Partie 3 : Argo Navis! Les Armures du Destin
Chapitre 11 :
Qu'attends-tu au-delà de ces jours de souffrance ? - Kizutsuita hibi no mukou
ni, nani ga matsu no ka ?
Dans la
légende perdue, on raconte que Zeus, Poséïdon et Hadès, trois frères nés de la
Terre elle même, se sont éveillés à la divinité, et ont séparé la réalité en
plusieurs mondes. Zeus, amoureux de la lumière et du ciel, reçut le contrôle du
Ciel et créa l'Olympe. Hadès, ténébreux et morbide, devint le maitre de la
Mort. Poséidon, amoureux de la vie, devint le régent de la source de toute vie,
les océans.
En ces temps
encore chaotiques, Lumière et Ténèbres cohabitaient librement, se cotoyant sans
se détruire. La légende perdue ne retint pas que le Dieu des Dieux était né de
la Lumière la plus pure... Et qu'en tant que tel, il ne possédait pas la
moindre parcelle de Ténèbres en lui. Le Dieu, incapable de contrôler une chose
qu'il n'était pas, avait décidé de recréer la réalité à son image, et pour cela
bannit les Ténèbres de son univers, aidé en cela par ses frères et sa fille, et
réécrit les lois de la réalité, définissant cette loi physique bien connue...
L'anti-matière
et la matière plus jamais ne purent se toucher sans se détruire, cela afin de
garder ce sombre secret perdu dans les âges. Par la suite, Dieux, combattants
divins, et hommes furent pratiquement tous reformés à cette image, constitués
uniquement de Lumière. Les uniques exceptions, fidèles en tout point au Dieu
des Dieux, furent les éveillés à la "Complétion".
Bien plus tard
encore, le Dieu des Dieux assista aux premiers conflits opposant les Dieux au
moyen des humains. Et réalisant le danger pour l'humanité et la Terre, il
scella le don du Cosmos, ne le réservant qu'aux rares élus, choisis pour
protéger les Dieux. Parmi eux se trouvaient les Chevaliers d'Athéna.
--
-"Ils
sont de retour."
-"De
nouveau, un miracle a eu lieu."
-"..."
-"C'est
un retournement de situation pour le moins inattendu."
-"Inattendu
mais cela n'accorde pas à Athéna la victoire pour autant..."
En
ces mots parlent les cinq Généraux Démoniaques, qui sont conscients que les
cinq Chevaliers Divins d'Athéna ont échappé à leur funeste sort. Jared est le
seul qui soit resté muet, incapable encore de réaliser pleinement ce que
signifie ce qui vient de se produire.
Cinq
cosmos d'une intensité phénoménale se sont matérialisés en Azura, au coeur même
de la forteresse! Et à cet instant, comme si une blessure en lui avait cessé de
saigner et s'était refermée, il sentait un bien-être rarement ressenti jusque
là. La sensation d'être de nouveau entier. Et par là même une sensation de
malaise, car c'est la première fois qu'il ressent la joie de savoir son
homologue vivant, et que ce simple fait le terrifie. Car pour la première fois
un sentiment de bien être vient eclipser et s'opposer à sa haine viscérale,
celle qui l'a toujours animé, qui l'a toujours fait avancer. Et ce constat le
terrorise au plus haut point.
Il
a atteint ses objectifs, se venger de Seiya et du Sanctuaire, et maintenant...
Maintenant, ce pouvoir démoniaque qu'il a reçu lui semble bien fade. Il se sent
vide.
"Que
faire de ce pouvoir immense ? Tout but pour moi a disparu..."
Serrant
le poing, sentant affluer une force immense, il réalise l'aberration qu'il est
aux yeux de l'univers, un être capable de briser toutes les règles tel un
château de cartes, il est le Chaos incarné, l'unique faille dans cet écheveau
universel. Mais cela ne procure plus aucune joie en lui, aucune puissance. Car
il n'y a personne pour réaliser son existence, sa puissance. Personne, excepté
encore Arès... Plus rien ne le définirait s'il perdait son but. Et cela, il ne
peut le supporter.
"Arès. Je
me suis engagé dans sa voie, je combattrai jusqu'au bout. Il est trop tard pour
faire marche arrière." tente de se convaincre le démoniaque
Chevalier en proie au doute.
Se
répétant mentalement cette simple phrase, le doute disparaît vite de son visage
et de son esprit, comme seul un combattant expérimenté est capable de faire
abstraction de ses sentiments. Pourtant, ce n'est qu'un refoulement
temporaire... On ne peut infiniment sceller le doute et les émotions négatives,
et cela il le sait inconsciemment au plus profond de lui-même, mais il tente
d'oublier également cette règle qui s'applique tant aux sentiments qu'aux Dieux
et aux Démons, finalement si proches.
Le
combat final approche.
"Je
viens de comprendre... Ce lieu. Ce n'est pas une dimension ordinaire..."
"Il
se trouve... En dehors de notre univers, régi par des lois qui ne sont pas
celles du notre. Et les Berserkers. Ils ne sont pas retournés à la Big Will, et
encore moins au Monde des Ténèbres. Car leurs âmes sont fondamentalement
différentes..."
"Même
si le Monde des Ténèbres existait encore, Hadès n'aurait jamais pu avoir la
moindre influence sur eux... Les âmes des Berserkers ne sont pas des âmes
humaines... C'est pour ça que même morts leurs âmes ne rejoignent pas l'Hadès
mais Azura, qui est lui sous le contrôle d'Arès..."
C'est
en ces mots qu'Aiolos parle à son frère Aiolia, se remémorant ses combats
contre les Berserkers et son passage dans cet endroit qu'on appelle Au-delà.
Jamais il n'a semblé que les soldats d'Arès ne soient des combattants normaux,
mais à présent il vient de saisir pourquoi.
-"Oui...
Maintenant je comprends... Même Némée... Il était issu de mes doutes, de mes
terreurs... Et par l'influence d'Arès il est devenu un démon à part entière...
Mais alors, ça signifierait que... même maintenant son esprit subsisterait
encore ?"
-"Cela,
seul Arès peut le dire... Mais si ces démons fanatiques sont animés d'une
volonté suffisante, crois-moi, même transcender la mort n'est rien de plus
qu'être persuadé qu'on est toujours en vie... Nos combats seront probablement
plus durs que prévus."
Les
murs de minerai rouge semblent luire, comme pour confirmer cette impression.
Soudain,
explosion de Cosmos. Une explosion si violente que les murs semblent se raidir
et vibrer de douleur. L'éclat rouge du minerai lui-même semble ternir.
"Ces
cosmos ! Ce serait..."
Sans
qu'il puisse se contrôler, Aiolia voit un sourire se dessiner sur son visage,
alors qu'un poids immense vient de s'ôter de ses épaules.
Se
tournant vers son frère, le Chevalier du Lion réalise qu'il en est de même pour
son frère.
Un
autre lieu, un lieu où sont gravés les combats des Dieux et des Titans, où la
fresque centrale représente celui qui a reçu pour chatiment de porter le Monde
sur ses épaules après avoir été vaincu par Zeus lui-même.
Un
lieu où un combat sans merci se déroule. Les protagonistes sont bien sûr des
combattants divins. D'un côté le colosse géant en armure rouge, qui n'est plus
maître de sa volonté, mais qui n'est plus qu'une marionette entre les mains de
Deimos de la Terreur. Et sa puissance semble être telle que son corps ne
résistera pas à la puissance d'un Dieu. Mais face à cet adversaire déja
inhumain et devenu divin - quelque part démoniaque -, deux êtres non moins
légendaires se sont relevés. Eux qui jusque là étaient en parfait désaccord, au
contact de ces cosmos qui viennent de réapparaître comme une vague de lumière
balayant les ténèbres, la barrière de leur âme s'est brisée.
Comme
s'ils éprouvaient de la honte face à ces mythiques guerriers qui ont toujours
combattu sans relâche, sans rien à perdre. Alors qu'ils sont leurs aînés, les
cinq champions les ont surpassés. Et cette pensée provoque en eux une honte
sans borne, non pas celle qui pousse à se terrer dans les ténèbres, mais bien
celle qui pousse à se relever pour faire face à la lumière et s'en montrer
digne. Leurs maigres préoccupations, exacerbées par les servantes des déesses
de la Discorde, à présent, ne sont plus rien face au devoir qu'ils doivent
accomplir. C'est la seule chose qui lie leur existence à ce monde. Le devoir.
Vaincre.
Et
c'est ensemble qu'ils se redressent, auréolés d'or, la puissance de leur aura
contrastant avec l'état de leurs armures respectives.
"Qu'est-ce
que ... !!!" lâche la voix divine de Deimos. La terreur a cessé son
emprise sur leurs esprits. Il semble sincèrement surpris d'assister à ce
changement.
"Le
combat n'est pas fini, Kanon."
-"Non,
Saga. Nous irons jusqu'au bout cette fois. Pour ne pas faire honte à ceux qui
ont toujours protégé la Justice !"
-"Pour
ceux qui ont toujours défendu Athéna !" lancent en coeur les deux jumeaux,
leurs coeurs semblant de nouveau en harmonie.
"Qu'espérez-vous
? Vos pouvoirs sont immenses, mais vous êtes bien trop individualistes pour
faire face à plus fort que vous !"
-"Tu
as totalement raison, qui que tu sois. Mais je te prierais de parler au
passé." répond Saga, désormais parfaitement calme, paré de cette prestance
divine qui fit que jadis et maintenant encore nombreux sont ceux qui l'ont
appelé l'égal de Dieu.
-"C'est
frustrant de l'avouer, mais nous ne pourrions regarder en face ces cinq
héros... Non, nous ne pourrions même plus nous regarder dans une glace si nous
ne nous montrions pas capables de nous surpasser, ne serait-ce que pour
atteindre le dixième de leur courage ! Quand bien même nous serions en
désaccord et individualistes, c'est la seule chose qui ne changera jamais et
que nous reconnaîtrons toujours !" achève Kanon, ce sourire malicieux aux
lèvres, qui lui a maintes fois valu le titre de démon.
Atlas
se contente de fixer ses ennemis, et d'évaluer. Une nouvelle situation, trop
peu d'informations pour agir. Un danger potentiel, l'effet de surprise est pour
l'ennemi.
"Maintenant,
ce n'est plus à deux adversaires que tu as affaire !" répondent à
l'unisson les deux frères.
Un
grognement sort de la bouche du colosse. Mais Deimos possédant Atlas n'a pas le
temps de réagir que déja Kanon passe derrière lui.
Le
signal n'a même pas besoin d'être véhiculé par la pensée, par la voix ou
quelque moyen que ce soit. Saga sait déja à quel moment il doit frapper. Comme
si désormais leurs esprits avaient retrouvé ce lien qui fait qu'il n'est plus
nécessaire de penser pour communiquer. Oui, une véritable communion, réalise
avec horreur Deimos.
Et
à la vitesse réelle de la lumière, celle que même les Dieux ne peuvent
dépasser, arrive le coup. Parfait dans son exécution, de chaque coté, l'impact
des poings jumeaux aurait du propulser le corps du colosse à plusieurs
centaines de mètres dans une direction ou l'autre. Mais la beauté et la
simultanéité du geste font qu'il n'en fut rien. Et cette fois, oui, cette fois,
l'armure se brisa nettement, et bien que le géant ne lacha pas de cri de douleur,
il était visible qu'il était surpris ! Contrairement au précédent coup de Saga,
nécessairement synchrone, mais requérant qu'il divise sa puissance, cette fois
l'attaque était deux fois... non, infiniment plus puissante ! Et infiniment
plus dure à réaliser... Synchroniser leurs mouvements à la vitesse de la
lumière sans communiquer - du moins sans que le Dieu de la Terreur ne puisse
sentir la moindre forme de communication - voila un exploit qui dépassait
véritablement sa compréhension. Le plus inquiétant était la résonnance qui
semblait exister entre leurs âmes.
Comme
si la réapparition de ces cinq cosmos avait suffi à rendre l'équilibre, à
rendre l'unité à ces deux hommes, comme si ces cosmos étaient désormais le lien
invisible, intangible entre eux. Une simple pièce manquante qui se met en place
dans un mécanisme, brisant toute la machination du Dieu de la Guerre, la
retournant à l'avantage d'Athéna, inversant les rouages de cette capricieuse
machine qu'est le Destin, sans pour autant la briser. Cette idée fait frémir
Deimos, et il se surprend même à succomber à ce qui est son propre concept.
Mais cela ne dure même pas un instant.
"Je
ne sais pas par quel miracle vous transcendez la vitesse de la lumière pour
vous mettre ainsi à l'unisson, mais ça ne suffira pas pour me vaincre !"
lache le guerrier gigantesque, comme une bravade.
Un
simple sourire barre le visage des deux combattants.
"Transcender
la vitesse de la lumière ?" demande Saga, un rictus moqueur ornant son
visage couvert de sang, désormais mariage parfait entre défaite passée et
victoire future.
-"Cela
est une chose impossible, même pour les Dieux... C'est une loi physique qui
définit notre univers." achève Kanon.
-"Par quelle sorcellerie parvenez-vous à
vous mettre en accord, alors ?!" lache le géant.
-"Néanmoins,
toute loi peut être contournée. Et tu sembles croire que nous échangeons des
signes, que nous devons communiquer, pour mettre au point notre tactique."
réplique Saga.
-"C'est
là ton erreur. Nous n'avons pas... nous n'avons plus besoin de communiquer pour
nous mettre à l'unisson."
-"C'est impossible... Cela voudrait dire
que..."
Deimos
est dépassé par ce qu'il vient d'entendre. Cela veut dire que des mortels, de
simples mortels, ont trouvé un moyen de tenir en échec des lois divines, et
cette idée lui est difficile à accepter.
"TITANIC
DISCHARGE !" lance le Berserker possédé, libérant des tornades
d'énergie, achevant de réduire la fresque en un mur vitrifié par l'énergie
dégagée par l'attaque. Pourtant, le coup meurt aussitôt.
"ANOTHER
DIMENSION!" ont lancé les deux jumeaux simultanément. Et c'est un filet
dimensionnel qui a intercepté l'attaque, entraînant toute cette formidable
dépense d'énergie dans une faille de l'univers, en un autre temps ou un autre
lieu, nul ne peut le dire.
"Tu
ne peux rien contre nous, désormais. Nous ne te laisserons plus la moindre
chance !"
Le
cosmos de celui qui avait dit s'appeler Saga augmentait davantage, pur comme
celui d'un Dieu, touchant celui de son frère, celui qui avait dit s'appeler
Kanon, et dont l'aura rappelait celle d'un démon, qui n'avait de comptes à
rendre à personne. Et inversement, l'aura de Kanon, s'intensifiant, touchait
celle de son frère, l'augmentant. La lumière et l'ombre étaient en résonnance,
et cela provoquait un paradoxe. Et de ce paradoxe naissait non pas une négation
de leurs énergies, mais une amplification... démesurée.
"Très
impressionnant... Jamais je n'avais vu de phénomène de résonnance cosmique
tel... C'est véritablement un miracle. Mais vous n'aurez pas le temps de
l'utiliser !"
Le
guerrier géant brandit l'arme dans ses mains, le nunchaku, et la fit tournoyer,
plus vite encore, libérant quelques éclairs. Mais ces derniers ne faisaient
plus que glisser sur les deux jumeaux qui continuaient d'intensifier leurs auras
mutuellement. Le véritable coup était à venir, et il serait terrible. Sans
aucun doute il aurait la force de les anéantir. Cela, les deux jumeaux le
voyaient. Mais ils ne le craignaient plus. Ils savaient au fond d'eux-mêmes
qu'il fallait désormais croire en la victoire, et plus l'atteindre ! C'était là
le futur qu'ils pouvaient désormais clairement voir par delà le voile des
ténèbres.
"TITANIC
DISCHARGE !!!!"
Le
coup était bien plus puissant que la dernière fois. Et ce ne fut pas plusieurs
tornades d'énergie, mais bel et bien un maëlstrom qui était lancé sur les
jumeaux. Ils fermèrent les yeux, prêts à recevoir l'impact.
"Saga,
es-tu prêt ?"
L'impact.
"Oui, mon
frère."
Explosion.
-"POUR
ATHÉNA!" pensent les deux jumeaux.
Aveuglante
lumière. Et le bruit d'un corps organique réduit en cendres, au delà de la
carbonisation, dépassant la pyrolise pour ne plus devenir que plasma et
s'éteindre.
Atlas
reste anxieux. Il ne sait ce que sont devenus ses adversaires, mais le peu
qu'il sait lui permet de dire ceci : ils ne sont pas morts, et probablement pas
blessés gravement. Par contre le corps emprunté du Berserker a très mal
supporté la décharge de force divine, et il est très clair qu'un prochain coup
le réduira en bouillie. L'information de douleur venant des os, des muscles, de
chaque fibre du corps du colosse atteint l'esprit du Dieu, mais glisse sur son
âme comme l'eau sur un lit de roches. Tel est le pouvoir de ceux qui ont
dépassé le carcan de la simple matière physique. La douleur n'est plus qu'une
information pour eux.
Alors
que la lumière se dissipe, il ne reste qu'une chose. Une silhouette dans la
fumée, parée d'une armure majestueuse, ailée, semblable en tous points à
l'Armure des Gémeaux, mais à l'aspect céleste.
"J'en
aurai au moins eu un..." pense Atlas - Atlas ? - un instant, ne
remarquant pas encore, ou refusant de remarquer l'Armure et sa transfiguration.
Soudain, déflagration de cosmos. La fumée est dissipée en un instant, pour
révéler un être baigné d'une lumière divine, et pure, au regard sombre. Sosie
parfait de Saga et Kanon.
Atlas
semble chercher du regard un cadavre, seule explication rationnelle au fait que
un seul adversaire se tienne devant lui désormais. Pourtant aucune trace,
seulement des gravats au sol.
"Tu
sembles perdu, Berserker."
La
voix elle-même a changé. Divine, supérieure, mais de fer et inflexible.
Familière et inconnue.
Cette
fois le Berserker possédé a compris, ou commencé à cerner ce qu'il a provoqué.
Il n'a tué aucun des deux guerriers face à lui, mais sa formidable puissance a
aidé à...
Sa
pensée n'est pas finie que déja son adversaire a disparu. Et qu'en un laps de
temps inférieur à un battement de cils, il vient de frapper et de projeter son
corps dans le mur, de sa simple aura.
-"QUI
es-tu ?!"
-"Enfin
tu sembles comprendre. Ceux qui se faisaient appeler Saga et Kanon ont décidé
de renoncer définitivement à la barrière qui les séparait, tant psychiquement
que physiquement."
"Je
ne sais si c'est directement dû aux cosmos de Seiya et ses frères, mais depuis
leur retour en cet univers, la barrière mentale érigée entre nous par cette chère Eris et ses servantes a cédé. De
là, il n'était plus besoin de communiquer entre eux, ils partagaient la même
conscience, l'incarnant simplement dans deux corps séparés."
L'entité
derrière le géant commence à réaliser avec surprise. Il remarque également que
l'être a changé sa façon de se désigner par rapport à Kanon et Saga.
"Ta
dernière attaque a effectivement eu raison des deux mortels qu'ils étaient.
Mais nous maîtrisions tous les deux le 8ème sens, ce qui veut dire que nos
existences ne sont plus liées aux contraintes matérielles de ce monde. La mort
physique n'est plus rien pour nous."
-"Et
la dernière distinction qui existait entre Saga et Kanon a désormais disparu,
laissant leurs âmes fusionner et prendre conscience de l'ultime vérité : la
limite entre les hommes et l'univers n'est qu'une illusion. Et c'est à travers
cette idée qu'ils ont choisi de se matéraliser en ce que je suis désormais. Le
Chevalier Divin des Gémeaux."
-"Etant
la somme de leurs âmes, de leurs émotions et de leurs connaissances, je prends
pour nom Sigma, Chevalier Divin des Gémeaux !"
L'entité
à l'aura angélique mais au regard de glace fixait le Berserker, et à travers ce
corps, semblait traverser l'espace pour voir directement la silhouette du Dieu
de la Terreur. Ce dernier était véritablement impressionné par la naissance
d'une nouvelle divinité. Car c'était véritablement de cela qu'il était
question. Un humain qui avait réussi à se libérer de toute contrainte, exceptée
une seule... La seule chose qu'il acceptait et reconnaissait en tant que son
karma. Le dernier stade avant cet état que les Bouddhistes nomment Nirvana, si
proche et pourtant si loin. Au même titre que lui.
Cette
fois le Dieu de la Terreur possédant son Lieutenant empoigna son arme, le
nunchaku, et la brisa. L'énergie qui venait d'être ainsi libérée flotta en
l'air quelques secondes, avant d'être absorbée par l'armure du guerrier dont le
corps semblait sur le point de rompre, tel un colosse aux pieds d'argile.
"Je vais
d'une certaine façon admettre ma défaite face à toi, puissant Sigma. Mais tu es
un imprévu de taille dans les plans de sa Majesté Arès, et pour cela je ne te
permettrai pas de continuer ta route !"
L'énergie
qui s'était déposée sur le corps d'Atlas semblait telle une bombe à
retardement. Sigma fronça les sourcils, réalisant ce que le Dieu pensait faire,
alors que d'étranges marques noires s'inscrivaient à la surface de son corps,
et particulièrement de son visage.
"Sois
honoré, car c'est la première fois que j'use de cette attaque ! SEIGNEUR ARES,
QUE CE SACRIFICE M'APPORTE VOTRE PUISSANCE !"
L'énergie
jusque là latente de Deimos explosa, repoussant les limites du corps qu'il
occupait, le réduisant en bouillie instantanément. Pourtant Sigma ne trembla
pas devant le formidable déploiement d'énergie, sachant déja ce que son ennemi
s'apprêtait à faire.
"FADE...
TO... VOID !!!!" hurla Atlas, alors que son corps tombait en une masse de
chair sanguinolante, utilisant cet arcane qui n'était pas le sien et que seul
un Dieu pouvait utiliser.
La
déchirure de l'espace absorba Sigma... avant de se refermer comme la gueule de
la Bête.
Salle
du trône d'Arès. Face à lui les silhouettes de ses cinq Généraux,
fantomatiques, présents par l'esprit et non par le corps. Pourtant leur
prestance est inchangée, et n'importe quel mortel aurait juré les avoir vu en chair
et en os.
"Deimos...
Penses-tu sincèrement pouvoir te débarasser de cet... homme ainsi ?" demande par
la pensée avec ironie et colère celui qu'on nomme Arzan, mais également Arès,
Dieu de la Guerre. "Je dois avouer
que tu m'as surpris... Réussir à ouvrir la porte vers Daath... Mais puisque tu
n'es pas un pur Démon, es-tu sûr que..."
-"Cela
est sans importance. L'essentiel est que les gêneurs soient hors de notre
chemin tant que le sort d'Athéna et Poséïdon n'est pas réglé." répond
Deimos, qui a sacrifié un corps d'emprunt.
-"Mais
cet homme... Comment se fait-il que..." demande Eris sans achever sa
phrase, tant la fin en est évidente.
-"C'est
exactement comme ils l'ont dit. Ils ont trouvé la voie du 8ème sens, et l'ont
totalement maîtrisé. Cela fait que désormais leurs esprits ne sont plus liés
par le carcan de la matière physique. C'est ainsi qu'ils ont pu fusionner leurs
âmes définitivement." répond Nemesis, fascinée par le phénomène.
-"Cela
aurait du être impossible. Leurs esprits étaient séparés par une barrière, et
pas simplement leur seule enveloppe physique. Ils ne pouvaient pas se
coordonner. Mes Erinyes ont sacrifié leurs existences pour engendrer cette
malédiction. Pourtant quelque chose leur a servi de 'guide'..." réplique
Eris.
-"Oui.
C'est certain, les 'champions' y sont pour quelque chose. C'est eux qui ont
servi de point d'ancrage. Et grâce à cela, en embrassant le 8ème sens dans sa
totalité, en purifiant leurs âmes pour atteindre une puissance supérieure, ils
ont transcendé le simple état de mortel. Leur puissance le démontre."
-"Tu veux
dire... qu'ils sont devenus des Dieux comme nous en s'unissant ?" demande
Phobos.
-"Si
Sigma n'en est pas un il en est très proche. Au moins autant que ne l'était le
Messie, qui a disparu... Et cela probablement bien plus que ne le sont Seiya et
ses amis. C'est pour cela que j'ai sacrifié Atlas pour évincer ce gêneur...
Temporairement. Mieux vaut sacrifier un simple Pion face au Cavalier adverse
que risquer une Reine, ne penses-tu pas ?" répond Deimos
calmement.
-"Les
Généraux de Poséïdon se sont approchés également du 8ème sens, en surpassant
leurs faiblesses, même si on les y a aidés. Cela est gênant. Un esprit, même
partiellement éveillé au 8ème sens n'est plus que peu consumé par ses passions
ou par le monde matériel. Notre emprise sur eux devient minime." affirme Eris.
-"Pour
l'heure, le plus dangereux combattant est ce Sigma... Il est désormais celui
qui maîtrise le mieux les portes des mondes et les dimensions. Cela est une
évidence. Et il est évident que d'autres 'miracles' auront lieu... Une simple
pièce vient de re-rentrer en jeu, un simple rouage vient de se remettre en
place, et les choses ne tournent déja plus rond. Il ne faudra pas commettre une
seule erreur." achève Arès.
Le
lieu du combat, l'instant qui suit la disparition de deux guerriers. Il ne
reste de la pièce couverte de fresques que quatre murs, un sol et un plafond
vitrifiés ça et là, et couverts de ruines brisant la régularité involontaire de
la pièce. Quelques blocs de minerai s'effondrent encore, quand soudain quelque
chose vient troubler le calme retrouvé de la salle, où une clé rouge sang reste
au sol, émettant une lueur irréelle, semblant presque attendre quelqu'un.
Une
orbe d'énergie bleue, pleine de vitalité se matérialise alors, sortie du néant,
pour prendre forme humaine. L'homme qui vient d'apparaître a des cheveux bruns
reconnaissables, porte les restes d'une armure dorée magnifique parée d'ailes
angéliques, et alors qu'il pose un genou à terre, manque de s'effondrer.
"Enfin..."
"Enfin
je suis revenu..."
A
nouveau la salle du trône d'Arès.
"Il est
le premier à avoir rejoint ces lieux. Jared. C'est à toi que cette tâche
incombe, si je ne me trompe."
C'est en ces mots que parle Eris de la Discorde, à l'attention du Chevalier
Démoniaque de Pégase.
Pourtant
Jared ne répond mot, perturbé, perdu dans ses pensées, son poing crispé. Le
mouvement n'échappe pas à Arès. Ce dernier sait quel est le tracas de son
Général, il sait quel est son lien si terrible avec Pégase.
-"Non.
Jared n'affrontera pas Pégase."
Surprise
générale. Quatre exclamations étouffées retentissent. Pourtant, qui de mieux
que le Chevalier Démoniaque de Pégase pourrait affronter les Ailes de l'Espoir,
son nemesis ?
"C'est à
Deimos que reviendra ce combat. Pégase se trouve déja à proximité de sa
tour."
L'intéressé
est surpris un bref instant, avant qu'un sourire carnassier ne se dessine sur
son visage, et que sa main ne s'abatte sur le manche de son épée démoniaque, la
dégainant, en une posture guerrière. La joie du combat a fait disparaître le
doute qui l'habitait quant à la décision de son Seigneur.
"Fort
bien. J'ai toujours eu envie de me mesurer à Pégase... Les Ailes de
l'Espoir..."
Le
Dieu de Terreur brandit son épée au dessus de sa tête, et en un éclair de
lumière sa silhouette disparaît.
Une
salle où les murs arborent des fresques représentant la bataille du Ragnarok,
dans la Mythologie Nordique.
Thor
contre Jorgunmand, Surtr contre Freyr. Odin contre Fenrir, Loki contre
Heimdall.
Et
au milieu de cette salle, Camus, Chevalier du Verseau, lutte contre un
Berserker qui s'était présenté tout d'abord sous le nom de Thor, puis maintenant
sous celui de Surtr.
Son
physique est celui d'un géant barbu, arborant une armure parée d'un casque à
cornes, et ornée de fourrure. Il possède un marteau, comme le Dieu Asgardien,
et l'abat sur le Chevalier du Verseau. Ce dernier esquive avec agilité, protégé
par l'aura d'air glacé autour de lui, le protégeant des flammes de son
adversaire si redoutable. Adversaire dont la physionomie n'avait pas tant
changé, si ce n'est que son visage jusqu'alors calme et empreint de sagesse
symbolisée par sa barbe argentée, était passé à celui d'un barbare sanguinaire
aux yeux et à la crinière non moins flamboyante.
Le
combat est au corps à corps, Camus se défendant à mains nues, l'adversaire
usant de son marteau à chaque occasion. Il ne restait désormais plus rien de la
magnifique glaciation pratiquée par Camus l'instant d'avant.
Le
moindre instant de relachement sera fatal, cela, chacun des deux le sait.
Pourtant
le combat s'éternise, et cela également devient vite insupportable aux deux
adversaires. L'assaut jusque là ininterrompu se brise, et Camus se retrouve
face à Thor - Surtr ? - comme au début du combat.
L'air
froid se masse autour de Camus, calme, les bras le long du corps, ce dernier
inspirant et expirant calmement, concentré. Surtr, de son côté fixe cet
adversaire puissant avec intérêt et méfiance, les flammes se concentrant en un
véritable brasier des enfers. L'armure divine de Camus brille plus que jamais,
le froid provoquant un reflet blanc majestueux sur l'or pur de l'armure. Le
cosmos du Chevalier du Verseau s'intensifie tant que les ailes de l'Armure
enfin se déploient majestueusement, comme un drap qui se déplie et se tend,
porté et guidé par le vent.
Surtr
réalise que son adversaire a intensifié son Cosmos à son paroxysme et qu'un
grand coup se prépare, contre lequel ses flammes seront probablement
impuissantes. A nouveau cette terrifiante interdiction de l'hiver ? Une
technique si puissante qu'il n'avait pas réussi à la saisir. Cette technique
étaient de celles qui faisaient exception à la règle légendaire qui voulait que
toute technique déja vue une fois devienne inutile, car analysée. Cela faisait
mal à Surtr-Thor de l'admettre mais il avait été incapable de la cerner.
Non
seulement cela, mais il avait en plus eu la chance insensée que son changement
de personnalité perturbe Camus au point de briser sa technique. Son armure
portait encore quelques traces de dégats causés par le froid, malgré le brasier
insensé qui brûlait en ces lieux. Mais cela, Camus semblait ne pas l'avoir
remarqué pour l'instant, trop perturbé par la fournaise intense. Le combat
était équilibré, mais cet équilibre menaçait de s'effondrer à nouveau, surtout
si Camus lançait à nouveau cet arcane. Il faudrait donc innover. Innover pour
surprendre. Surprendre pour déstabiliser. Déstabiliser puis vaincre. Une unique
occasion, pour la victoire. Surtr ramena le marteau devant lui, en posture
d'attaque et de défense combinées.
Un
instant, la fournaise cessa, et la barbe du guerrier vira de nouveau au gris
argenté si majestueux, cela bien évidemment sans que Camus ne le manque. Et
alors il vit la vague de froid arriver sur lui.
"GLACIATION
ASGARDIENNE !" lança Thor, en une pluie de cristaux de glace qui arriva
par le plafond, captant l'attention du Chevalier. La tornade de glace qui
l'enveloppa tenta d'absorber en elle le courant glacé du géant asgardien. Ce
qui fut fait en une fraction de seconde, Camus atteignant le Zéro Absolu, au
contraire de son adversaire. Une perturbation d'un instant dans le flux d'air
glacé, vite résorbée. Le Verseau n'a que le temps de réaliser l'étrangeté de
l'acte de son ennemi qu'il perçoit avec horreur le sol sous ses pieds se
réchauffer dramatiquement.
"Non... !
Que..."
Le
minerai déja rouge sang se met à luire, entrant en fusion en un instant, signe
qu'il va céder d'un instant à l'autre sous la pression de...
"PANDEMONIUM
FIRE !"
Mais
trop tard, déja le flot de flammes engouffre le Chevalier, brisant net son
attaque qui n'était pas encore lancée. Ou du moins c'est ce que le géant croît
en voyant la silhouette disparaître brièvement.
"BLUE
IMPULSE!" lance une voix familière dans la foulée, comme si elle
avait attendu sciemment le moment le plus tendu. Cette fois la colonne de
flamme est éventrée de l'extérieur par une orbe bleutée magnifique... mais
aussi de l'intérieur. Et réapparaît la silhouette de Camus, auréolé de sa
tornade d'air glacé, enveloppé de flocons comme une divinité de l'hiver,
protégé par les ailes de son armure, se déployant à nouveau, comme pour prendre
son envol. Pourtant, l'effort l'a épuisé. Il halète, et plie genou.
"Merci,
Alexer..." lache-t-il, entre deux respirations.
-"Je
me dois d'accomplir ce que Hyoga aurait fait s'il était avec nous... Vous ne me
devez rien, Camus."
Alexer
est resté en posture d'attaque, à genoux, les mains jointes devant lui, prêt à
combattre de nouveau. Encore une fois l'air glacé se masse autour de lui, prêt
à attaquer le géant de glace et de flammes. Mais Camus se relève, et place sa
main devant Alexer en signe d'interposition. Ce n'est pas à lui de livrer ce
combat.
Alexer
est surpris un bref instant, mais comprend et ne répond pas.
"Surtr,
je désirais un affrontement loyal. En conséquence, pour compenser l'aide
d'Alexer, déclenche ton Pandemonium Fire contre moi. Je ne chercherai
aucunement à l'éviter."
-"Tu
as laissé là une bien belle occasion de remporter la victoire, Chevalier...
Cette loyauté t'honore mais te perdra !" lance la voix assoifée de sang de
Surtr. Croisant son regard, Camus réalise qu'il semble moins assuré. Le doute
l'a atteint. Et un instant il voit le regard plein de sagesse de Thor, semblant
presque regretter ces mots.
-"Alexer,
retourne rejoindre les autres. Ta place n'est pas ici." lance le Verseau
sans même regarder Alexer, car il est tout à son combat.
-"Ne
vous en faites pas pour cela. C'est Sergueï lui-même qui m'a ordonné de venir
vous aider. Sorento est venu nous rejoindre, par conséquent me séparer des
autres ne représentait pas une gêne, loin de là. Il faut que nous vainquions
tous les Seigneurs d'Azura au plus vite. Laissez-moi vous aider à en
finir."
Cette
fois, Camus se retourne et fixe le Général de Poséïdon d'un regard froid, mais
déterminé. Ce regard si significatif, identique à celui que Sorento avait
arboré.
"Laisse-moi
livrer ce combat ou tu le regretteras, car cette bataille est la mienne."
Tels
étaient les mots que ce simple regard véhiculaient. Alexer relacha sa garde, et
s'éloigna de Camus, résigné.
Thor-Surtr
assistait à la scène, figé. La loyauté et le sens de l'équité dont faisait
preuve Camus arrivait à l'émouvoir, lui, le Berserker. Et celle d'Alexer
également, bien que dans une moindre mesure. Camus se tourna à nouveau pour lui
faire face. Et une étincelle passa entre les deux regards, alors que du coté de
Camus la tempête soufflait de plus belle, et que de celui de Surtr le brasier
luisait d'une lueur infernale plus ardente que jamais.
"Attaque.
Comme je te l'ai promis, je n'esquiverai pas le coup." lança Camus, froid
et déterminé.
Surtr
ne se le fit pas dire deux fois.
-"PANDEMONIUM
FIRE !" lacha-t-il en lançant ses bras en avant, comme pour
ordonner à ses hordes de démons flammes de se lancer sur le Verseau. Alexer
observait avec angoisse. Camus était-il si confiant ? Ou était-il obsédé par
les principes de loyauté et d'équité ?
La
vague de flammes s'abattit sur Camus, qui n'était alors protégé que par une
colonne d'air froid, certes proche du zéro absolu, s'il ne l'avait pas atteint,
mais toujours simplement de l'air. Et à nouveau elle l'engouffra. Mais cette
fois elle se brisa instantanément sur le rempart d'air glacé, littéralement
avalée.
Camus
se révéla à nouveau, protégé des ailes de son armure disposées en bouclier
comme précédemment. Et il ouvrit ses yeux bleus pour croiser le regard empli de
doute de son ennemi. C'était le doute qui avait provoqué l'échec de son
attaque. Camus avait atteint son but. Briser la détermination et l'unité
d'esprit de son ennemi. Si en apparence Camus semblait être indemne, dans la
réalité ce n'était pas totalement vrai. Son armure avait tout de même quelque
peu subi les suites de la vague de flammes. Mais cela était alors invisible.
Sans le savoir, les deux adversaires étaient à peu de choses près à égalité.
"Je
t'avais dit que je ne bougerai pas. Cela ne m'était pas nécessaire."
Un
sourire admiratif se dessina sur le visage de son ennemi alors que ses cheveux
viraient à l'argenté un instant. Mais l'instant suivant la fureur et les
cheveux flamboyants revinrent.
"A
mon tour à présent, pour le coup final !"
Camus
se mit en garde, toujours auréolé de la magnfiique tempête de flocons de neige,
féérique.
"Art
de la glaciation absolue..."
Thor-Surtr
vit le même arcane se former. Et cette fois il vit qu'il ne pourrait pas
l'éviter. Pourtant il ne craignait rien.
"INTERDICTION
DE L'HIVER!"
Camus
libéra une nouvelle fois l'enfer glacé, gelant à nouveau toute vie dans le
minerai rouge sang qui constituait chaque paroi de la salle. Alexer lui-même
dut reculer, pris par la vague de froid qui menaçait de transpercer son
écaille. Et cette fois le Berserker n'avait plus l'effet de surprise, plus
d'atout à jouer. Il se laissa aller, ayant déja reconnu sa défaite
psychologique, et la supériorité des qualités morales du Chevalier du Verseau.
Honneur,
froideur, loyauté et équité. Il se sentit honteux un instant d'avoir voulu sous
l'identité de Surtr, en profiter et en abuser. Et il ne voulait pour rien au
monde que le démon en lui puisse ternir la beauté de ce combat. Aussi, ce fut
sans un regret que ses cheveux virèrent une dernière fois vers la couleur
argentée de sagesse. Et à présent par dessus tout il admettait sa défaite sur
le plan technique. Camus avait atteint l'art suprême de glaciation, il n'avait
pas menti en donnant ce nom à sa technique.
Un
seul regret habita son esprit, celui de sa défaite qu'il ne pourrait expliquer
à Arès. Pourtant il savait. Il avait vu. Même dans la défaite, le Grand Oeuvre
d'Arès s'accomplirait. Même dans la défaite d'Arès lui-même, son Oeuvre
continuerait sa marche désormais inexorable, que ce soit la victoire ou la
défaite accueille Athéna ou Arès. Alors il laissa le froid prendre chaque atome
de son corps, chaque particule, il se laissa geler au delà de la matière, et
sans chanceler, il se transforma en une majestueuse statue de glace
définitivement figée hors du temps.
"Thor,
jusqu'au bout tu auras livré avec honneur ton dernier combat, contre moi et
contre toi-même." énonça solennelement Camus face à cette statue au visage
serein, qu'on aurait pu désormais confondre avec celle du véritable Dieu
Asgardien.
"Puisse
le séjour des braves t'accueillir en son sein, quand bien même ton âme ne
quittera jamais ton corps, désormais emprisonné hors du temps dans ce cercueil
de glace."
Alexer
observait la scène, subjugué. Il n'osait pas dire un mot, de peur de briser cet
instant d'éternité, digne d'une toile relatant une épopée de légende. Camus
tourna les talons, repliant ses ailes majestueusement, et se dirigeant vers la
sortie de la salle.
Alexer
le suivit, un instant d'hésitation plus tard. Et soudain, Camus sentit un
mouvement de Cosmos derrière lui, familier et ardent. Il se retourna...
...et
vit, suintant de la statue de glace intacte, une aura rouge sombre...
"L'âme du
Berserker ?"
Cette
dernière se dissipa dans le sol tel un immonde liquide sous le regard ébahi des
deux combattants divins. Mais elle ne semblait pas avoir perdu de sa puissance.
Perplexe, Camus et Alexer observaient le phénomène sans pouvoir comprendre ni
parler, trop ébahis. Et au sol, apparut dans un flash de lumière un objet
luisant de la même lueur rouge sombre... Une clé.
Alexer
s'approcha pour s'en saisir, et la prit en main...
"Non,
Alexer ! Méfie-toi !" hurla Camus.
Comme
si Alexer avait activé Dieu sait quel mécanisme, le sol et la salle entière se
mirent à trembler. Et simultanément un terrible Cosmos fit son apparition,
envahissant la salle où ils étaient. Bien pire que celui de Thor, ou même Surtr
!
Un
Cosmos familier de Camus et Alexer... Déja ressenti au Japon, au mont Fuji. Les
flammes de la Vengeance. La Vengeance personnifiée.
A
nouveau la salle de guerre où l'ardent combat entre Sigma et Atlas avait eu
lieu.
L'homme
en armure dorée n'a pas encore eu le temps de se relever que déja un mur au
fond de la salle s'ouvre, à peine gêné par les débris en travers de son
passage. Et apparaît, triomphant, dans son Armure Démoniaque, le Général
Démoniaque de la Terreur, Deimos.
"Seiya
!"
lance l'homme de sa voix de stentor, comme s'il figeait le temps en cet instant
par sa voix.
Le
Chevalier d'Athéna a à peine le temps de se tourner pour faire face, épuisé, le
visage couvert de sang et de sueur, que déja il voit le Dieu de la Terreur
entamer les hostilités et faire exploser son aura. La pression est intense, et
le Chevalier Divin recule de quelques pas, malgré lui. Mais cela semble être ce
qu'il fallait au Chevalier Pégase, non pas pour s'effondrer, mais pour se
réveiller totalement.
Son
cosmos chaleureux se met à bruler autour de lui, de sa couleur bleutée,
augmentant rapidement pour atteindre cette couleur dorée divine, alors qu'il se
relève, malgré son visage inexpressif.
"C'est
ça, Seiya... J'avais toujours rêvé de combattre un adversaire de ta
trempe."
Deimos
charge sur Seiya, majestueux dans son Armure Démoniaque, terrifiant comme un
des Azuras sortis droits des mythes hindous. Son poing fonce, défiant les lois
de la physique, atteignant dans la fraction de seconde suivante la vitesse de
la lumière, fonçant sur un Seiya qui au premier regard semble parfaitement
passif et incapable de réagir.
Impact.
Le métal contre le métal. Seiya vient de saisir le poing de son ennemi dans sa
main et de bloquer le coup. Deimos ne peut s'empêcher de sourire, satisfait.
Seiya retire alors sa main, d'un geste réflexe, et recule de quelques mètres en
un bond agile.
Sa
main droite, celle qui a retenu le poing de Deimos, tremble, et fume encore de
l'impact.
"Très
impressionnant. A quel moment as-tu réalisé ?"
-"Je
n'en sais rien. J'ai juste senti qu'il ne fallait pas tenter de retenir
davantage ton coup."
-"Ton
instinct de guerrier ne t'a pas trahi... Mais tu as réagi..."
Un
rictus sadique se dessine sur son visage.
"...juste
un peu trop tard."
Explosion.
C'est le métal qui protégeait le bras de Seiya qui vient de tomber en morceaux,
laissant un bras à nu et en sang. Seiya sourcille un instant, mais se reprend
vite, faisant face au regard du Général d'Arès.
"Ton
Armure Divine a l'air d'avoir souffert du passage dans Daath... Peut-être
voudrais-tu y retourner ?" lance le Dieu Démoniaque d'un air mauvais,
alors que son Cosmos augmente, une aura violette, qui aurait donné la nausée à
tout combattant trop faible d'esprit pour surmonter l'intention meurtrière
omniprésente en ces lieux, alors qu'une nouvelle fois, ces marques, semblables
à un tatouage de guerre, que Seiya n'avait pas eu l'occasion de voir, celles
qui ont orné le corps d'Atlas un instant, se révèlent sur la peau de Deimos et
sur son visage, lui donnant plus que jamais l'aspect d'un démon.
Pourtant,
cela ne suffit pas à désemparer Seiya. Il reconnaît cette cosmoénergie.
-"DEIMOS
! Ne fais pas ça, pauvre fou !"
La
voix résonne dans l'esprit de Deimos. C'est celle d'Arès, il n'y a aucune
erreur possible. Pourtant, il est une chose qu'il veut vérifier, et pour cela
il est prêt à transgresser l'ordre de son maître.
"FADE
TO VOID!" hurle le Général, en dépit de l'avertissement pourtant
clair, brandissant son Epée Démoniaque au dessus de sa tête, y concentrant
toute son énergie. Dans la lame.
Et
une nouvelle fois, la brèche vers cet espace de noir infini s'ouvre, taillée
par la lame de l'artéfact maléfique. Y engouffrant Seiya instantanément. Ce
dernier n'a même pas fait un geste pour résister.
-"Est-ce
déja fini ?" lache le Général d'un ton mi-amusé, mi-interrogateur, alors
que les étranges signes guerriers disparaissent de son visage.
Une
explosion de lumière dorée répond à sa question. Et c'est un Seiya majestueux
dans son habit doré qui réapparaît, porté par les ailes de son Armure Divine,
tel un Dieu vainqueur fixant un Démon vaincu. Et le mot est faible pour
caractériser ce que ressent Deimos face à cela. L'arcane suprême du Démon,
quand bien même incomplet, défait... si simplement. Seiya a franchi en sens
inverse la porte de Daath avec une facilité divine. Sur l'instant, Deimos ne
parvient pas à trouver de mots pour exprimer sa pensée.
"La
porte de Daath... Tu pourrais bien m'y renvoyer des milliers de fois que je
trouverais toujours le moyen d'en revenir. Trois personnes ont donné leurs vies
pour que j'en revienne sain et sauf... Je n'ai pas le droit de me laisser
piéger par elle une nouvelle fois. Je n'en ai pas le droit..."
Tels
sont les mots qui sortent de la bouche de Seiya, plein de confiance. Surpris,
Deimos ne réalise pas la portée de ces mots.
-"Que
veux-tu dire ?"
-"La
porte de Daath nous a mené vers un lieu pire que l'Enfer. Nous avons vu des
choses que même les Dieux n'ont pas pu prévoir, pas même Arès... Traversé des
épreuves terribles... Mais nous en sommes ressortis vivants grâce à un
sacrifice. Grâce au sacrifice de trois valeureux guerriers. Et la porte que tu
as ouverte ne se compare même pas à celle qu'Arès a utilisée. Tu m'as tout
juste amené au seuil de Daath."
Deimos
ne parvient pas à croire ses oreilles. Lui-même n'a jamais subi le piège de la
porte de Daath, et ne peut comprendre ce que Seiya a traversé. Tout au plus
sait-il que revenir de cette porte est une chose possible pour qui possède de
très grands pouvoirs dimensionnels, mais qu'il est impossible de contrôler l'espace
et le temps auquel la victime reviendra... C'est là une chose qui arrive à
attiser sa curiosité, et à le pousser à considérer Seiya sous un autre angle,
réalisant subitement que ce qu'il sait de Pégase est bien en dessous de la
réalité, la dure réalité.
Deimos
semble baisser sa garde, ramenant son épée vers lui. Pourtant son intention
meurtrière n'a pas changé. Et ce simple fait suffit à convaincre Seiya de
rester en garde. Il n'a pas menti, la porte de Daath n'a plus de réel secret
pour lui, l'ayant traversée deux fois. Mais si cette connaissance lui donne un
immense avantage, Seiya sait qu'il lui manque l'énergie de revenir à chaque
fois, et sait qu'à l'usure il finira par être vaincu. Un combat de mille jours
et mille nuits est ce qui peut arriver, et c'est là la pire des éventualités
pour lui.
-"Je
veux savoir..." lache Deimos avec rage.
"Je
veux savoir comment tu as fait pour revenir de la porte de Daath !"
Son
regard est injecté, celui d'un fauve qui va charger. Seiya sent à l'attitude de
Deimos, qui montre des signes de colère manifeste, qu'il détient une prise sur
son adversaire, une clé vers la victoire dans ce combat. Et cela est une raison
de plus pour ne rien lui révéler.
-"Tu
m'en vois très sincèrement désolé, mais je n'ai pas l'intention de te révéler
quoi que ce soit !" réplique Seiya avec un sourire de défi.
Intensifiant
son Cosmos avec défi, Seiya réalise que son corps semble, malgré ses blessures,
avoir recouvré ses capacités. Et son niveau de Cosmos. Mieux encore, les
fissures sur l'Armure Divine de Pégase se régénèrent, avec cette chaleur
rassurante qui lui avait tant fait défaut jusque là, cette chaleur qu'il avait
eu l'impression de perdre comme l'eau s'écoulant d'une outre percée, désormais
réparée. Ce fait ne passe pas inaperçu aux yeux du Général Démoniaque, qui
réalise que le combat physique n'est pas l'idéal pour le moment.
-"Seiya...
Tu vas comprendre pourquoi on m'appelle aussi..."
Et
une lueur traverse les yeux de Deimos. Mais il est trop tard pour que Seiya
réagisse. Il a croisé le regard du Dieu.
L'espace
autour d'eux semble virer au noir, aux ténèbres...
Tout
cela a eu lieu en un instant, alors que Deimos achève sa phrase.
"..
Terreur."
Et
Seiya voit défiler devant ses yeux à une vitesse dépassant le seuil de
persistance rétinienne, à la limite du message subliminal, diverses images de
mort.
Il
ne parvient pas à les distinguer toutes mais il sait. Il entend également
milles hurlements d'agonie à l'unisson, et paradoxalement il parvient, avec
horreur, à reconnaître toutes ces voix. Il sent leurs souffrances, perçoit
l'odeur de mort, et sent son esprit devenir fou. L'attaque frappe tous ses sens
à la fois, et au-delà encore, réalise en un éclair le Chevalier. Ce n'est pas
une attaque utilisant un moyen physique. Non, bien au-delà, l'attaque frappe
son âme au coeur, transcendant les sens humains. Au lieu de lui suggérer des
idées, il imprime directement l'information dans sa conscience... et c'est son
esprit qui interprête cette information comme une donnée sensorielle ordinaire.
Seiya
a déja compris avec horreur le principe de l'attaque, mais pourtant il est
subjugué et noyé malgré lui dans le flot d'informations envoyé dans son esprit.
Une masse d'informations qui telle une toile se tissant, fil par fil, se mue
rapidement en une matrice, un cocon l'enfermant... et matérialisant la réalité
autour de lui.
De
nouveau ce monde d'horreurs, les cadavres de ses amis devant lui, se faisant
décharner par Berserkers et Spectres. Tout cela sous le regard d'un Seiya
tremblant, en sueur, apeuré et impuissant face à ce festival macabre. Ses yeux
eux-mêmes semblent morts, semblent comme hypnotisés. Mais cela n'échappe pas
non plus à l'oeil de Deimos. Il attend. Il attend l'instant où l'esprit de
Seiya cèdera, où son âme sera réduite en pièces et libèrera son secret. Le
principe est désormais aussi simple que de relire une bande magnétique à partir
d'un point donné, en boucle, et d'attendre le point de rupture.
La
destruction s'enchaîne à un rythme de plus en plus intense, réduisant le monde
autour de Seiya en ruines, ce dernier hurlant son impuissance, alors que
l'univers tissé autour de lui s'effondre comme du verre, semblant presque
emporter les fragments de son âme.
"Il en
possède la puissance... Mais a trop de réflexes humains... Il ne peut pas
gagner..."
"Très
intéressant... Il n'a pas menti. Nul Dieu ni mortel n'a pu voir cela... Ils ont
donc assisté à une Apocalypse et à la destruction d'une réalité. Mais
comment... ?"
Alors
que Deimos se pose cette simple question, un éclat de lumière lui répond,
déchirant les ténèbres. Il semble provenir de Seiya et de nulle part à la fois.
"QUOI
?!"
Une
silhouette lumineuse, majestueuse, les cheveux flottant au vent, parée d'une
armure simple mais couvrante et portant un sceptre majestueux se révèle.
"Qui...
?!"
Un
jet de lumière part du sceptre, se saisit d'un des fils tissant la toile
d'illusions, et défait minutieusement, mais non moins rapidement tout
l'écheveau sous le regard ébahi du Dieu de la Terreur. Un seul nom s'imprime dans
son esprit.
Atropos.
Et
s'ensuit l'envol d'un Phénix flamboyant, noyant tout dans un océan de
flammes...
Retour
à la réalité.
Seiya
est haletant, il vient de revivre et de vaincre à nouveau le cauchemar dont il
vient de s'éveiller en revenant sur Terre, et il sait qu'il l'a échappé belle.
Deimos
quant à lui est tout autant haletant. Son illusion lui a révélé quelque chose
de si surprenant qu'il n'arrive pas à l'accepter, et c'est comme si c'est lui
qui venait de subir le contrecoup de son attaque.
"Se...
Seiya... Qu'avez-vous donc... ?!"
Le
Dieu fixe le Chevalier Divin avec une once de peur. Il lui faut se débarasser
de lui au plus vite. Et pour cela utiliser l'avantage qu'un Dieu connaissant
ses pouvoirs a sur un mortel... pense-t-il alors que ses yeux se ferment, signe
de concentration.
Le
Dieu laisse librement exploser son Cosmos, déchaînant toute sa force, au mépris
des restes d'architecture cohérents de la salle, avant de laisser une rage
animale s'emparer de lui. Terreur il est, et cela est incontestable. Seiya
serait presque tenté de dire cependant qu'il ne fait pas exception à son propre
concept...
Mais
il n'a même pas le temps d'aligner une pensée de plus que déja il perçoit le
poing de Deimos rentrer en contact avec le masque de son armure protégeant son
crâne, brisant le métal instantanément. Mais Pégase n'a pas le temps de se
reprendre que déja le fauve Deimos s'est précipité derrière lui et l'envoie
vers le plafond d'un coup de pied aussi rapide que majestueux. Et là encore,
avant d'orner le plafond de nouveaux impacts, c'est le poing du Dieu qui le
renvoie au sol. Et le procédé se répète ainsi, le Dieu jonglant littéralement
avec Seiya, dans un espace fermé, chaque coup l'empêchant de le quitter,
endommageant la majestueuse Armure Divine un peu plus à chaque impact.
Deux
secondes de ce traitement, à peine, semblent déja des siècles pour celui qui le
subit. Seiya réagit enfin, la surprise passée, et libère son Cosmos, brisant la
danse de destruction, lui évitant de justesse de subir le prochain coup. Au
contraire, il arrive en un éclair à passer derrière Deimos et à le saisir aux
épaules, déclenchant le Pegasus Rolling Crash, tourbillonnant et s'écrasant au
sol en un impact dévastateur.
Rapidement,
Seiya se dégage, se mettant en garde. Deimos, au sol, l'Armure ayant essuyé un
léger impact, couverte d'une fissure, se relève, calmement. Seiya est haletant
face à son ennemi, qui lui n'a rien perdu de sa superbe ou de sa dignité.
"Seiya,
tu n'es toujours pas de taille à vaincre des Dieux accomplis..."
Seiya
grince des dents à ces mots, combien de fois entendus... Chevaliers d'Argent,
d'Or, Généraux Mariners, Spectres... Tous lui ont répété ces mots.
Tous
leurs visages lui reviennent en mémoire.
Mais
il se souvient alors qu'il a toujours vaincu. Et cette seule pensée suffit à le
calmer.
"Toi
et tes amis avez pu vaincre Thanatos et Hypnos, et même Hadès, mais c'est parce
que, par nature, ce ne sont pas des guerriers !"
Le
doute envahit un instant l'esprit de Seiya à nouveau. Et Deimos fend l'air d'un
geste de son épée, laissant un instant infime à Seiya pour esquiver le
déplacement d'air mortel. Contre-attaque instantanée, Seiya fonce déja sur son
ennemi, prêt à lancer son poing à la vitesse de la lumière en une comète.
Impact...
...dans
le vide. Seiya n'a traversé que de l'air.
"Contre
un Dieu guerrier, né pour combattre, éveillé à la divinité à travers le
meurtre, possédant un corps conçu génétiquement pour le combat, tu n'es
absolument pas de taille..." continue le Dieu, réapparaissant derrière
Seiya, prenant une posture d'attaque, faisant tournoyer son épée.
"Tu
ne gagneras pas comme tu l'as toujours fait. Quels que soient la technique, la
puissance ou la rapidité que tu pourrais déployer, ça ne suffit pas."
L'aura
démoniaque, violette auréole le Dieu, renforçant l'impression de puissance
inébranlable.
"CA NE
SUFFIT PAS !" clame Deimos, répétant ces mêmes mots, les assénant avec la
violence identique à celle qu'il met dans le coup d'épée abattu sur un Seiya
désemparé, qui vient à peine de pouvoir se retourner et de voir, terrorisé, la
silhouette de son adversaire prêt à attaquer. Ce visage à nouveau couvert de ce
qui semble être une peinture de guerre démoniaque.
"ARES
BLADES EXECUTION !"
Jamais
encore, sauf peut-être face à Hadès, Seiya n'avait eu davantage l'impression
d'être face à la mort.
Face
à une mort qu'on considère inévitable, un humain a une réaction bien
prévisible. Fermer les yeux et l'accepter.
Impact
du métal contre le métal. Mais pas de douleur. Seiya rouvre les yeux, surpris,
et voit... Que deux bras se sont interposés pour bloquer la lame avant qu'elle
ne lui fende le crâne.
"Alors,
on rêve, Seiya ?" raille l'un des deux sauveurs, à la voix familière.
Aiolia.
Tournant
la tête, Seiya reconnaît le second allié qui vient de lui sauver la vie. Seul
un détail diffère, le bandeau qu'il porte au front. Aiolos.
Les
deux frères font exploser leur Cosmos, tentant vainement de repousser celui de
Deimos. Pourtant, ce dernier cesse son effort, amusé par les nouveaux
arrivants, et recule d'un bond, mettant à nouveau une distance entre lui et ses
ennemis.
"Pégase,
tu l'as échappé belle... Mais tes sauveurs ne t'ont accordé qu'un mince
sursis... Ils ne sont pas non plus de taille !" raille le Dieu.
D'un
geste de pur mépris, Deimos lève sa main, auréolée de Cosmos pur, et l'abat en
direction des Chevaliers. Le dégagement d'énergie projette Aiolia et Aiolos
contre le mur, alors que Seiya est le seul à posséder la puissance nécessaire
pour ne pas être emporté. Mais dire qu'il a totalement stoppé l'assaut est
faux, lui-même a reculé de deux bons mètres.
"Chevaliers
d'Or ! Vous ne faites que revêtir des Armures Divines obtenues grâce au sang
d'Athéna... Mais vous ne savez pas en tirer la vraie puissance. Seule cette
protection vous a permis de bloquer la lame de mon épée à l'instant. Mais vous
n'avez... RIEN A FAIRE DANS CE COMBAT!"
La
voix de Dieu vient de tonner alors même que le redoutable Cosmos explose à
nouveau, tandis que la Terreur personnifiée entame une nouvelle danse de mort,
libérant une vague de lames d'énergie sur les deux Chevaliers d'Or, balayés.
"Seiya..
! Tu dois... Si tu veux le battre, il faut que... !"
Tels
sont les mots que Aiolos tente de hurler alors que les coups de Deimos
réduisent en pièces son Armure. A la toute dernière seconde, Aiolos cesse de se
protéger, de penser à lui, et se saisit de l'arme de la Balance qui lui avait
été confiée. Le nunchaku à trois branches. Une arme capable de briser ce qui
est protégé par les forces divines. Aiolia comprend l'intention de son frère,
et se saisit de l'Epée, leguée par Dohko. Et contre toute attente, les deux
frères chargent sur l'adversaire, recevant chaque coup de plein fouet, tout
cela pour porter un seul coup. Surpris un très court instant, le Dieu riposte
et embroche le Chevalier du Sagittaire, son épée plantée dans son abdomen. Le
sang gicle, et une goutte de sang touche le visage d'Aiolia. Réflexe humain,
ses yeux s'écarquillent alors que le liquide rouge entre en contact avec sa
peau.
"NOOOOOOOOOON!"
hurle le Chevalier du Lion, réalisant avec horreur ce qui vient de se passer.
Mais
l'attaque simultanée portée avec les armes de la Balance a fait mouche, et le
Dieu démoniaque est projeté en arrière violemment, laissant enfin un instant de
répit aux trois Chevaliers d'Athéna.
L'Epée
Démoniaque s'extrait elle-même de la plaie, laissant une mare de sang se former
au sol. Pourtant, Aiolos n'est même pas tombé, et pose un genou à terre... Mais
à la surprise générale, ce n'est pas le geste d'un mourant. Au contraire, son
Cosmos est toujours bien vivant et brille de toute sa force. L'Armure Divine du
Sagittaire elle-même semble se régénérer de toutes ses entailles.
"Aiolos...
Mais comment ?! Tu aurais dû... Tu aurais dû être tué sur le coup !"
s'exclame le Chevalier Pégase, surpris de voir son compagnon d'armes se relever
ainsi, après avoir fait face à un Dieu et reçu sa lame en plein coeur.
Aiolia
fixe son frère, surpris un bref instant. Mais lui aussi, bien vite, comprend ce
qui s'est passé.
-"Tu
as acquis la puissance... Mais tu n'as toujours pas compris..." répond
Aiolos avec un sourire énigmatique.
Alors
qu'il allait achever sa phrase, Deimos se relève. Son regard a désormais viré
au rouge sanglant, et l'impression de terreur qui émane de lui est devenue
oppressante.
"Je
ne vous laisserai pas davantage de liberté ! DISPARAISSEZ !"
hurle-t-il à l'attention des deux Chevaliers d'Or, lançant une nouvelle fois
une vague d'énergie meurtrière. Mais cette fois, ce n'est pas pour frapper.
Non, c'est autre chose, remarque Seiya. Et le contact a lieu.
Flash
lumineux, les deux guerriers viennent de disparaître. De toute évidence
téléportés, réalise Pégase avec horreur.
-"Il
n'y a plus de gêneurs à présent... Nous allons en finir, Pégase !" lance
Deimos, chargeant sur Seiya, l'expédiant à l'autre bout de la salle en ruines
d'un coup de pied lancé en plein visage. Seiya vole littéralement, sonné par le
coup.
"Tu
as vraiment rouillé, Seiya. Vivre en paix avec ta soeur et tes amis a vraiment
ramolli ton âme ! C'est là la pire chose pour un guerrier, laisser son esprit
de combat s'émousser !"
Seiya
est étendu au sol, à terre, fixant le plafond, le regard vide, perdu dans le
vague. Physiquement il n'est pas blessé, mais il est las.
"Tu as
acquis la puissance... Mais tu n'as toujours pas compris..."
Tels
ont été les mots d'Aiolos, mais il ne comprend pas leur sens. Deimos avance
d'un pas vers Pégase, son épée dans sa main droite, ses yeux luisant d'une
lumière rouge fauve, prenant son temps comme le chat qui va achever la souris.
Un
battement de coeur.
Seiya
se souvient. Deimos avait eu exactement les mêmes mots. Mais que signifient-ils
? Dans un combat, c'est le Cosmos qui détermine tout, croyait-il. Et là, il se
trouve face à un adversaire qui, à travers son Cosmos, a acquis une maîtrise
guerrière infiniment supérieure à la sienne. Dont la seule volonté devient
réalité. Un Dieu guerrier. D'un simple acte de pensée, il peut égaler et
rivaliser avec toute puissance de combat, toute technique et toute vitesse.
Non.
Il n'est pas invincible. Personne ne l'est, pense Seiya. Sinon il n'aurait pas
de raison d'obéïr à Arès. Un instant la colère monte en lui, contre lui-même.
S'il abandonne maintenant, s'il ne vainc pas Deimos, jamais il ne pourra
vaincre Arès.
La
volonté d'un Dieu... Sa volonté... La volonté. Il réentend alors les mots
d'Aiolos et de Deimos.
"Tu as
acquis la puissance... Mais tu n'as toujours pas compris..."
Un
nouveau pas de Deimos, le donneur de mort, qui se rapproche, un nouveau
battement de coeur.
Et
il voit le Chevalier du Sagittaire se relever alors qu'il aurait du mourir sur
le coup. Il voit son aura s'intensifier. La mort lui tendait les bras, mais son
esprit lui échappait. Il VOULAIT rester vivant, combattre. Alors il a ignoré la
mort. Seiya se rappela... Le huitième sens. Le pouvoir de transcender les
limites de son âme !
C'était
cela le secret ! La volonté de sublimer sa propre âme, de dépasser ses limites,
de n'être retenu par rien, tout cela pour un seul objectif. Cet objectif qu'il
avait atteint et perdu quand sa soeur lui était revenue. Cette soeur sans qui
il ne serait jamais parti pour la Grèce. Sans qui il ne serait pas ce qu'il
est.
Un
nouveau battement de coeur, et un nouveau pas de Deimos, la mort se
rapprochant.
Et
aujourd'hui, sa source de paix et de joie a encore été arrachée. Mais cette
fois, plutôt que le désespoir, Seiya décide de croire en l'espoir qu'il la
reverra. L'espoir de sauver ce monde... pour elle. Pour Athéna. Pour Miho. Pour
ses amis, pour Atropos et ses frères qui se sont sacrifiés.
Et
pour tout cela, quel que soit l'aptitude guerrière de Deimos, quels que soient
la vitesse, la puissance et la technique qu'il peut déployer, tout cela n'a
plus d'importance.
"Le
destin n'est pas immuable. Il n'est que ce que tu souhaites qu'il soit."
Se
remémorant les mots d'Atropos, sa volonté se focalise sur une seule chose, le
futur. Un futur où Deimos sera vaincu. Prenant conscience de la puissance de sa
propre volonté, il choisit d'accepter la terreur que lui inspire Deimos, mais
la laisse glisser sur lui. Deimos abat son épée... Et c'est alors que son
Cosmos se réveille, virant de sa teinte habituellement bleutée au doré le plus
pur, guidé par le huitième sens.
La
lame s'abat... Mais ne touche pas Seiya. Elle s'est arrêtée à dix centimètres à
peine de son crâne, bloquée par une force invisible.
(Deimos) -"COMMENT
?!"
Quelle
que soit la pression qu'il applique sur la lame de son épée pour la pousser
vers le bas, elle ne bouge pas d'un centimètre.
(Seiya) -"Désolé,
Deimos... Je ne crois pas que tu puisses me toucher. Non, j'en suis même
convaincu au plus profond de mon âme." réplique-t-il non sans ironie,
fixant son ennemi.
Et
d'une décharge de Cosmos, il le rejette, le forçant à reculer malgré lui de
deux bons mètres. Son adversaire, lui, écarquille les yeux, comprenant ce que
signifient ces mots. Il se tait, observant l'ennemi sous un regard nouveau,
analysant avant d'attaquer à nouveau.
"J'ai
enfin compris, Deimos... Je viens de comprendre la force que chaque humain
possède... Non, je viens de la redécouvrir."
"Tu
avais raison, Deimos. Ces deux ans ont émoussé ma volonté et mon esprit de
combattant. Je n'étais que l'ombre de moi-même. Mais ce combat m'a permis de
totalement me réveiller."
-"Fort
bien, Seiya. Transcende l'humain en toi, et donne-moi donc ce que j'attends, un
véritable combat de Divinités ! Un combat où la puissance, la technique et la
vitesse n'ont plus d'importance ! UN DUEL OU SEULE LA VOLONTÉ PRIME !"
Seiya
concentre son Cosmos, plus encore qu'avant. Deimos l'imite. Chacun va opposer
ses convictions, le futur qu'il souhaite créer, en une confrontation, en un
dernier assaut.
Deimos
voit en Seiya le futur qu'il imagine au delà de ces combats. Un monde en paix,
baigné dans la lumière. Un monde où il peut vivre heureux, ainsi que tous ses
frères et soeurs. Un monde sans combats. Un bref instant, Deimos se sent ému
par ce qu'il voit, et c'est la première fois qu'il le ressent... Mais cette
émotion s'efface vite, tout s'efface devant le Grand Oeuvre qu'Arès veut
accomplir.
"Il n'a
pas encore franchi le seuil... Il est à la limite... Mais il lui faudra le
faire s'il veut vaincre. C'est inévitable." pense le
Dieu, observant son ennemi.
Seiya
voit le futur que Deimos imagine... Ou plutôt il ne voit que les ténèbres. La
lumière engoufrée par les ténèbres, puis cédant place à nouveau...
Il
n'est plus temps pour Seiya de voir l'âme de son adversaire, son Cosmos, il est
temps de combattre.
"ARES
BLADES EXECUTION !" hurle Deimos, mettant tout son cosmos
dans le coup qu'il va porter à Seiya.
"PAR
LA COMETE DE PEGASE !" lance Seiya, libérant une sphère
d'énergie pure, immaculée, dénuée de haine, de tristesse ou de regrets. C'est
l'espoir d'un futur rayonnant qu'il lance contre le coup du Dieu de la Terreur.
Explosion
de lumière. Tout s'efface, espace, temps, autour de ce duel où se joue le
futur, qui prend la tournure d'une Guerre de Mille Jours et Mille Nuits.
Première
d'une longue série.
Et
une nouvelle fois, l'observateur dissimulé dans l'ombre sourit à cette pensée.