation Graad...)
Une chambre d'hopital où cinq adolescents, liés maintenant comme les doigts de la main, reposent dans un profond coma. Si l'éléctro-encéphalogramme n'indiquait pas une activité mentale tendant vers zéro, si leurs corps n'étaient pas couverts de bandages, un infirmier croirait qu'ils sont simplement endormis.
Soudain, un changement s'opère sur les appareils mesurant l'état de santé des cinq Chevaliers. Deux éléctro-encéphalogrammes reprennent vie.
Sur un lit, l'un des jeunes garçons, l'oeil droit couvert de bandages, émet un léger grognement alors que sa poitrine se soulève. Son corps est couvert de quelques bandages, signe qu'il n'est pas grièvement blessé.
"Que... Ce cosmos qui vient de... Kiyoshi... Mon frère... Que s'est-il passé ?"
Son oeil valide s'ouvre, alors que sa vision est encore floue et qu'il réalise où il se trouve.
"L'hopital de la Fondation... Encore ? Mais... Où sont-ils tous ? Leurs cosmos..."
Les perceptions de Dany lui revenaient alors qu'il achevait de s'éveiller. Il réalisa, alors qu'il pouvait sentir la présence des Chevaliers d'Or et d'Athéna à des milliers de kilomètres d'ici.
"Ils sont partis... Combattre encore une fois ? Même Athéna est avec eux... Qu'est-ce que ça signifie..."
Entendant un léger gémissement à sa droite, il tourne sa tête dans cette direction. C'est Hélios, qui semble également reprendre conscience.
-"Hélios ? Toi aussi tu..." interroge le jeune Chevalier, espérant une réponse.
Le jeune Chevalier de Bronze de la Couronne Boréale se réveilla totalement en entendant ces mots.
-"Dany...? C'est toi ?"
Se levant avec difficulté, les deux jeunes garçons enfilèrent en hâte leurs vêtements, laissés là à leur attention. Un lourd silence s'installa entre les deux compagnons.
-"Dany..."
Le Chevalier de Bronze de la Couronne Boréale fut le premier à le briser, le Chevalier du Renard lui laissant le temps de finir sa phrase.
-"Tu comptes aller les rejoindre, n'est-ce pas ?"
Le jeune Chevalier du Renard détourne le regard, incapable de regarder en face son ami, laissant peser un lourd silence de nouveau.
-"Je sais ce que tu ressens... Tu ne supportes pas d'être inutile dans ces moments..." répond Hélios, d'un ton conciliant.
Dany crispe son poing de fureur, serrant les dents, réalisant combien les mots d'Hélios sont justes.
-"Il faut... Nous devons aller les aider..."
-"Que penses-tu que nous puissions faire avec nos forces ?" demande le jeune Chevalier de Bronze, conscient de la réalité du combat qui se déroule en ce moment.
-"Qu'importe ce que nous pouvons faire ou pas! Nous devons... Nous devons agir... Je refuse de rester aussi inutile maintenant..." réplique Daniel.
L'expression du jeune garçon s'assombrit à ces mots.
-"Oui... Mais même si nous pouvons rejoindre les Chevaliers d'Or... Ce que tu comptes faire équivaut à un suicide pur et simple..."
Le Chevalier du Renard ne réagit pas, gardant une expression sombre.
"C'est à cause de ton frère, c'est ça ?"
Cette remarque fait sursauter le jeune Chevalier du Renard, le laissant incapable de répondre sur l'instant.
"Tu as donc décidé... Et je sais que dans cette situation, rien ne pourra t'arrêter."
Dany sourit. Une fois de plus il allait faire face à la mort, comme il l'avait déja maintes fois fait dans le passé. Un sourire ironique et amical se dessine sur le visage du Chevalier de Blue Graad.
-"Il est temps de partir... Allons-y!" réplique le jeune Chevalier, comme si de rien n'était.
Hélios reste interdit à cette remarque, fixant son ami les yeux écarquillés.
"Je sais très bien que toi aussi tu veux te battre... C'est pas la peine de le cacher!"
-"C'est donc si simple pour toi de le voir ?"
-"N'oublie pas à qui tu as affaire, Hélios... Et rassure-toi, je n'ai pas l'intention de mourir inutilement là bas..."
(Portes d'Azura...)
Un escalier sphérique en pierre rouge sang... Semblant descendre dans les entrailles de la Terre elle-même. C'est par ce chemin sanglant jonché des cadavres des Berserkers inférieurs que sont passés les douze guerriers les plus forts de cette planète, accompagnés de deux des Maîtres de l'Univers.
Ils sont maintenant face aux portes d'Azura, le Monde des Carnages. Deux simples plaques de métal sans aucune gravure, faites uniquement dans le but de garder le royaume d'Arès. Chose étonnante, elles sont déja ouvertes, donnant sur le sanglant Monde des Carnages.
-"Ainsi il serait arrivé ici avant nous... Le Chevalier du Cancer..." pense Athéna, observant les portes ouvertes, témoins du passage d'un guerrier.
"AINSI VOUS VOILA ENFIN, ATHENA... POSEIDON..."
Une voix grave et familière rententit dans l'espace avec un écho, une voix divine que tous reconnurent en un instant.
"SOYEZ LES BIENVENUS EN CE ROYAUME QUI EST LE MIEN... HAHAHA..."
Julian Solo recula d'un pas, fixant la direction d'où provenait la voix avec colère, serrant les dents.
-"ASSEZ ARES! Tes crimes vont s'arrêter ici et maintenant!" répliqua-t-il sans hurler, mais d'une voix qui aurait fait frémir même le plus vaillant des guerriers, d'une voix de stentor du Dieu des Océans sortit avec une intensité irréelle, égalant celle du Dieu de la Guerre.
"MA FORTERESSE SE TROUVE NON LOIN D'ICI... MAIS SACHEZ QUE VOUS AUREZ TROIS LIGNES DE DEFENSE A FRANCHIR POUR M'ATTEINDRE..."
Cette fois ce fut au tour d'Athéna de réagir aux mots acides et sarcastiques du Dieu de la Guerre et de la Destruction. Son regard se durcit, pour la première fois, retrouvant toute la haine qu'elle éprouvait à son encontre. Chaque combattant tourna ses yeux vers la Déesse de la Guerre et de la Sagesse. Ce sentiment qu'elle abhorrait, qu'elle s'était obstinée à refuser...
Julian réalisa. Jusqu'à il y a peu encore elle n'était pas capable de réellement haïr. Elle refusait de haïr le Dieu de la Guerre malgré ses crimes. Sa miséricorde l'en empêchait. Et maintenant qu'Arès avait frappé ce qui était le plus cher pour elle, une barrière en elle avait cédé. Elle avait renoncé à toute pitié à l'encontre du Dieu maléfique. Pour la première fois depuis des millénaires, Poséïdon sentait émanant d'elle cette émotion qu'il n'aurait jamais cru possible en elle... Ce sentiment qu'elle avait toujours dompté...
Et qui maintenant la portait... Oui, c'était la haine... Mais la haine qu'on éprouve face au mal absolu, au mal qui souhaite tout détruire... Celle qui naît du désir de protéger quelque chose.
-"Arès... Arès... Combien d'hommes encore devront verser leur sang avant que ta soif soit satisfaite ?!" lance Athéna d'une voix qui n'avait rien à envier à celle de Poséidon.
"HAHAHAHA... ATHENA, MA CHERE SOEUR... MAIS C'EST L'HUMANITE ENTIERE QUI VERSERA SON SANG... DANS LE SANG ELLE EST NEE, DANS LE SANG ELLE A VECU, DANS LE SANG ELLE MOURRA... POUR PERMETTRE SA RENAISSANCE, PLUS FORTE ET PURE QUE JAMAIS!"
La voix divine qui parvenait aux oreilles des combattants était effrayante. Le ton était celui d'un guerrier, froid, calculateur et fanatique... Et les mots qu'elle véhiculait annonçaient un cataclysme, bien qu'énoncés comme si cela était la chose la plus simple au monde.
"SI TU TIENS TANT A M'EMPECHER D'ACCOMPLIR MES PROJETS, ATHENA, VIENS... MAIS AVANT TU DEVRAS VAINCRE MES MAITRES D'ARMES... PUIS LES SEIGNEURS D'AZURA GARDANT LA FORTERESSE... ET ENFIN VAINCRE MES TERRIBLES GENERAUX DEMONIAQUES GARDANT LA TOUR OU JE ME TROUVE... A CES SEULES CONDITIONS TU POURRAS VENIR ME DEFIER FACE A FACE..."
Le visage d'Athéna sembla se détendre un instant, gardant encore l'expression de colère intense, difficilement contenue.
-"Fort bien Arès... Nous allons jouer à ce jeu selon tes règles..." réplique Athéna, d'une voix glaciale.
Si la voix avait pu sourire, Athéna était persuadée qu'elle l'aurait fait.
"Mais quoi qu'il advienne je m'assurerai que de cette bataille tu ne retires pas davantage de puissance!"
Silence. La voix ne put rien trouver à répondre. Si elle avait eu un visage pour afficher sa surprise, il aurait été déformé de stupeur, attendant de voir la réaction de la déesse.
Le halo doré, le divin cosmos d'Athéna s'éleva alors, brasier ardent au milieu des ténèbres sanglantes d'Azura. Soudain autour des combattants divins, tout se figea. L'atmosphère de guerre et de haine qui jusque là étouffait cet endroit semblait s'estomper, cédant place à la détermination guerrière d'Athéna, et à son désir de protéger l'humanité. L'énergie sembla se concentrer un bref instant sur son sceptre, rendant l'emblême de Niké tel un soleil dans le monde d'obscurité qu'était Azura.
D'un geste énergique, elle planta le symbole divin de la Déesse de la Victoire dans le sol, alors que toute son énergie se libérait dans le sol, dans l'air, étendant l'influence d'Athéna jusque dans le territoire du Dieu de la Guerre. L'énergie semblait se diluer dans l'air, lutter contre celle d'Arès sur l'ensemble du démoniaque Monde des Carnages.
"Vois, Arès... Ainsi tu ne pourras influencer le cours de la bataille... Ni te nourrir de la souffrance et de la douleur de la guerre comme tu l'as tant de fois fait!"
Chaque combattant sourit, comprenant ce que la Déesse de la Sagesse était en train de faire. C'était si simple. Quand deux forces de même intensité sont face à face, une simple soustraction suffit à simplifier l'équation...
Et c'était cela même qui se produisait en cet instant sous les yeux ébahis des douze combattants. La force d'Athéna annulait celle d'Arès, faisant d'Azura un terrain neutre où ni l'un ni l'autre n'avait le dessus.
La voix du Dieu de la Guerre ne trouva rien à répondre. Un grognement, signe d'agacement se fit entendre, se muant rapidement en un léger rire.
"JE TE FELICITE, ATHENA... TU ES REELLEMENT SURPRENANTE ET PLEINE DE RESSOURCES... NOTRE DUEL SERA... INTERESSANT..."
La voix s'estompa. Dans sa divine armure, Athéna fixait au loin la forteresse dissimulée dans la brume. Le ciel rouge sang semblait devenir chaque instant plus clair, prenant une teinte grisâtre.
Athéna semblait épuisée par l'effort qu'elle venait de fournir. Poséïdon s'approcha d'elle, la soutenant.
-"Tu es folle, Athéna... Cela va épuiser une part immense de tes forces pour le combat contre...". L'Empereur des Mers prononce ces mots d'un ton inquiet, presque comme un reproche.
Le Dieu des Océans fut coupé par un simple geste. Elle avait posé sa main sur la sienne.
-"Ne t'inquiète pas... C'est pour cela que tu es venu avec moi... Pour le combattre si je devais échouer... Mais je ne regrette pas ce que j'ai fait... Pense à ceux qui combattront pour nous aujourd'hui... J'ai fait cela afin de leur donner toutes les chances dans cette bataille."
Julian ne put répondre sur l'instant.
-"Il est temps de combattre, maintenant..."
La voix semblait encore lasse, mais se voulait déterminée et rassurante. La marche des défenseurs de la Justice et de l'humanité reprit alors.
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(Montagnes de Chine...)
Deux silhouettes se déplaçant à une vitesse irréelle, bondissant au milieu des forêts, et des montagnes.
"Alors, d'après toi, on en est à quelle distance ?"
-"Difficile à dire! Mais je pense qu'on est plus très loin maintenant! Tout au plus 100 kilomètres! C'est là que leurs cosmos ont disparu, il n'y a pas de doute!"
Deux voix d'adolescents viennent d'échanger ces mots alors qu'ils se déplacent avec une célérité comparable à celle d'Hermès, le messager des Dieux.
Soudain, ils atteignent le lieu d'où toutes les énergies démoniaques partent. Le cratère au sol teinté de sang, illuminé d'une lueur irréelle, désormais jonché des cadavres des Berserkers. Regardant le centre du cratère, semblant s'enfoncer en une spirale infernale d'escaliers descendant dans les entrailles de la Terre, ils échangent un regard, acquiesçant l'un et l'autre à la meme question silencieuse.
L'instant qui suit, les deux garçons bondissent dans le cratère, attirés irrésistiblement vers ce vide sans fond... Là où tout se joue.
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(Azura... Monde des Carnages...)
-"Ainsi voila la première ligne de défense du Dieu de la Guerre..."
Ainsi vient de parler Saga, Chevalier d'Or des Gémeaux. Il semble inquiet à la perspective des combats qui les attendent.
-"Ces minables t'impressionnent ? Hin!"
Ces mots acides, c'est le jeune frère de Saga, Kanon, qui vient des les prononcer, démontrant deux choses. Premièrement, qu'il ne combattra pas côte à côte avec quelqu'un qui craint le combat, deuxièmement, que lui, n'a pas peur. Et c'est à ces mots que se présentent trois Berserkers devant eux, sur ce sol mort et abreuvé de sang, imposants et puissants.
Le Chevalier des Gémeaux, Saga, quant à lui, n'est nullement impressionné par les trois guerriers. Mais il ne comprend pas la réaction de son frère jumeau, et ne peut que repenser au combat contre les Furies... Il ne peut que ressentir cette angoisse et cette sollitude, celle d'un lien qui a été tranché... au prix du sacrifice des trois démons de l'armée d'Eris...
Deux guerriers se tiennent devant lui, vêtus d'armures rouge sang étincellantes, dissimulant jusqu'à leur visage. Leurs armures se complètent d'une cape, signe de haut rang parmi l'armée des Berserkers. Un troisième semble se tenir à l'écart, adossé à un arbre mort. Il est vêtu d'une armure sombre éclatante, parée d'une cape noire. Son visage est familier à Aiolia.
"C'est cela même, Chevalier des Gémeaux... Nous sommes les Maîtres d'Armes..."
-"Akaryu, Maître d'Armes au double Katana..."
Le guerrier venu d'Asie révèle ses deux armes, fixant le Chevalier de la Balance de son regard de prédateur. Il vient de choisir son adversaire. Dohko frémit à ce nom, ainsi que le Général Sergueï, le Dragon des Mers.
"Akaryu... Le Dragon rouge... L'eternel ennemi du Dragon de Rozan... Shiryu, il serait ton adversaire, si tu étais là..."
Telles sont les pensées du Général de Poséïdon qui s'apprête à avancer d'un pas. Pourtant il est arrêté par un simple geste de la main du Chevalier de la Balance.
-"Non, Sergueï... Ce combat n'est pas le tien... N'oublie pas ta mission..."
Serrant le poing de frustration, le Général acquiesce.
-"Oui... C'est vrai..."
"Nous sommes la dernière chance pour aider le Seigneur Poséïdon et Athéna... Face aux Généraux Démoniaques... Mais ils sont cinq... Jared, Eris, Nemesis, Phobos et Deimos..."
C'est l'angoisse qui étreint alors le Général, incapable d'imaginer à quoi ressemblera le combat contre des divinités mineures. Car c'est bien là la pire chose pour un guerrier, faire face à un ennemi dont il ne peut pas évaluer la puissance par son expérience.
"Shiryu... Toi et tes compagnons... Vous aviez la force pour faire face à des Dieux... Je prie pour en avoir ne serait-ce qu'un centième face à ces démons... C'est en votre nom que nous nous battrons jusqu'au bout aujourd'hui..."
C'est alors que le second Berserker s'avance.
-"Conan, Maître d'Armes à la Hache!"
Le regard du barbare armé de la hache se pose sur le Chevalier du Bélier. C'est lui qui sera son adversaire, car il vient de le décider maintenant. Le Chevalier du Bélier s'approche, répondant silencieusement à l'invitation du Berserker.
Le dernier des Berserkers, celui là même qui se tenait dans l'ombre il y a encore un instant s'avance à son tour.
-"Némée, Chevalier Noir du Lion, Maître d'Armes de l'Epée!"
Le regard fou et assassin du sosie d'Aiolia aux cheveux sombres comme les ténèbres se pose sur le Chevalier du Lion. Un combat prédestiné. En réponse le Chevalier du Lion fronce les sourcils, se préparant déja à combattre son pire adversaire. Un démon qui a partagé toutes ses pensées et qui le connait mieux que personne. Son propre démon.
-"Bien... Athéna, Poséïdon... Avancez, nous nous occupons d'eux..." annonce Dohko.
-"Dohko... Mu... Aiolia... Grace à vous nous réussirons à atteindre la forteresse d'Arès sains et saufs..." pense la déesse avec un sourire reconnaissant.
Regardant un instant ses trois Chevaliers d'Or sur le point de combattre, Athéna reprend sa route, suivie des combattants restants, s'approchant inexorablement de l'immense construction qu'est la forteresse d'Arès.
Cinq tours constituant la périphérie de la forteresse, disposées en un pentacle, sur une fortification circulaire. Les tours gardées par les Seigneurs d'Azura, certainement, eux mêmes gardant les terribles Généraux Démoniaques. Et au centre de cette construction démoniaque et guerrière, une tour plus immense encore, comme un donjon, très certainement l'antre d'Arès. De cette tour visible à des kilomètres, émanait le cosmos démoniaque d'Arès, plein de sa froideur calculatrice et de son désir guerrier. Même depuis qu'Athéna avait figé l'influence d'Arès sur Azura, même maintenant que l'atmosphère était devenue neutre, de cette forteresse visible dans le ciel rouge, s'élevant du sol mort émanait toujours l'impression de mal absolu.
Aiolia regarda Athéna s'éloigner, avant de se retourner vers son adversaire, affirmant sa détermination à travers ces mots, serrant son poing alors que son aura dorée l'enveloppait une nouvelle fois.
"Tu voulais livrer ce combat contre moi, Némée... Voila l'occasion que tu attendais tant."
Le Berserker répondit à la froide remarque du Chevalier du Lion par un sourire cruel
-"Hin! C'est vrai, jusque là je n'étais qu'une part de ton âme... C'est tellement drôle..."
Alors qu'il complétait sa phrase, l'éclair de folie furieuse brilla dans son regard déja totalement injecté.
"De pouvoir te voir face à face... de pouvoir combattre contre toi dans la réalité!"
Le Chevalier du Lion fronça les sourcils, se mettant en garde.
"Ce corps... Je ne peux croire que tu aies trouvé un hôte qui me ressemble ainsi comme deux gouttes d'eau. Ou alors, le Destin est ma foi fort joueur."
L'interrogation était sincère. Le Chevalier du Lion ne comprenait réellement pas comment une telle chose était possible.
-"Nous allons juste dire... que les lois de la réalité ne s'appliquent plus à nous autres Berserkers dans leur totalité. Cet imbécile de Slayer de l'Assassin allait mourir, alors je lui ai... demandé de me laisser la place. Et tu as décidément la mémoire courte, car tu as déjà été témoin au moins une fois de ce phénomène, et je le sais..."
-"Quoi ?! Mais quand-" s'interroge le Chevalier du Lion, réalisant que Némée et lui partagent les mêmes souvenirs. Oui. Saga. Dans la chambre du Pope, lorsque ses cheveux avaient changé de couleur...
Les yeux du guerrier d'Arès s'illuminèrent comme ceux d'un démon alors qu'une aura rouge sang l'enveloppait, soulevant sa cape noire, révélant davantage l'éclat de l'armure sombre qu'il portait.
Elle étincellait d'une lueur que le Chevalier du Lion connaissait... Elle était d'un noir si profond... Profond comme...
Ce détail frappa alors Aiolia, réalisant qu'il ne portait pas une Armure Sanguinaire.
"Mais...! Cette Armure... Oui... J'en ai déja vu de semblables... C'est...!"
-"Alors, que t'arrive-t-il ?! C'est mon armure qui te surprend ? Eh bien oui... Ce n'est pas une Armure de Berserker... Mais bien un Surplis, une Armure Noire offerte par Hadès!"
Ce mot résonna dans la tête d'Aiolia, qui sur l'instant ne put réaliser toutes les implications de telles paroles.
"Un Surplis ?! Mais alors...!"
Encore surpris par les paroles de son adversaire, Aiolia resta bouche bée un instant.
-"Je ne vais pas perdre mon temps à t'expliquer..."
Il s'approcha d'un pas vers son adversaire encore sous le choc.
-"Moi même je ne sais rien de ces armures, mais cela m'est totalement égal..."
Son poing se crispa, son sourire se mua en un rictus assassin, révélant ses dents... Son cosmos s'embrasa une nouvelle fois avec violence, soulevant la poussière autour de lui.
-"...CAR TU VAS MOURIR!!!!!! "DARK LION'S FURY!!!""
Chargeant comme un fauve enragé, le Lion Noir se rua sur son sosie, le poing droit prêt à s'abattre et à lacérer le corps de son adversaire. De sa main partirent des centaines de millions de jets de ténèbres, semblable à l'Eclair Foudroyant. Aiolia vit fondre sur lui le mur de ténèbres, trop surpris pour réagir. Chaque coup s'imprima dans son armure, lui permettant de mesurer pleinement la force de son adversaire et sa rapidité à la douleur et au nombre des impacts.
"Quelle force... Mais...!!!"
Quelque chose de familier se faisait ressentir dans le rythme des attaques qui étaient portées contre lui.
"Oui... Son attaque...!"
Quelque chose qui à chaque instant s'amplifiait, qui à chaque impact enregistré par ses sens se précisait.
"C'est ça... Son attaque est..."
Il réalisa, l'évidence se trouvant sous ses yeux.
"Elle est totalement identique à la mienne! Si tu crois me vaincre de cette façon, tu te trompes... Si tu penses de la même façon que moi ta technique est hélas imparfaite!"
L'armure divine qu'Aiolia portait encaissait coup sur coup, absorbant les chocs tandis que son porteur se relevait tant bien que mal au milieu du maëlstrom de ténèbres, l'assurance visible dans son regard. Le Berserker qui se tenait face à lui continuait de projeter de son poing droit ses coups, un rire sinistre s'échappant de sa bouche.
-"Dark Lion's Fury... Quel nom plein de vanité, pour désigner une technique pareille!"
Aiolia lacha un rugissement, en accord avec son signe zodiacal, faisant exploser son cosmos.
"Seiya me l'a démontré... Ma technique n'est pas parfaite... Loin de là... Ma façon de porter mes coups a une faille! Et toi tu ne pourras pas esquiver!"
D'un geste, Aiolia arracha ce qui restait de la cape immaculée attachée à son Armure du Lion, bondissant vers le mur de rayons sombres, fondant dans le dédale de ténèbres avec agilité et assurance, sachant par avance où son ennemi allait frapper.
Le Berserker sembla surpris par la tournure des évènements, intensifiant son attaque sur le Chevalier du Lion, alors que son regard s'injectait d'une lueur rouge une nouvelle fois. Ce fut un mur d'un milliers de coups qui partit dans la direction du guerrier en armure dorée étincellante.
Totalement concentré, le Chevalier du Lion percevait chaque coup. L'image de chaque coup du mur de ténèbres s'imprima sur sa rétine, alors que le vent provoqué par les assauts mettaient son ouïe et son toucher en alerte. Usant de la connaissance parfaite de l'attaque, il sentait avec une précision effrayante chaque assaut, l'esquivant, avançant davantage.
Némée avait beau intensifier son assaut, son mouvement était clairement lu par son adversaire.
"Je connais par coeur ta façon de porter les coups! Vois la vraie force du Lion! "PAR L'ECLAIR FOUDROYANT!!!!!""
Cette fois, ce fut un mur de lumière pure qui partit des mains d'Aiolia, déchirant littéralement le mur de ténèbres crée par Némée. Avec une vitesse inouïe, la barrière de lumière s'abattit sur le Berserker, le submergeant en un instant, comme pour l'engloutir. Au coeur de l'assaut, le Berserker sentait chaque coup s'imprimer dans son corps avec une violence rare, chacun mettant la résistance de son armure à l'épreuve, déchirant sa cape noire en un instant.
La fin de l'assaut.
Deux adversaires dont les positions se sont inversées. Aiolia, vêtu de son armure plus puissante que les Armures d'Or se tient debout fièrement, malgré la sueur sur son visage et les égratignures témoignant de l'assaut intense. Il fixe son adversaire, vêtu de la réplique maléfique de ce qui était l'Armure d'Or du Lion, et qui est maintenant une Armure Divine. La scène est digne d'une fresque, deux êtres identiques et pourtant totalement opposés face à face, l'un défendant le Bien, l'autre le Mal. Un vainqueur et un vaincu. Car en cet instant c'est bien ce qui est visible.
Le Berserker a été surpassé sur le plan technique par son double, et il semble en éprouver une certaine honte, amplifiant sa fureur.
-"Aiolia... C'est une chance pour toi d'avoir cette armure... Je n'ai pas compris comment ton armure a pu se transformer ainsi... Mais cela n'a aucune importance après tout..."
Cela rappela à Aiolia l'instant où son cosmos s'était uni à celui de son frère Aiolos. Cet instant où ils sont entrés en communion totale, fusionnant leurs énergies en une pour repousser l'esprit du Berserker, réveillant par là même le pouvoir latent du sang d'Athéna dans son Armure.
-"Tu as raison... Seul le combat compte pour le moment..." répliqua le Chevalier.
Aiolia se remit en garde, attendant l'assaut de son adversaire. Ce dernier fit de même. La première manche venait de se dérouler, et chacun avait réalisé que le premier qui passerait à l'assaut signerait son arrêt de mort. Car l'autre pourrait alors prédire son mouvement et lancer une contre attaque qui s'avèrerait fatale... Aiolia venait de remporter cette manche haut la main, mais il savait que ce n'était qu'à son armure qu'il devait sa survie.
Les deux Lions continuaient à se fixer, l'un au regard plein de noblesse, de chaleur humaine et de lumière, l'autre semblable à un fauve enragé, aux yeux rouge sang. Chacun attendait une ouverture, alors que les vents d'Azura continuaient à soulever la poussière, balayant leurs cheveux.
Soudain, une nouvelle fois le rictus assassin apparut sur le visage du Berserker, alors que son regard fou s'illuminait. Ramenant sa main droite en arrière, son cosmos s'y concentrant, un éclair fit apparaître quelque chose qu'Aiolia ne put voir sur l'instant dans sa main droite, mais qui allait s'abattre sur son armure. Et cela il en était certain.
Némée fondit sur Aiolia à la vitesse de la lumière, abattant son arme sur son adversaire dans un hurlement de rage où se mêlaient folie et extase. Ce ne fut qu'à la dernière seconde qu'Aiolia réalisa ce que son double tenait dans ses mains. Et il fut trop tard pour espérer tenter une esquive.
Le choc. Un impact violent, soulevant la poussière autour des deux combattants tandis qu'un casque doré fendu en deux tombait au sol, accompagné de quelques gouttes de sang.
La lame de l'Epée Démoniaque était piégée dans les mains du Chevalier du Lion, retenue non sans difficulté. Aiolia émit un grognement alors que le sang coulait de son front, inondant ses yeux. Il peinait à distinguer son adversaire de ses yeux maintenant.
-"Argh... J'aurais du me méfier... Le "Maître d'Armes de l'Epée"...!"
D'un geste vif, le Berserker recula, dégageant son épée de l'emprise de son double, se préparant à asséner un second assaut.
"Une arme en gammanium pur... Elle a fendu mon casque si facilement... C'est comme si Excalibur elle-même s'était abattue sur mon armure..."
-"Si tu portes une Armure Divine, moi je possède une des épées forgées pour l'armée d'Arès, celle que porte le chef du régiment des Ombres!"
-"Nous revoila donc au point de départ... A égalité..."
Ces mots sont prononcés avec calme, malgré le sang qui macule les yeux du Chevalier du Lion.
Némée révéla ses dents en un sourire carnassier à ce mot. Le sourire de celui qui sait que son adversaire vient d'énoncer une vérité, le sourire de celui qui a encore un atout en réserve. D'un geste il fendit l'air avec son épée, non pas pour frapper, mais pour se mettre en garde, passant d'une position neutre à une position de combat.
Le Chevalier du Lion, à l'inverse, reste impassible, yeux fermés, gardant toute sa noblesse et son calme. Renforçant en cet instant l'opposition entre les deux guerriers, l'un brillant et ardent comme le soleil qu'est l'Armure Divine du Lion, l'autre froid et sombre comme les ténèbres dont est faite son armure. Leurs cosmos s'embrasent une nouvelle fois. Aiolia se met enfin en garde, prêt à attaquer.
Le Berserker fut le premier à charger. Son épée décrivit une courbe meurtrière, alors que de la lame une lame d'énergie partait, le vent causé par le mouvement fendant l'air. Un principe simple, et pourtant tellement puissant. Le déplacement d'air se propageait vers Aiolia toujours impassible, les yeux fermés.
Cette fois son casque n'était pas là pour le protéger. Cette fois le coup le fendrait en deux. Cette fois encore le sang jaillirait.
Ces simples mots suffisent en cet instant à résumer la pensée du Chevalier Noir du Lion. Alors que la vague de son fendant l'air frole le visage du Chevalier du Lion, Aiolia esquive majestueusement, effectuant un dégagement sur le coté. Cela ressemble fort à une tentative deséspérée et non à un geste pleinement maîtrisé. Car Aiolia a le temps de remarquer en frémissant qu'il n'a esquivé le coup que de justesse, son armure arborant la trace du passage de l'onde de choc.
Alors qu'il vient d'achever son mouvement d'esquive, il voit face à lui la silhouette sombre du Berserker qui est son adversaire. Le coup vient d'etre porté, et sa folie furieuse ne lui permet pas de remarquer encore qu'il a raté sa cible.
C'est alors qu'à pleine puissance, Aiolia attaque.
"LIGHTNING FANG!!!!!!"
Le Lion frappe de toutes ses forces le sol, de son poing auréolé de lumière tel un soleil miniature. Le sol est éventré non seulement par l'impact initial mais par la multitude de jets de lumières rejaillissant du sol pour frapper un adversaire totalement démuni. Le bruit métallique d'une protection qui explose en une fraction de seconde sous l'impact. Le hurlement de douleur et de rage d'un guerrier projeté en l'air. Soudain, quelque chose d'inattendu.
Une réaction qui fait sursauter le Chevalier du Lion. L'espace d'un instant il doute, mais ses sens lui confirment que c'est bien un éclat de rire qui vient de retentir. Un rire fou, démoniaque...
C'est bien le Berserker qui l'émet, alors que son corps se recouvre d'une aura sombre. Son ascension involontaire dans les airs s'arrête, alors qu'il se stabilise. Aiolia sent son aura augmenter, doutant un instant. Mais il réalise hélas que contrairement à ses autres sens, la perception du cosmos ne peut mentir... C'est alors qu'il voit un lion noir enragé ouvrir la gueule et émettre un rugissement, l'engouffrant dans les ténèbres.
-""DARKNESS JAWS!!!" Subis la morsure des ténèbres, AIOLIA!!!!!!!!!"
-"C'est... ! NON !"
Le guerrier en armure dorée réalise qu'il se trouve pour la première fois dans une situation totalement inconnue de lui. Une autre émotion en lui s'éveille. Une peur panique. Et il réalise au plus profond de lui même qu'il est face à son pire cauchemar...
"NOOOOON!!!!!!!!"
Un rire sinistre retentit, celui d'un démon.
-"Alors, quel effet cela fait-il d'être piégé dans les ténèbres ? D'être pris au piège, toi le fier Aiolia ?"
Aiolia ne put rien répondre. Il cherchait dans le vide l'origine de cette voix, semblable à un écho, se riant de sa proie piégée dans les ténèbres.
-"Tu sais, tu ne fais qu'endurer mon supplice... Tout ce temps j'étais piégé dans le plus sombre recoin de ton esprit, incapable d'agir... Mais maintenant c'est à ton tour! MONTRE TA PEUR! TA SOUFFRANCE!"
"Son supplice...!"
La voix démente du Berserker semblait comme amplifiée à mesure que l'angoisse d'Aiolia se manifestait. Dans les souvenirs d'Aiolia se ravivaient des images issues de sa mémoire, d'un combat sanglant, que désormais il ne pouvait plus rejeter.
Telles un projectile lancé contre un Dieu, elles lui revenaient plus fortes encore.
Les pupilles du Chevalier du Lion se dilatèrent alors qu'il revivait son passé.
--
(Sanctuaire, 2 ans plus tôt...)
"Aiolia, je t'en conjure, laisse moi passer!"
Un jeune garçon à la voix quasiment implorante venait de parler.
-"Je suis le gardien de la maison du Lion... Quiconque veut traverser ma demeure doit mourir."
Ces mots avaient été prononcés avec une voix quasiment mécanique, et un regard vide.
"NON! Seiya, fuis!"
C'était la seule chose que pouvait penser l'esprit du Chevalier du Lion, emprisonné et contraint d'agir contre Athéna.
Soudain le mur de lumière partit de la main d'Aiolia, projetant Pégase au sol, ouvrant de nouvelles blessures, endommageant davantage son armure.
"Seiya! Réagis je t'en supplie!"
Soudain, le jeune Seiya se releva, bondissant dans le dédale de jets de lumière avec l'agilité qui le caractérisait, évitant coup sur coup, parvenant enfin à décocher un coup de pied au visage du Chevalier du Lion.
En cet instant, un déclic dans son esprit. La surprise tout d'abord. La surprise d'avoir été frappé malgré une offensive presque parfaite. Soudain le vide.
"Mais qu'est-ce qui m'arrive...?!"
Le vide cédait place à autre chose. A un feu ardent comme le magma, comme l'enfer. La furie. La fureur d'avoir été surpris. La folie. Le besoin de tuer. Le besoin de sang.
"Oui... Je vais TUER... TUER!!!!!!!!!"
Plus que jamais, des coups d'une violence inouïe s'abattent sur le jeune Chevalier, brisant ses os. Soudain, c'est une autre personne, un géant, qui s'interpose, encaissant les coups à la place du jeune Chevalier. Ce dernier fait n'est d'aucune importance pour le Chevalier du Lion.
"Le sang... Oui... QUE COULE LE SANG!!!!!!"
Soudain, le jet de sang, qui éclabousse la puissante Armure du Lion, et le visage de son porteur. Le contact du sang sur son visage. Une nouvelle fois, un déclic.
Le contact du sang. La mort. La mort d'un homme. Un homme ? Un géant. Sans défense, sans armure. Qui vient lui même de se donner la mort. Ses deux poings enfoncés dans son abdomen.
Un ultime soubresaut de folie, déclenchant une nouvelle fois "LIGHTNING PLASMA"
Un nouveau miracle, le Météore de Pégase brise l'offensive, projetant le Chevalier d'Or sur une colonne. Le réveil. La contemplation d'un cadavre.
"NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON!!!!!!!!"
Un hurlement interne, difficilement contenu. Des évènements difficilement refoulés, rejetés tant bien que mal.
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"MEURS!"
Le cri retentit dans les ténèbres, rappelant le Chevalier du Lion à la réalité, tandis que de nulle part et de partout à la fois surgissaient d'innombrables lames de vide, tranchant l'armure du Chevalier du Lion.
-"Ainsi c'est donc cela... Némée..."
Une lame tranche l'épaulière droite de l'Armure du Lion, faisant jaillir le sang. La douleur une nouvelle fois. Un rire du Berserker qui tire son plaisir dans la souffrance de son ennemi.
"Tu es issu de moi... Tu es ce monstre incontrôlable qui a failli tuer Seiya... qui a tué Cassios... Ce cosmos ténébreux qui avait fait de moi le mauvais augure destiné à libérer Cronos..."
Un nouveau coup s'abat, tranchant le plastron, laissant une large entaille.
"Oui... Cette part de moi que j'ai refoulé... C'est parce que j'y ai renoncé... Elle a continué à croître parce que je n'ai pas su lui faire face et l'éliminer à ce moment là..."
Encore une fois un coup. Une nouvelle fois le métal de l'armure part en morceaux.
"J'ai compris... Les démons se nourrissent de nos peurs les plus profondes... De la douleur... De la souffrance... Je craignais ce monstre qui était en moi... C'est pour ça qu'il a pu devenir tel qu'il est maintenant... Mais... A présent... Je me suis également souvenu..."
"Je me suis maintenant souvenu de comment te vaincre !
"PHOTON INVOKE !"
Aiolia ne réagissait pas. Au milieu de la tempete de coups qu'il recevait dans la gueule du Lion Noir, totalement à sa merci, il se contentait d'encaisser les coups, intensifiant son Cosmos démesurément.
"Allez, souffre! SOUFFRE ENCORE!!!!"
La jouissance pure du Berserker se sentait dans sa voix, totalement aveugle à ce qui se passait maintenant sous ses yeux, tandis que le sang coulait et que le métal de l'armure divine volait. Malgré tout Aiolia restait serein, noble, brillant, malgré son aspect désormais peu reluisant. Il était au premier abord aux portes de la mort, couvert de sang et de blessures, mais sa brillance interne ne faisait qu'augmenter tandis qu'il se concentrait, restant calme, stoïque et digne, tel le Lion, maître de tous les fauves.
"Mais que...!"
Soudain Némée réalisa une chose, cessant son offensive. D'Aiolia ne provenait plus aucune terreur. Plus aucune angoisse. Plus aucune émotion négative dont il puisse se nourrir. Autour de lui il ne ressentait plus rien dont il puisse tirer sa force.
-"Non... C'est impossible!" s'écria le Berserker, pour la première fois vraiment dépassé.
-"J'ai accepté de te faire face, à toi... mon pire cauchemar... Et maintenant... Maintenant, je vais te vaincre... Pour libérer ma propre âme de ce démon sanguinaire que tu es ! Pour expier toutes les fautes que j'ai commises sous ton emprise!"
Le Berserker sourit,
-"Tu acceptes enfin... De te battre... Eh bien viens!"
-"Je vais faire ce que j'aurais du accomplir il y a déjà bien longtemps !"
Tournant son regard vers le ciel, il songeait à celui qu'il avait tué sous l'emprise du démon, à cette foudre noire qu'il avait déchaînée et qui avait brisé le sceau de la Megas Drepanon il y a maintenant longtemps. Son poing se serra, réaffirmant sa détermination.
"Cassios! C'est en ton nom que je me bats maintenant!!!
"COSMOS... OPEN! s'écria le Chevalier du Lion alors qu'il libérait toute sa puissance enfouie, cette puissance propre à lui, que son frère lui avait ordonné de sceller au plus profond de son être...
Son cosmos doré se libéra, s'illuminant tel un soleil. D'une impulsion de son Cosmos, comme pour affirmer sa suprématie, Aiolia brisa les ténèbres du Darkness Jaws, et croisa ses bras tendus en direction de son adversaire, comme si de ses mains allait s'échapper un projectile mortel. Némée, plus que jamais terrifié réalisa une chose. Il avait beau être le reflet d'Aiolia, il avait beau savoir ce qu'Aiolia s'apprêtait à faire, il ne pouvait... rien.
-"Némée... Finissons-en maintenant... Il est temps de livrer le dernier assaut!"
Cette provocation-là était de trop pour le Berserker. Et cela brisa le mutisme dans lequel il était plongé, rappelant à la surface les ultimes restes de fierté et d'orgueil.
-"Cesse de fanfaronner, Aiolia ! Nous allons voir si oui ou non tu possèdes la force de m'effacer définitivement de ton être, et de cette réalité ! Nous allons voir qui de nous deux deviendra le véritable Lion !"
Aiolia acquiesça silencieusement, gardant toujours ses yeux fermés à cause du sang qui maculait son visage. Son aura dorée l'enveloppa une nouvelle fois.
Le Berserker fit de même, libérant son aura sombre. Des deux côtés, l'égalité semblait parfaite. Deux armures aussi endommagées l'une que l'autre, deux guerriers aussi éprouvés l'un que l'autre. Mais pourtant une différence de taille. Et un combat qui allait se finir au prochain assaut. L'assaut qui déciderait de tout.
De chaque coté les combattants se mettent en garde, prêts à donner leur maximum dans le coup qui va suivre. L'air semble vibrer, secouant la poussière au sol, tant il est saturé d'énergie. Soudain, leurs regards se croisent. Les yeux de Némée déja rouge sang s'illuminent de la lueur propre à la folie furieuse, prêt à frapper et à saisir l'occasion qui se présente à lui. Cet ultime assaut qu'Aiolia s'apprête à lancer, encore faut-il qu'il en aie le temps !
"Prépare-toi à mourir, Aiolia ! "LIGHTNING PLASMA!!!!!!""
C'est un éclair noir à l'éclat malfaisant qui jaillit des poings du Berserker, non, une multitude... Prête à foudroyer le guerrier en armure dorée qui n'est toujours pas prêt à riposter...
Aiolia se rappelle en un éclair ce que l'un de ses adversaires lui avait dit... "D'ici quelques années, peut-être aurais-tu été capable de maîtriser cette technique alors incomplète..."
"Mon Cosmos est maintenant assez puissant pour cela... Et je possède la protection adaptée pour endurer les assauts le temps de préparer cette attaque suprême... Ce n'est plus une technique suicidaire !
Léger rire du Chevalier du Lion, qui garde toujours les yeux fermés, tant à cause du sang qui l'aveugle, que pour l'instant de réflexion qu'il s'accorde ici. "Eh bien, Coeos, d'où que tu puisses être, admire !" s'écrie le Lion.
Et c'est le moment qu'Aiolia choisit pour ouvrir les yeux, la fraction de seconde précédent le contact du Lightning Plasma maléfique de Némée sur son corps. Un rictus victorieux s'est déjà formé sur son visage...
L'explosion. Celle qui résulte du contact initial de deux attaques de titans. Mais l'une d'elles est clairement la plus puissante et dévore sans mal sa contrepartie ténébreuse avant de charger en une infinité d'étoiles filantes se ruant dans le corps du Berserker, le chargeant de cosmos, pour le dévorer de l'intérieur et le détruire sans qu'il n'en reste une miette.
"Aaargh...!!" Le Berserker ne peut qu'émettre un râle alors qu'il sait cet arcane ultime déchaîné contre lui à pleine puissance. Il ne peut que lancer un dernier regard à Aiolia, un regard où se lisent ces mots : "Tu n'en as pas fini avec moi !"
Le Lion se content de rendre un regard où se lisent compassion et détermination, ses mains contrôlant le flux d'énergie brute qui investit en ce moment Némée, ces mêmes mains semblant s'abaisser un bref instant, comme pour lui accorder un bref répit.
"Il est à présent temps pour toi de t'éteindre définitivement... Toi qui es né de ma faiblesse, de ma tristesse, de ma colère et qui est devenu folie incarnée... Retourne en moi, redeviens lumière ! Je ne t'abandonnerai plus !"
Et c'est alors qu'Aiolia achève son geste et de son Cosmos intime l'ordre aux étoiles filantes incrustées dans le corps de son adversaire d'exploser, libérant une myriade de colonnes de lumière de l'intérieur de ce même ennemi...
"PHOTON BURST!!!" hurle le Chevalier du Lion, déployant une technique qu'il n'avait utilisé depuis des années.
Nouvelle explosion de lumière blanche, aveuglante, pure, et un corps qui se désintègre dans un hurlement... qui semble s'éteindre en une nuance qui ressemble presque à de l'apaisement... alors qu'un être s'éteint.
Alors que la lumière et la fumée se dissipent... ne reste plus debout que la silhouette du Chevalier du Lion...
"Aiolos, mon frère... Peut-être bien que tu avais raison... Cette technique en demande... beaucoup trop... pour être utilisée en combat..."
C'est avec un rictus plein d'ironie et de satisfaction que le fier Aiolia vient de prononcer ces mots, qui resteront à résonner dans le vide, alors que la force quitte ses membres, et qu'il glisse au sol dans l'inconscience...
Et un être en armure d'ombres, qui aurait pu avoir tout observé, tant il était dissimulé, paré d'un manteau dissimulant sa protection jusqu'aux épaules, baissa le regard sur les restes du champ de bataille... Regardant un bref instant Aiolia. Le Chevalier du Lion semblait bien mal en point et incapable de combattre... Mais la brillance émanant de l'Armure Divine indiquait à l'oeil avisé que cela n'était qu'une question de temps avant qu'il reprenne le combat.
L'ombre semble hésiter un instant, souriant devant le Chevalier inconscient.
"Non..." dit-il laconiquement, son sourire s'effaçant.
Le mystérieux combattant drapé dans une étoffe de nuit tourna les talons, s'éloignant.
"Je ne te tuerai pas... Car j'ai encore besoin de vous... Oui, pour accomplir mon destin... La lumière l'emporte cette fois... Mais au bout du compte... Oui, au bout du compte... Ce seront les ténèbres qui emporteront tout..."