Partie 3 : Argo Navis! Les Armures du
Destin
Chapitre 6 : Un premier pas vers la lumière... - Hikari he no ippo...
L'hopital de la Fondation.
C'est le lieu où tous se trouvent en ce moment, par cette
nuit de pleine lune où l'orage a enfin éclaté. Le nombre de blessés graves
dépasse l'entendement. Il est dit que le ciel est le reflet de l'âme, ce qui
s'avère aujourd'hui plus que jamais exact. La pluie tombe avec une force rare,
comme symbolisant les larmes versées en ce moment. La noirceur du ciel reflète
la profondeur de la douleur et de la tristesse habitant les coeurs. Tokyo est
en ruines, et a subi des pertes considérables.
"3000 morts victimes civiles mortes ou portées disparues. 2000 soldats
renégats abattus par une force inconnue. 1000 soldats et policiers Japonais
tués dans l'engagement. 50 milliards de dollars de dommages causés à la ville
de Tokyo."
Voila le bilan de la dernière bataille menée par Arzan au
coeur même de Tokyo. Encore aggravé par les dernières nouvelles de Grèce, il se
voit adjoindre les morts d'Aldébaran, de Shura, de Milo. Aldébaran a été vaincu
par une entité inconnue, que personne n'a pu sentir sur le champ de bataille.
Shura a succombé à ses blessures infligées par le Berserker du loup garou, et
Milo a emporté avec lui le maître d'armes Thrall. Kiki a revêtu l'Armure
d'Argent du Sculpteur, pour mourir face au Berserker de l'Ogre...
Après la victoire sur les 150 Berserkers envoyés au
Sanctuaire, les survivants des Chevaliers d'Or s'étaient rendus au Japon, mais
pour n'y trouver que plus encore de destruction. Là encore, le résultat de la
bataille était désastreux. 150 Berserkers vaincus, mais au prix de la
destruction du Sanctuaire qui avait résisté à des millénaires de guerres
saintes!
Saori, au chevet des blessés, qu'il s'agisse d'employés
de la fondation ou de Chevaliers, ne peut s'empêcher d'ajouter une perte
considérable à ce bilan.
"Cinq chevaliers grièvement blessés. Deux encore dans le coma. Et Arès
qui a..."
La présidente de la Fondation Graad est incapable de
poursuivre sa pensée jusqu'au bout, tant elle l'accable. Entourée de ses
Chevaliers d'Or, tous épuisés et blessés, elle ne peut que repenser aux
derniers évènements, encore et encore, hantant son esprit.
---
(Flashback...)
Les quais de Tokyo, l'instant d'avant déchargeant un
convoi d'une importance capitale, ne sont plus que la proie des flammes. Les
entrepots ont commencé à prendre feu, avant d'exploser et de noyer le port dans
une mer de flammes.
Celui qu'on nomme Général Jared, vient malgré tous les
efforts déployés par Poséïdon et ses Généraux, de pulvériser l'Armure
Supérieure du Serpent, la réduisant instantanément en poussière, et du même
coup de plonger les armures restantes dans la mer, à l'instant où le sol
tremblait, rouvrant une faille marine.
"NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON!!!!!!!!"
Les Généraux ont juste le temps de hurler leur désarroi
qu'ils voient impuissants les trois armures survivantes sombrer au fond de
l'eau...
Un cosmos d'une puissance extrême se déchaine alors sur
l'entrepot, soufflant l'incendie vers les Généraux, les forçant à se protéger
le visage de leurs bras.
"Arès...!"
Réalisant l'instant qui suit ce bref déchainement
d'énergie que plusieurs présences ont disparu de Tokyo, ils réalisent. Jared a
disparu, téléporté.
Rejoignant la terre ferme, les Généraux des mers
accourent vers le corps étendu d'Astérion. L'Ecaille des Lymnades a été
perforée au niveau du coeur, et il est très clair qu'il ne lui reste plus pour
longtemps à vivre...
Tenant sa tête pour recueillir ses dernières paroles,
Sergueï tend l'oreille aux mots du mourant.
(Sergueï) -"De quoi Jared parlait-il,
Astérion ? Qu'as-tu vu de si important pour qu'il souhaite ta mort à ce point
?"
Réagissant à la question de Sergueï, le jeune homme aux
pouvoirs mentaux essaie de tendre ses muscles et de se relever. Mais la
sensation de douleur qui submerge son corps est trop forte. Tentant d'ouvrir la
bouche pour parler, Astérion sent ses côtes brisées lui perforer les poumons et
forcer le sang à refluer à travers sa gorge.
(Astérion) -"Aargh... En réalité... J'ai
observé... les armées... d'Arès... J'ai vu ce qu'ils... se préparent à
faire..."
(Sergueï) -"Qu'as-tu appris de si important
? Tiens bon! Nous allons te soigner!"
Un sourire faible se dessine sur les lèvres d'Astérion,
d'où le sang continue à couler.
(Astérion) -"Hin... N'essaie pas de me mentir
Sergueï... Je lis dans tes pensées... Je sais que je... n'en ai plus... pour
longtemps... Ces monstres... Arès a réveillé... a utilisé ses généraux
pour..."
(Sergueï) -"Dans quel but ? Je t'en
conjure, réponds!"
(Astérion) -"Je... Il les a envoyés en
Allemagne... Mais il a aussi achevé... le réveil... de ses... Berserkers... Ils
sont plus de... six... cent..."
(Sergueï) -"Oui...
Arès est assimilé à Satan... Le nombre de ses guerriers maudits doit donc se
monter à 666... Mais ce n'est pas tout, je le sens..."
(Astérion) -"Arès... souhaite... tuer...
Athéna... mais... la Terre n'est... pas..."
La volonté d'Astérion tendait son corps à l'extrême. Il y
avait tant de choses qu'il devait encore dire, qu'il voulait dire, de tout son
coeur, de toute son âme!
Sa seule enveloppe charnelle ne pouvait pas davantage lui
permettre d'exprimer ce qu'il avait au fond de son coeur, tandis que ses
derniers mots se résumaient à un gargouillis incompréhensible...
Levant le bras, comme pour s'accrocher à l'ultime lueur
de vie qu'il lui restait, Astérion tendait sa main vers Sergueï, sentant son
regard et ses sens s'embrumer.
Usant de l'ultime étincelle de vie qu'il lui restait,
Astérion se tourna vers son aptitude la plus développée, son 6ème sens...
Son esprit se détacha alors des barrières de ses cinq
autre sens, pour flotter librement hors de son enveloppe charnelle. En un
éclair, son énergie s'intensifia brièvement pour atteindre l'esprit de Sergueï
et y imprimer ce que son corps ne pouvait plus dire ou exprimer.
Sergueï sentit dans son esprit ces mots s'imprimer. Ils
n'avaient aucune substance physique, tangible, visible, ou audible, mais ils
étaient présents dans son esprit.
"Lorsque le premier Prince Démon, de son sommeil millénaire se
réveillera, accompagné par le Destrier de l'Erèbe, alors commencera la descente
aux enfers pour l'humanité... A sa suite viendront les autres démons, forces
primaires de l'univers, afin de le laver de toute faiblesse... Quand des neufs
le dernier et le plus sombre apparaîtra, alors retentira l'heure de
l'Apocalypse!"
Ayant transmis son message, Astérion laissa un sourire se
dessiner sur son visage déformé par la souffrance l'instant d'avant.
Il ne sentait plus de douleur. Au lieu de celà,
simplement une immense quiétude. Une torpeur douce, dans laquelle il se laissa
glisser enfin, tombant doucement vers les ténèbres infinies, ne distinguant pas
les bras d'Hypnos de ceux de Thanatos...
"ASTERION! NOOOOON!!!!!!!!!!"
Sergueï sentit la flamme de la vie s'éteindre dans le
corps d'Astérion alors que le dernier battement de son coeur percé venait de se
faire entendre, et que la dernière goutte de sang achevait de se répandre au
sol, élargissant encore la mare de sang l'entourant...
---
La dirigeante de la fondation Graad est incapable de
réagir. Elle reste dans la même posture, assise sur une chaise aux cotés de ses
Chevaliers étendus sur des lits d'hopitaux, incapable de relever la tête. C'est
alors qu'un des docteurs arrive, tenant à la main plusieurs feuilles, divers
relevés indiquant l'état phyisque de ses patients.
-"Mademoiselle..."
(Saori) -"Do...Docteur... Alors ?? Comment
vont-ils ?"
-"Marianna, Abdel et Ardan sont dans un état presque
critique... Ils sont au bord de la mort, et se sont poussés dans leurs derniers
retranchements physiques et psychiques... Il est difficile de savoir pour
l'instant s'ils vont s'en remettre."
(Saori) -"Mon Dieu..."
Sentant que son interlocutrice avait besoin d'être
rassurée, le docteur passe immédiatement aux autres patients.
-"En revanche, pour Daniel et Helios leurs blessures
ne sont pas graves... Ils ont juste été bien sonnés, et ont eu une chance
insensée... "
Le visage de l'héritière Kido semble se détendre
légèrement, alors qu'elle continue à écouter, sans répondre pour l'instant.
-"Et concernant Jabu et Nachi, il semblerait que
leurs états se soient stabilisés... Mais de là à dire qu'ils peuvent encore se
battre... Les combats qu'ils ont menés ont été très éprouvants... Leurs
adversaires ne leur ont laissé aucune chance."
(Saori) -"Et... les..."
Saori cherche ses mots. Elle sait qu'elle ne peut révèler
clairement ce nom à un être ordinaire. Les Berserkers sont des guerriers
imprévisibles et capables des pires atrocités.
"Et les soldats qui ont été capturés ?"
complète-t-elle après une seconde d'hésitation.
-"..."
C'est au tour du docteur d'hésiter. Regardant ses relevés
d'un rapide coup d'oeil et regardant l'état de la présidente de la Fondation
Graad, il ne sait quoi dire. L'hésitation se lit sur son visage alors que la
sueur apparaît.
-"Ils... Nous les avons maintenus à l'aide de
camisoles, mais... C'est impensable... Le taux d'adrénaline dans leur corps
dépasse l'entendement! Ils sont totalement incontrôlables... Et leur sang
contient d'autres agents étranges que nous ne parvenons pas à analyser... Une
espèce de "booster" hormonal à base d'adrénaline et d'endorphine qui
pousse les capacités physiques à leur limites, et qui fait disparaître toute
sensation de souffrance ou de doute..."
(Saori) -"Il va... jusqu'à imposer cela à
ses propres soldats..."
La fureur s'ajoute à l'expression de Saori, alors que les
larmes coulent de plus belle. Son poing se serre, canalisant sa tristesse en
colère à l'encontre d'Arès.
(Saori) -"Arès...
Arès... Tu vas... payer... Sois en sûr... Même si je dois tout sacrifier pour
cela... Même si cette fois je vais devoir te vaincre seule!! N'espère pas t'en
sortir avec un simple sceau cette fois..."
---
Un homme en proie aux ténèbres. Grièvement blessé, son
éléctrocardiogramme indique un rythme anormalement faible, et son activité
cérébrale tend vers l'inifiniment petit. Celui qui était un soldat de l'armée
d'Arès est désormais dans un coma profond, confronté aux ténèbres de la mort,
laissant sa faible volonté à la merci de toute pulsion présente dans son
esprit.
Toute pulsion présente dans son esprit serait un terme
dérisoire, sachant que son esprit est à la frontière de la mort, mais...
l'homme est capable dans ces ultimes instants, à la seconde où la mort va l'emporter,
de révéler sa vraie nature, enfouie au plus profond de lui, et de se relever. A
moins que cette nature ne ressurgisse d'elle même, la volonté étant trop faible
pour refouler davantage...
Dans le cas d'un humain normal, ce qui ressurgit est bien
souvent l'envie de vivre... Mais dans le cas d'un Berserker...
La seule chose qui, à cause de la manipulation d'Arès, subsiste n'est autre
que...
-"Souhaites-tu vivre pleinement ? Laisser parler la bête qui vit en
toi ?"
-"... Qui... Qui êtes-vous ?"
-"Voyons... Tu ne me reconnais pas ? Je suis toi... Je suis chacun des
soldats... Je suis l'esprit de la furie... L'instinct animal qui vit en chaque
être humain..."
-"..."
-"Révèle-le... Et achève ta transformation... Deviens... un véritable
Berserker!"
-"... Mais..."
-"Tu as peur de perdre le contrôle ? De ne plus agir comme bon te
semble ? Mais n'oublie pas... que je ne suis que tes instincts... Je ne ferai
que ce qui est inscrit dans ta conscience... Ce qui est gravé au plus profond
de ton être... Ce qui fait de toi un soldat d'Arès!!!"
-"..."
-"Alors... Que décides-tu ?"
-"Je veux... Je veux vivre pleinement!! Devenir moi-même!"
-"Qu'il en soit fait ainsi..."
---
-"Attention! Activité cérébrale et cardiaque en
augmentation rapide dans la salle 115!"
-"Comment ?! Mais il était dans un coma
profond!"
Deux infirmiers paniquent en regardant les appareils. Ils
ont juste le temps de voir la camisole exploser qu'ils ne sont déja plus.
L'homme - homme ? - à la carrure imposante et aux muscles plus saillants que
jamais vient de se lever, le regard injecté et luisant d'une lueur irréelle, et
de porter deux coups fatals en une fraction de seconde. Contemplant le sang qui
coule le long de ses bras, il sourit avant d'éclater d'un rire assassin.
Dans une autre pièce, un jeune homme aux longs cheveux
noirs, assis sur une chaise placée devant un lit où git un jeune garçon aux
cheveux blonds, ouvre les yeux. Son regard n'est que mélancolie et tristesse,
aussi profonds que l'espace. Sentant l'explosion de cosmos, Kiyoshi quitte le
chevet de son jeune frère et s'approche de la chambre d'où provient cet immense
cosmos.
Ouvrant la porte d'un coup de pied, son regard affiche
désormais une froide détermination.
"Vous allez payer... Je ne vous pardonnerai jamais pour cela..."
Alors que le Berserker se rue sur lui, Kiyoshi se
contente d'esquiver d'un mouvement aussi agile que rapide. Emettant un
grognement d'incompréhension, le Berserker repasse à la charge, continuant à
s'acharner sur une cible aussi agile et rapide que lui est incontrôlable et
prévisible.
"Pauvre fou... Tu es bien trop prévisible..."
Kiyoshi se contente d'émettre un soupir de mépris à
l'encontre de son adversaire. Fermant les yeux, il frappe. Son instinct le
guide vers le coeur du guerrier bestial avec une précision sans faille.
L'impact avec la chair est instantané, tel celui d'une balle sur une arme à
feu, transperçant l'organe vital et coupant court à sa charge. Pourtant à la
grande surprise de celui qui était il y a une heure encore une idole de la
chanson, le Berserker a encore la force de frapper.
"Que... Comment ?!"
Le coup de poing que Kiyoshi reçoit est terrible, et il
se retrouve projeté à travers une cloison, se demandant si plusieurs de ses
côtes n'ont pas cédé sous le coup.
Un léger goût de sang dans sa bouche répond à la question
qu'il vient de se poser.
Alors qu'il traverse la maigre paroi de platre, les
infirmières gardant les lits d'autres soldats poussent un cri en le voyant
traverser le mur. Le Berserker s'effondre au sol dans une mare de sang,
incapable d'agir davantage.
"Humpf... Sans armure... Je ne ferai pas long feu... Même si j'ai
promis... de ne jamais porter d'armure au combat... Si je veux arriver à mes
fins je n'aurai pas le choix... Arès... Voila encore une chose à ajouter à
l'addition... Tu vas me le payer très cher, crois-moi..."
Se relevant en essuyant le sang sur la commissure de ses
lèvres, Kiyoshi se dirige vers la porte.
"Vous... vous allez bien ?"
L'infirmière ne peut s'empêcher de poser cette question à
l'homme qui vient de traverser un mur et de recevoir la charge d'un soldat fou
furieux.
(Kiyoshi) -"Laissez-moi... Ce ne sont que
des égratignures..." répond-il simplement, avec une touche de mépris et de
dédain dans sa voix.
--
Dans une autre chambre, sur un autre étage, le même
phénomène se produit, alors que deux guerriers se réveillent avec fracas et
sang, portant à nouveau la mort autour d'eux.
A quelques dizaines de mètres de là, deux guerriers sont
étendus au sol, leurs visages sont familiers. Leurs corps sont couverts de
bandages, et ils ont besoin d'assistance respiratoire pour survivre, mais
l'étincelle de vie est encore en eux, bien que faiblement.
-"Jabu... Un Berserker... Non, plusieurs... Ils sont ici... Je le
sens... Ils vont agir... Nous devons... Nous devons agir..."
-"Nachi...
C'est toi ? Oui... Tu as raison... Je le sens moi aussi... Nous devons
protéger... Saori..."
-"Nous sommes
pourtant aux limites de notre force... de notre vie... Es-tu sûr de vouloir...
faire ce sacrifice ?"
-"Nous sommes des Chevaliers d'Athéna... Et puis..."
Jabu se tut un bref instant, laissant Nachi sourire
ironiquement.
-"Tu aimes Saori, hein ?"
Ironiquement le Chevalier de la Licorne acquiesça. La
proximité de la mort lui avait donné une confiance en lui-même et une assurance
rares.
-"Oui. J'irai jusqu'au bout pour la défendre..."
-"Eh bien soit... Nous allons donc briller une dernière fois... Avant
de nous éteindre, mon frère..."
--
Plusieurs sonneries d'alarme retentissent dans l'hopital.
Le fracas de vitres et de murs qui se brise tire Saori de sa léthargie. Deux
masses de muscles couvertes de bandages divers, au regard de fou, complètement
injectés, entrent dans la pièce comme des fauves enragés.
L'horreur se lit sur le visage de la déesse. Elle peine à
croire que de telles... choses aient pu un jour être des humains.
"Ecartez vous, mademoiselle!" hurle une voix
qui la ramène à la réalité.
Le docteur la pousse d'un mouvement rapide, évitant du
meme coup le coup de poing qu'elle n'avait pas vu venir sur elle, tant le choc
était grand.
Le monstre fou furieux qui se tient devant elle est prêt
à frapper à nouveau, mais une salve de jets de lumière s'interpose.
Saori tourne son regard à sa droite, apercevant...
(Saori) -"Jabu! Nachi!"
Les deux Chevaliers de Bronze blessés foncent sur les
Berserkers, mûs par leurs volontés inconscientes, mûs par leur ultime étincelle
de vie, propulsant une nouvelle fois une rafale de coups de poing à une vitesse
impossible à suivre pour l'oeil humain. Les deux masses de muscle reculent sous
les assauts répétés, mais ne fléchissent pas pour autant. Pire encore, à mesure
que le sang jaillit des plaies, un sourire bestial se dessine sur leurs visages
apparemment humains.
Saori peut même percevoir clairement le démon qui s'agite
en eux, et qu'il n'y a plus de conscience humaine en eux. C'est le visage
d'Arès qui s'impose à son esprit, dans toute son horreur. Elle sait que ses
deux amis sont condamnés, malgré leur vaillance.
Nachi bondit sur son adversaire, au mépris de sa propre
vie, une telle considération ne l'atteignant même plus en cet instant où il ne
pense même plus. Il n'est qu'énergie, il n'est qu'action, alors qu'il bondit et
que d'un geste, il libère ses griffes acérées sur la gorge du Berserker. Le
sang jaillit, accompagné d'un râle, et d'un geste qui pourrait être caractérisé
de réflexe. Le géant vient en effet d'asséner un coup de poing d'une rare
violence à Nachi, le frappant au niveau du coeur, et l'encastrant dans le mur
le plus proche, alors que les deux combattants expiraient.
Alors qu'une dernière fois les cosmos s'embrasent, Jabu
s'élance sur son adversaire, guidé inconsciemment par son amour et sa volonté.
Sublimant une dernière fois sa condition, malgré la certitude qu'il va mourir,
au fond de lui meme il a juré que son ultime défaite serait son ultime
victoire.
C'est avec un coup à la vitesse et à l'exécution parfaite
qu'il frappe la poitrine du Berserker, s'élançant tel un météore, brillant à la
fin de sa course. Le contact est violent, la chair est déchirée sur l'instant,
alors que le poing pénètre, atteignant la cage thoracique, puis enfin le coeur.
Le cosmos contenu dans son poing explose à cet instant, pulvérisant en une
explosion de sang les centre vitaux du Berserker, dont le cosmos s'éteint.
Saori prie pour que son ami aie survécu, mais à l'instant
où elle voit le poing du Berserker enfoncé dans le corps du Chevalier de la
Licorne, elle a déja perdu espoir.
Jabu glisse au sol, alors qu'une larme perle à ses yeux
et qu'une dernière pensée traverse son esprit avant de rejoindre les
ténèbres....
"Saori................."
Devant la porte d'entrée surchargée de l'hopital, une
silhouette vêtue d'un long manteau noir, aussi sombre que sa longue chevelure
aux reflets digne d'une pierre précieuse, arborant un pendentif represéntant
une croix noire inversée, portant une caisse dorée sur son dos, l'emblême du
Cancer gravé dessus, disparaît sans être remarquée par les brancardiers et les
infirmiers.
"Arès... Je peux te jurer sur tout ce qui me reste maintenant en ce
monde que tu vas payer..."
Alors qu'il s'éloigne de la foule, l'homme laisse son
poing droit se crisper tant sa colère est forte, son cosmos s'échappant de son
corps, comme un voile fantomatique sombre autour de lui, au sein duquel des
visages de spectres se distinguent. Alors qu'il avance dans la ville, tandis
que la pluie continue à tomber sur Tokyo, ville qui n'a toujours pas fini de
verser ses larmes, il semble perdu dans ses pensées... Se rappelant encore le
visage d'Athéna, qu'il n'a vu que quelques brefs instants...
--
(Quelques heures plus tôt...)
"Mademoiselle... Huit Chevaliers d'Or viennent
d'arriver... Ainsi qu'un jeune homme qui selon Sorento serait le Chevalier d'Or
du Cancer..."
Tatsumi s'incline, se demandant quelle réaction sa
maîtresse, Saori, qu'il sert depuis toujours, va avoir face à cet évènement
s'additionnant à tant d'autres.
"Mademoiselle ? Vous... vous sentez bien ?"
Saori semble ne pas réagir, comme coupée du monde réel.
Soudain, sa voix s'élève, comme le chant d'un oiseau blessé.
(Saori) -"Fais les entrer... Je dois leur
parler..."
(Tatsumi) -"Vous êtes sûre ? Vous ne semblez
pas en état..."
(Saori) -"Oui... Laisse-les
entrer..."
Ces mots, bien que se voulant rassurants, ne font
qu'accroître le trouble du domestique de Saori. Le ton avec lequel ils sont
prononcés évoque un diamant sur le point de se briser au moindre coup de vent.
Le jeune homme aux longs cheveux noirs est le premier à
entrer, dans un état visiblement similaire à celui de Saori. Mentalement brisé,
ayant perdu tout ce qui comptait pour lui dans sa vie. Propulsé au milieu des
flots de la guerre sainte la plus violente jamais vue.
Les huit autres Chevaliers sont vêtus d'habits
ordinaires, mais les bandages sont néanmoins visibles, de même que leur
fatigue.
Saori lève les yeux vers le jeune garçon, se tenant
adossé à un mur. Sa tenue est toujours la même, noire de la tête au pied, vêtu
d'un long manteau de la même couleur. Il se contente de la fixer, gardant ses
mains en poche avec désinvolture.
(Saori) -"Alors c'est toi... Le nouveau
Chevalier d'Or du Cancer ?"
Le regard de Kiyoshi se durcit à ce mot, comme s'il
frappait sa chair elle même.
(Kiyoshi) -"... Je suis contraint de
combattre le même ennemi que vous pour l'instant... Mais je n'aime pas porter
une armure au combat... C'est plus une entrave pour moi qu'autre chose!"
Les mots sont lachés après une hésitation brève, et avec
un ton méprisant. Saori est sur l'instant incapable de répondre.
(Aiolia) -"Qui crois-tu être pour parler
ainsi à Athéna ?!"
(Kiyoshi) -"Quelqu'un qui compte affronter
Arès par ses propres moyens... Et qui n'a aucun compte à rendre aux Chevaliers!
Mais au fait... Où est le Chevalier d'Or du Capricorne ? J'ai une ancienne
affaire à régler avec lui..."
Ces mots résonnent avec violence et malice. A l'évocation
du nom de Shura, toutes les voix se taisent.
(Mu) -"Shura est mort aujourd'hui... Abattu par un
Berserker..."
C'est avec horreur que Saori croit voir un sourire se
dessiner sur le visage du garçon aux cheveux d'ébène.
(Kiyoshi) -"... Alors il est mort... Il a
enfin trouvé son maître... Hin!"
Aiolia ne peut pas réprimer sa fureur, sentant l'acidité
de cette remarque.
(Aiolia) -"Comment oses-tu insulter sa
mémoire ?!"
Néanmoins c'est le calme Mu qui retient l'ardeur de son
ami. D'un geste, les yeux fermés comme à son habitude, Mu retient le poing de
son ami. Même si son visage ne le laisse pas deviner, la force qui retient le
Chevalier du Lion est immense.
(Mu) -"Tu ne l'as probablement pas senti... Mais il se
dégage de lui une tristesse sans bornes... C'est pour lui le seul moyen
d'exprimer sa souffrance..."
Kiyoshi se contente de répondre d'un geste de mépris,
alors qu'il tourne le dos aux huits guerriers et à Athéna, faisant un pas vers
la sortie. Néanmoins il continue à parler.
(Kiyoshi) -"Tu sembles ignorer une chose,
Chevalier du Lion ou je ne sais quoi... Tu n'as pas vu la mort depuis ton
enfance, et été poussé malgré toi à un entrainement infernal par Shura...
C'était un maître violent, prêt à tout pour atteindre son objectif! Cela,
jamais tu ne pourras le comprendre!"
Le serein Shaka, le Chevalier le plus proche des Dieux,
ne peut s'empêcher de frémir en sentant cette aura de tristesse.
(Shaka) -"Je
l'ai déja ressentie... Mais où ? Qui donc peut avoir une âme blessée à ce point
?"
Le Chevalier du Lion n'est plus capable de contenir sa
colère, et semble prêt à se jeter sur lui.
(Aiolia) -"Tu crois avoir été le seul à
souffrir sur cette Terre ? Mais ouvre un peu les yeux!"
(Dohko) -"Tais-toi Aiolia!"
Aiolia sursaute en entendant la voix forte du Chevalier
de la Balance. Il est un fait rare que d'entendre celui qu'on appelait le Vieux
Maître des Cinq Pics élever la voix, et il est clair que l'ordre ne doit pas
être ignoré. Aiolia visiblement calmé, laisse parler son ainé.
(Dohko) -"La souffrance que cet homme
dégage est incomparable... Il a souffert au delà de toute définition actuelle
du terme de douleur... Tu ne peux pas envisager la douleur qu'il a vécue et
qu'il exprime dans chacun de ses gestes..."
Aiolia ne peut que rester sans voix alors que lui aussi
se laisse imprégner par l'aura de souffrance que dégage Kiyoshi... Une aura
pleine de mélancolie, de souffrance et de tristesse. Dohko ferme alors les
yeux, signe de compassion pour l'ame blessée du Chevalier du Cancer.
(Dohko) -"Même s'il est désormais
incapable... d'ouvrir son coeur... Il sera certainement le combattant le plus
glacial qui ait existé... Plus froid encore que la mort..."
--
Son regard se dresse alors vers le ciel. Toujours sombre,
de la nuit, et de la pluie... Aucune étoile n'est visible, masquée par les
nuages. Se retournant, il s'aperçoit qu'il est déja aux portes de la ville. Son
poing se serre alors que la détermination s'inscrit sur son visage. Le même
voile de ténèbres apparaît autour de lui, la même aura de spectres. C'est au
sein de ce voile d'ombres qu'il semble se dissoudre puis disparaître.
Il est capable de percevoir l'énergie d'Arès malgré la
distance. C'est en un éclat de lumière qu'il se téléporte, transcendant
l'espace et les dimensions pour se rematérialiser sur le continent, mille
kilomètres plus loin.
De là où il est, face à la mer du Japon, Kiyoshi peut
encore apercevoir les panaches de fumée résultant des missiles nucléaires
lancés quelques heures plus tôt. Il semble regarder ce spectacle d'apocalypse
avec indifférence, axé sur un seul but : l'annihilation du Dieu de la Guerre.
Ses yeux noirs, profonds comme un puits sans fond, reflètent les flammes qu'il
contemple. Détournant le regard, il fixe un point dans le vide, vers
l'intérieur du continent.
Un sourire se dessine sur son visage, alors que la
satisfaction se lit dans son regard.
"Tu ne m'échapperas pas..."
Déja alors qu'il pense ces mots, deux guerriers en armure
rouge apparaissent devant lui.
(Berserker) -"Eh là toi! Qui es-tu ?!"
Deux Berserkers. Leurs cosmos éveillent simplement
l'attention du Chevalier d'Or du Cancer alors qu'un sourire se dessine sur son
visage.
-"La mort..."
Ces deux mots sont presque un souffle. Relevant le
visage, son regard se durcit, alors qu'il réaffirme son identité aux
Berserkers.
-"La mort qui vient pour vous!" répond
calmement le jeune garçon.
(Berserker) -"Quoi ?!"
La remarque contient autant de surprise que d'étonnement
et de peur. En un éclair son urne d'or s'illumine, avant de s'ouvrir, révélant
le totem majestueux de l'armure du Cancer. En un éclat de lumière, l'armure se
sépare pour s'assembler sur le corps du jeune guerrier.
Réapparaissant devant les deux guerriers d'Arès se tient
Kiyoshi, nouveau Chevalier d'Or du Cancer.
"GHOSTLY BOND..."
Ces deux mots sont lachés dans l'air, atteignant les
oreilles des deux guerriers d'Arès. A cet instant, du corps de Kiyoshi se
libère le même voile de spectres et d'esprits que précédemment. Mais cette
fois...
"QUOI ?!"
Du corps des Berserkers s'extirpent des esprits
similaires. Semblant les enchaîner, les figer.
(Kiyoshi) -"Ainsi, voila le poids de vos
crimes... Vos victimes n'ont même pas pu atteindre le Sekishiki... Et sont
restées attachées à vos armures!"
"Mais qu'est-ce que... tu nous as fait ?!"
(Kiyoshi) -"Mourez..."
D'un geste rapide comme l'éclair, alors que sa main
droite semble s'illuminer, Kiyoshi projette une vague de lumière en direction
de ses deux adversaires, visant leurs nuques. Le coup atteint ses cibles
instantanément, détachant deux têtes de leurs corps en une gerbe de sang alors
que Kiyoshi d'un mouvement aussi élégant que rapide passe derrière ses deux
victimes, leur laissant imprimées dans l'esprit le souvenir d'une faux sombre
comme les ténèbres...
Sentant l'explosion d'énergie, trois autres guerriers
font leur apparition. Pour croiser le regard de celui qui vient de s'appeler la
Mort. Son regard se durcit, alors que son cosmos s'intensifie une fois de plus.
(Kiyoshi) -"Pauvres fous... Vos âmes sont
d'ores et déja à moi..."
Ces mots prononcés d'une voix sombre n'affectent
néanmoins pas les trois combattants d'Arès, qui déja foncent sur leur proie
comme des fauves. Kiyoshi lève la main droite, concentrant son énergie sur la
paume de sa main, alors que de son corps surgissent une fois encore les
spectres qu'il a domptés.
(Kiyoshi) -"SOUL'S LINK!!!!!!"
D'un cri, les esprits des Beserkers jaillissent de leur
corps, comme attirées par l'énergie déployée par le Chevalier du Cancer.
(Kiyoshi) -"Des
esprits faibles..."
Les soldats d'Arès semblent trop faibles pour pouvoir
opposer la moindre résistance. En un clin d'oeil, leurs spectres rejoignent la
masse d'énergie dégagée par Kiyoshi et se fondent dedans, comme absorbés.
"C'était presque trop facile... Mais pourquoi... Pourquoi leurs cosmos
ne se sont-ils pas éteints ?"
Alors qu'intérieurement il achève cette question, il
recule d'un pas, réalisant avec une legère surprise.
Ses yeux s'étrécissent alors qu'il comprend son erreur.
Les trois guerriers tiennent toujours debout, et se mettent à trembler.
Soudain, une lueur rouge irréelle s'allume dans leur regard, en même temps
qu'un cri de bête s'échappe de leurs gorges.
"Alors c'est donc cela... Les Berserkers tentent de refouler le démon
en eux en permanence... Et maintenant qu'ils n'ont plus une once d'humanité, la
bête a le champ libre..."
D'un geste d'une rapidité quasi-divine, avec l'agilité
héritée du Chevalier du Capricorne, il fend l'air, sa main pareille à la faux
de l'Ange de la Mort. Les gerbes de sang jaillissent alors que les coupures
apparaissent seulement une fraction de seconde après le passage du Chevalier du
Cancer. De ses sens aigus, il réalise qu'il n'a pas achevé toutes ses cibles
alors qu'il entend deux cadavres tomber au sol.
"Il en reste encore un..."
A sa grande surprise, le dernier Berserker a été en
partie touché par l'attaque, le sang coule de sa nuque, luisant d'une lueur
étrange, mais il a esquivé l'attaque, le fait qu'il soit encore en vie en
témoigne.
"Ainsi les attaques de l'esprit ne marcheront pas sur un Berserker...
Mais mon coup a pourtant annihilé son âme... Alors qu'est-ce qui le fait encore
avancer ?"
Contemplant un bref instant le fauve, il est incapable de
comprendre. L'aura qui émane de lui est celle d'un démon, là où avant il ne
ressentait que celle d'un humain fou à lier.
"... Alors ce serait pour cela qu'un Berserker n'est plus un humain
normal... Ils ont fusionné avec un démon..."
D'un geste rapide, Kiyoshi achève de trancher la tête de
son adversaire, mais il n'a pas le temps de parer le coup de poing du Berserker
qui le fait reculer de plusieurs mètres. Alors qu'il voit le cadavre tomber au
sol, se vidant de son fluide vital, Kiyoshi ne peut pas retenir sa surprise en
voyant le sang luire sous les reflets de la Lune.
"Ce sang... Quelle couleur irréelle... Ainsi c'est ce sang qui
contenait le cosmos de ce démon..."
Sans se préoccuper davantage des sentinelles du Dieu de
la guerre, Kiyoshi avance de quelques pas en direction du continent. Sa
perception transcendant les montagnes, les forêts, il sent directement le
cosmos démoniaque d'Arès, les cosmos des Berserkers rassemblés en un point. Il
sait qu'il est proche de son but, qu'il est proche de son destin.
Dans les ténèbres, une ombre semble satisfaite de cette
décision. Ce sont deux destins qui vont s'accomplir.
(Résidence Kido...)
"Non! Il n'est pas question que tu ailles en Azura!
C'est du suicide pur et simple!"
Réunis autour d'Athéna, dans la grande salle, les huit
Chevaliers d'Or sont en pleine argumentation, séparés de leurs armures sacrées.
C'est ainsi que vient de parler Dohko de la Balance. Ces mots, cet ordre,
s'adressent au Chevalier de la Vierge Shaka.
(Shaka) -"Les agissements d'Arès sont
devenus intolérables... Il s'est ouvertement attaqué à Athéna et à son
Sanctuaire, en le réduisant en cendres... Moi, le Chevalier de la Vierge, je ne
peux laisser ces crimes impunis."
Ces mots sont prononcés avec assurance, et avec calme,
mais pourtant, les Chevaliers d'Or peuvent sentir une émotion se dégager de ces
paroles... Une émotion que jamais ils n'auraient cru voir chez le serein Shaka
de la Vierge...
De la colère.
(Camus) -"Shaka, comment peux-tu dire cela
? Toi, le Chevalier dont la sagesse nous dépasse tous ?"
Camus, le regard sévère, lance cette interrogation à
Shaka.
(Shaka) -"Je suis sûr de ma force. Je sais
que je peux arriver jusqu'à Arès... Et au moins le blesser..."
(Mu) -"Oui... Tu es actuellement le plus fort de nous
tous... Cela est indéniable... Mais... Tu ne ferais que jeter ta vie
inutilement."
Shaka semble ne pas pouvoir répondre à cette question,
perdu dans ses pensées. Mu vient de raviver quelques souvenirs enfouis en lui,
et d'éveiller la réflexion.
(Shaka) -"Ma
vie... Oui... Pourquoi suis-je encore vivant aujourd'hui ? Moi, Shaka,
Chevalier Divin de la Vierge... Mon corps a été tué sous les coups de l'Athéna
Exclamation... Mon âme encore une fois devant le Mur des Lamentations... Dieu
m'a appris que toute chose qui est morte, qui a fait son temps, ne peut être
ramenée à la vie... C'est une loi fondamentale... Alors... Serait-ce Dieu
lui-même qui... nous a rendu la vie ? Parce que notre temps n'était pas fini
?"
(Shaka) -"Mu... As-tu oublié ? Cette
vie... On nous a rendu la vie après la guerre contre Hadès... Quelque chose
nous a sauvés... Mais cela n'est qu'un sursis..."
(Shaka) -"Et
les Dieux... Qu'éprouvent-ils face à cela ? Ils sont hors du temps, et peuvent
se réincarner et renaître... Mais pourtant... Ils disparaîtront eux aussi un
jour... Tot ou tard..."
(Mu) -"Cela veut-il dire que tu dois écourter ce sursis
de cette façon ? La vie, quelle qu'elle soit, a une valeur... Même si tu ne
t'estimes pas digne d'une seconde vie..."
Le calme Mu vient d'énoncer ces paroles avec la sagesse
qui le caractérise, espérant faire comprendre à son ami la folie de son
entrerprise. Shaka semble un instant hésiter, trait difficile à percevoir sur
son visage serein, les yeux fermés.
(Shaka) -"Tu as raison, Mu... Ma vie a une
valeur... Elle peut servir à vaincre le plus possible de guerriers d'Arès...
Elle ne doit servir qu'au combat pour le bien... Pas à mes propres désirs...
Cela serait injuste, envers tous ceux qui sont morts, et qui n'ont pas eu droit
à la même clémence que nous..."
C'est maintenant Saga qui s'avance vers le Chevalier de
la Vierge.
(Saga) -"Tu as raison. Nous ne méritons sans doute pas
cette deuxième vie... Nous devrions sans doute croupir en Enfer... Moi le
premier... Et pourtant... Si nous sommes là... C'est que quelqu'un l'a
décidé... Quelqu'un dont la volonté dépasse de loin notre entendement...
Quelqu'un qui avait prédit qu'Athéna aurait besoin de nous tous pour combattre
Arès!"
(Shaka) -"Quelqu'un
qui...! Mais comment ?! Et pourtant... Oui... Maintenant que Saga le dit...
C'est fort possible... J'ai du mal à le croire... Mais cela semble être la
seule explication..."
Shaka une fois de plus semble en proie à l'hésitation.
Saga croit un instant avoir atteint le coeur du Chevalier de la Vierge et
l'avoir convaincu. Mais il déchante lorsque sa réponse vient.
(Shaka) -"Si cela est vrai... Alors je
dois voir Arès moi même pour découvrir pour quelle raison nous avons été
ramenés... Si une puissance supérieure a usé de ses pouvoirs pour nous ramener,
c'est que non seulement le réveil d'Arès était prévu, mais que des évènements
infiniment plus graves se cachent derrière cela..."
Une fois encore on lit une trace de colère, grandissante,
dans sa voix, lançant le trouble, éveillant dans tous les esprits ces mêmes
interrogations.
(Dohko) -"Shaka...
Tu es un combattant hors pair... Mais ton fanatisme est ce qui te mènera à ta
perte... Ne peux-tu donc pas voir autre chose que le combat contre le mal dans
ta vie ?"
Le sage Dohko se contente de suivre l'échange du regard,
souhaitant de toute son âme que Shaka entende enfin raison. Son regard se
tourne vers Athéna, toujours sous le choc de la perte de ses cinq plus fidèles
Chevaliers, sous le choc de la mort de ses amis Jabu et Nachi...
(Dohko) -"Athéna...
Puissiez-vous retrouver vos esprits... Vous seule pouvez encore convaincre
Shaka..."
C'est au tour du Chevalier du Verseau de tenter de
convaincre son ami, et de se lever pour s'opposer à lui.
(Camus) -"Shaka. Cesse de croire que tu
n'as de valeur qu'en tant que combattant... En tant qu'être humain, en tant que
compagnon d'armes, tu es également quelqu'un d'important pour nous tous ici!
Même si tes raisons sont nobles, un suicide reste un suicide... Ton sacrifice
ne ferait pas avancer les choses... Une fois devant Arès, tu ne feras pas long
feu seul... Même si tu es le plus puissant de nous tous, regarde le sacrifice
de Seiya face à Hadès! Il a failli le payer de sa vie, et si ses amis n'avaient
pas pas été derrière lui pour continuer le combat il se serait sacrifié pour
rien!"
Camus semble pour la première fois perdre son sang froid
légendaire à mesure qu'il parle. L'exemple qu'il a pris se voulait
volontairement fort...
(Aiolia) -"Quoi que tu décides, nous ne te
laisserons pas te sacrifier inutilement! Même si pour cela je dois me battre
contre toi!"
La fougue du Lion venait de prendre le pas sur la raison,
alors qu'il s'interposait devant le Chevalier de la Vierge, qui faisait déja
les premiers pas vers la porte de la demeure.
(Shaka) -"Tu n'es pas mon adversaire,
Aiolia... Mais quoi qu'il m'en coûte, je verrai Arès... Il y a trop de mystère
qui l'entoure..."
La divine cosmo énergie de Shaka s'élève. Elle innonde la
pièce de sa lueur dorée, comme l'astre du jour. Aiolia lui même semble frémir
devant une énergie aussi intense.
En réaction à cela, Aiolia intensifie également son
cosmos, plein de chaleur humaine, de fougue et de cette même lueur. Alors
qu'ils disparaissent tous les deux dans un éclat de lumière aveuglant, les six
Chevaliers d'Or réalisent qu'ils se sont téléportés dans la forêt avoisinant la
résidence.
L'héritière Kido semble à peine avoir réagi à ce
déploiement d'énergie. Comme coupée du monde réel, pour éviter la souffrance.
Néanmoins son esprit la force à ressentir les deux énergies déployées de ses
fidèles Chevaliers.
(Saori) -"Encore
un combat... Mais je suis si lasse... Les combats doivent-ils continuer encore
? Même entre mes amis ?"
Une voix en elle même répond à cette question, comme
guidée par le destin. Familière, mais Saori est incapable de la reconnaître,
tant elle est submergée par sa souffrance. Sans qu'elle puisse en avoir
conscience, Saori est en train d'avancer vers le lieu où les destins se
séparent... Où les futurs peuvent changer selon une décision prise.
"Il n'appartient qu'à toi d'arrêter ce combat..."
(Saori) -"Mais
comment ? Je ne peux rien faire... Je n'ai rien pu faire contre Arès... Il
a..."
"Je sais aussi bien que toi qu'Arès est redoutable... Il a été l'un de
tes plus terribles adversaires, cela est incontestable! Mais cela ne te donne
pas le droit d'abandonner! Tu as un rôle sur cette Terre, une raison de te
battre!"
(Saori) -"...Suis-je
encore capable de remplir ce rôle ?"
"Tu as perdu cinq de tes meilleurs combattants, c'est un fait... Mais
il te reste ta propre force... Contre un adversaire comme Arès, tu dois te
battre... de toutes tes forces..."
(Saori) -"Combattre...
Non... Je ne veux pas perpétrer les mêmes atrocités qu'Arès..."
La voix semble devenir plus forte et plus violente, comme
une tempête.
"Quand comprendras-tu ?! Arès est en train de détruire tout ce qui
t'es cher! Si tu ne te bats pas pour le défendre, tu vas le laisser mourir! Si
tu te bats, tu as une chance de le sauver! Même si tu répugnes à combattre de
toutes tes forces, tu n'as pas le choix !"
Saori hésite un instant.
(Saori) -"...
Mais je risque... Mon vrai pouvoir risque de détruire la Terre... C'est pour
cela que je n'ai jamais combattu directement... J'aime trop la Terre pour...
risquer de la perdre..."
"Dans ce cas, bats-toi. Tu as peur de perdre la Terre, et
paradoxalement tu ne fais rien pour la sauver... Les Dieux tiennent plus des
humains que je ne l'aurais cru... Craignant de blesser les autres, ils les
fuient, alors qu'ils ne cherchent que l'affection... Mais toi... Tu es Athéna,
Déesse de la Sagesse! Tu as peur de ton pouvoir, car tu le connais trop... A
présent, tu dois dominer cette peur pour le maîtriser réellement! Va, Athéna,
sauve la Terre que je t'ai laissée..."
Croyant reconnaître la voix, Saori sursaute, reprenant
brusquement ses esprits.
(Saori) -"Grand
père...?"
--
"Aiolia... Abandonne le combat, je ne tiens pas à te
blesser."
C'est le calme Shaka, méditant en position du Lotus qui
vient de prononcer ces mots alors que le Chevalier du Lion voit son poing
s'échouer sur la barrière d'énergie du Chevalier de la Vierge. Shaka, d'une
décharge de son énergie, repousse le Chevalier du Lion. Aucun des deux
Chevaliers ne porte son armure, et donc n'ose user de toute sa puissance.
(Aiolia) -"Pas tant que tu auras renoncé à
te sacrifier inutilement!"
(Shaka) -"... C'est pourtant un sacrifice
que quelqu'un doit faire... Quelqu'un doit voir Arès et le confronter, pour
comprendre quel mystère se cache derrière sa resurrection... Derrière son
pouvoir..."
(Aiolia) -"Et à quoi cela te servira-t-il
de le savoir si tu dois en mourir ?! Crois-tu vraiment que cette connaissance
mérite de tels sacrifices ?!"
Ces mots lachés avec force et fougue sont pourtant pleins
de sens. Shaka semble en réaliser la portée alors que le trouble apparait sur
son visage jusque là serein.
(Shaka) -"...
Tous ceux qui ont cherché à acquérir trop de connaissances ont fini par se
détruire eux mêmes... La connaissance ultime est celle qui consumera quiconque
en prend conscience... C'est ce que Dieu avait appris aux mortels... Acquérir
la sagesse ne leur apportera que de la souffrance... Mais pourtant... Quelqu'un
doit..."
(Aiolia) -"Shaka... Tu sembles croire
qu'être le plus proche des Dieux fait de toi un être différent de nous... Un
être qui doit supporter seul le poids de la souffrance et combattre seul le
Démon... Mais c'est faux! Nous avons tous été choisis en cette ère pour être
des Chevaliers d'Or, protégeant Athéna! Nous avons tous été ramenés à la vie
pour combattre Arès ensemble!"
Le trouble se lit sur le visage de Shaka. Une goutte de
sueur coule de son visage, alors que le doute envahit son esprit.
(Shaka) -"Je
me suis éveillé totalement au 8ème sens... Et j'ai atteint le principe de complétion de
l'esprit... Mais... Me suis-je cru trop parfait ? Ai-je véritablement commis le
crime d'hubris ?... Il n'y a maintenant qu'un seul moyen de le savoir... Si
Aiolia a véritablement raison..."
Le cosmos de Shaka grandit alors, atteignant à nouveau
cette puissance capable d'annihiler l'âme. Aiolia comprend le désir de son ami.
Il a enfin été touché par le doute, et souhaite savoir où se trouve la vérité.
Et pour cela le seul moyen est...
Le combat.
Aiolia intensifie également son énergie, pleine de sa
chaleur humaine, de son amitié envers ses frères d'armes, prêt à prouver au
Chevalier de la Vierge malgré sa puissance qu'il est dans l'erreur.
(Aiolia) -"LIGHTNING PLASMA!!!!"
(Shaka) -"PAR LE CHATIMENT DU CIEL!!!!"
Simultanément, les deux coups partent. Shaka libère de
ses mains l'énergie immaculée qu'il a concentrée, aussi ardente qu'un
micro-univers, vers le Chevalier du Lion.
Le formidable mur de lumière vient de partir des poings
d'Aiolia à une vitesse défiant l'imagination. Shaka est persuadé que le coup va
s'échouer sur sa barrière d'énergie, mais il sent autre chose dans le coup
d'Aiolia.
"Le cosmos d'Athéna... ?"
Les deux coups entrent en opposition dans l'air. Le
déploiement d'énergie est titanesque. Aucun des deux combattants ne semble
douter. Puis soudain...
L'énergie explose. Aiolia est repoussé au sol par la
violence du coup. Alors que la fumée se dissipe, Shaka également se trouve au
sol. Vaincu. Mais paradoxalement, un sourire se trouve sur le visage de l'homme
le plus proche de Dieu.
"Malgré tout mon savoir... Je n'ai pas su voir que mon destin était
d'affronter Arès... Accompagné d'Athéna et des Chevaliers d'Or... Je n'avais
pas su accepter l'amitié... C'est pour cela... que je suis resté imparfait...
Merci à toi... Aiolia..."
Alors qu'Aiolia se relève, bien que toujours secoué, une
voix l'appelle.
"Aiolia!"
Se retournant, il aperçoit ses amis, accompagnés de
Saori. Il est soulagé de voir que sa déesse a retrouvé ses esprits et s'est
décidée à agir. S'agenouillant vers le Chevalier d'Or de la Vierge, elle
brandit son sceptre au dessus de son corps, tandis que la lumière commence à en
émaner.
(Saori) -"Pardonne-moi
Shaka... Mais le pouvoir qui t'a été donné est trop dangereux pour être révélé
maintenant..."
"Tu as déja violé une des lois divines en utilisant ce pouvoir... En
annihilant l'âme de tes adversaires... "
"Par conséquent je me dois d'appliquer un chatiment..."
"Je vais sceller tes pouvoirs et les limiter... Tu ne devras le
réveiller que si..."
L'hésitation apparaît sur son visage un bref instant, se
changeant en certitude, alors qu'elle pense aux implications.
(Saori) -"Non...
Le secret que dissimule derrière lui Arès ne doit pas être réveillé, car il
signifierait la destruction de l'humanité..."
Athéna a conscience du rôle que le Chevalier le plus
proche de Dieu devra jouer dans le futur si ce secret se réveille. Il ne doit survenir
que si Arès accomplit la Prophétie des Ténèbres, et non pas l'inverse.
Le cosmos émanant du sceptre irradie le corps de Shaka,
refermant ses blessures instantanément,
tandis qu'un bref instant les lettres grecques correspondant à
"Athéna" scintillent sur le corps du Chevalier de la Vierge.
(Saori) -"Maintenant...
Nous pouvons partir au combat... Tous ensemble, nous vaincrons Arès!"
Athéna se relève, son sceptre scintillant plus que
jamais. Elle est déterminée à combattre jusqu'au bout. Sans qu'elle le sache,
un premier pas vers un nouveau destin vient d'être effectué. Le premier pas
vers la lumière...